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Quand les mots de Trump le rattrapent


Trump à son arrivée en Floride, lundi. (photo AFP)

Donald Trump, inculpé pour avoir conservé des secrets d’État après son départ de la Maison-Blanche, se serait-il piégé lui-même ? L’acte d’accusation cite abondamment l’ex-président et ses déclarations semblent le desservir.

Une fois au pouvoir, « je ferai respecter les lois sur la protection des informations classifiées », déclarait le milliardaire républicain lors de la campagne de 2016, rappelle ce document historique. « Personne ne sera au-dessus de la loi », ajoutait Donald Trump.

Le procureur spécial Jack Smith l’a pris au mot vendredi : « Les lois sont les mêmes pour tous », a-t-il dit, en révélant les 37 chefs d’inculpation retenus par la justice fédérale contre le 45e président des États-Unis.

Donald Trump est accusé d’avoir emporté en janvier 2021 des documents confidentiels susceptibles de mettre en péril la sécurité des États-Unis ; de les avoir conservés sans aucune précaution dans sa luxueuse résidence de Floride; et d’avoir ensuite menti afin de ne pas les rendre.

Depuis l’ouverture de l’enquête, il a usé de plusieurs lignes de défense, assurant notamment que les documents avaient été « automatiquement déclassifiés » à son départ de Washington. Mais un entretien, enregistré en juillet 2021 et cité dans l’acte d’accusation, le décrédibilise sur ce point.

À l’époque, il avait montré à des personnes venues l’interviewer « un plan d’attaque » élaboré à sa demande par le Pentagone et qui, selon les médias américains, visait l’Iran. Soulignant que le document était « hautement confidentiel », il avait dit : « En tant que président, j’aurais pu les déclassifier (…) maintenant je ne le peux plus, mais il s’agit toujours de secrets ».

« Si on ne joue pas le jeu ? » 

L’acte d’accusation mentionne également un échange, datant de mai 2022, entre Donald Trump et deux de ses avocats. L’ex-président vient de recevoir une injonction judiciaire à rendre les dossiers classifiés. « Qu’est-ce qui se passera si on ne répond pas ou si on ne joue pas le jeu ? », demande-t-il à ses conseillers.

« Je ne veux pas que quelqu’un fouille dans mes cartons », ajoute-t-il, selon les notes prises par un de ses interlocuteurs. « Est-ce que ce ne serait pas mieux de leur dire que je n’ai rien ici ? »

Ses avocats ne donnent pas suite et l’un d’entre eux remet, le 2 juin, 38 documents classifiés à des agents fédéraux. Mais des cartons avaient été transportés dans les appartements de son client avant qu’il n’entame ses recherches, et des milliers de pages lui ont échappé.

Cette fois, c’est un échange par messages texte entre un membre de la famille de Donald Trump et son assistant personnel qui atteste de la manœuvre. « J’ai vu que vous avez mis les cartons dans la chambre de POTUS » (NDLR : abréviation de « President of the United States »), écrivait ce proche, cité dans l’acte d’inculpation. « Je pense qu’il voulait chercher à l’intérieur, pas les emporter », répondait l’assistant, Walt Nauta, laissant entendre que la consigne lui avait été donnée par son patron.

La police fédérale récupèrera finalement une trentaine de boîtes en août 2022 lors d’une perquisition spectaculaire à Mar-a-Lago. Donald Trump comparaîtra en Floride mardi pour se voir formellement notifié les charges pesant contre lui. Il devrait rester peu disert lors de cette audience, chaque mot pouvant être retenu contre lui.

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