Média en ligne pour Emmanuel Macron, terrain pour Marine Le Pen, Valérie Pécresse, Yannick Jadot: les candidats profitent vendredi des dernières heures de la campagne officielle du premier tour pour battre le rappel des électeurs, en espérant convaincre indécis et potentiels abstentionnistes.
Après une dernière salve de meetings jeudi soir, la campagne prend fin vendredi à minuit en métropole. Réunions publiques, distributions de tracts et propagande numérique des candidats seront interdits. Aucune interview ni aucun sondage ou estimation de résultat ne pourra être publié avant les résultats dimanche à 20H00.
Jeudi après-midi, 69% des 47,9 millions de plis électoraux avaient été distribués dans les boîtes aux lettres des électeurs, selon le ministère de l’Intérieur.
En Guadeloupe, Guyane, Martinique, à Saint-Barthélemy, Saint-Martin, Saint-Pierre-et-Miquelon et en Polynésie française où le scrutin est avancé à samedi, la campagne a pris fin jeudi à minuit.
« Esprit de conquête »
C’est la fin d’une campagne de premier tour hors norme pour la Ve République : gelée par la crise du Covid-19 et phagocytée par la guerre en Ukraine.
En attisant la flambée des prix de l’énergie et de l’alimentation, le conflit a encore plus souligné l’urgence d’apporter des réponses aux Français sur leur pouvoir d’achat, première de leurs préoccupations.
Dans ce contexte, les intentions de vote mesurées par les sondeurs dessinent un scénario identique à celui de 2017, avec Emmanuel Macron et la candidate RN Marine Le Pen qualifiés pour le second tour, et Macron victorieux au final.
Mais est-ce garanti ? En cas de second tour Macron/Le Pen, le « front républicain » pour barrer la route à la candidate d’extrême droite pourrait se fissurer alors que le quinquennat a vu naître un courant d' »antimacronisme » dans l’opinion publique.
Mme Le Pen, qui a travaillé à lisser son image, même si son projet reste « radical » sur les plans migratoire et institutionnel, grimpe de 2 points en une semaine, à 22%. Tandis que les intentions de vote pour Macron, qui a fait une campagne a minima, refluent d’autant, à 26%, selon le dernier baromètre OpinionWay-Kéa Partners publié jeudi.
Et l’écart se resserre au second tour : Emmanuel Macron l’emporterait face à Marine Le Pen par 53-47%, contre 55-45% il y a une semaine.
Le président candidat a-t-il peur de perdre ? « Je ne raisonne jamais comme ça. Je me considère toujours comme ayant à conquérir (…), que rien n’est jamais acquis en quelque sorte. Le reste, la peur, etc… non », a-t-il assuré sur RTL France vendredi matin.
« J’ai l’esprit de conquête plutôt que l’esprit de défaite », a ajouté Macron, estimant n’être ni « dans l’excès d’assurance », ni « dans la fébrilité ».
Dans un entretien au Parisien, il soutient par ailleurs que les « fondamentaux » de la candidate RN « n’ont pas changé : c’est un programme raciste, qui vise à cliver la société et d’une grande brutalité ». « Marine Le Pen a un programme social mensonger, parce qu’elle ne le finance pas », ajoute-t-il.
En meeting à Perpignan jeudi soir, Mme Le Pen a jugé que « l’alternative est simple : ce sera soit la dilution dans un grand magma mondial via une Union européenne qui en est le prélude, soit l’affirmation de la Nation » comme « espace le plus protecteur pour les nôtres ». Et d’attaquer exclusivement Emmanuel Macron, « boxeur sonné » par les crises.
Troisième dans les intentions de vote à environ 16%, le candidat La France insoumise (LFI) Jean-Luc Mélenchon espère jouer les trouble-fêtes, brandissant la nécessité d’un « vote utile » qui permettrait de hisser la gauche au second tour.
Le niveau d’abstention, qui pourrait atteindre voire dépasser le record de 28,4% en 2002 (22,2% en 2017), sera l’une des clés pour expliquer les résultats du scrutin.
Médias, péage, apéro
Pour être visible jusqu’à la dernière minute dans les médias, Emmanuel Macron sera encore vendredi à 19h sur le média en ligne Brut, prisé des jeunes.
Après une émission matinale également, sur franceinfo, de Perpignan, Marine Le Pen ira quant à elle se recueillir devant le Mur des disparus français d’Algérie.
À droite, Valérie Pécresse, au coude-à-coude autour de 9% avec le candidat d’extrême droite Eric Zemmour, sera à Cairanne (Vaucluse) pour échanger avec des vignerons, tandis que Nicolas Dupont-Aignan (Debout la France, 2%) fait une « opération péage » sur celui de Saint-Arnoult (Yvelines) et se rend au Mont Valérien.
L’écologiste Yannick Jadot (5%) visite quant à lui à Lyon « la plus grande chaufferie biomasse publique de France ».
À gauche toujours, le communiste Fabien Roussel (5%) fait un « Apéroussel de fin de campagne » à Paris, tandis que le candidat NPA Philippe Poutou et la candidate Lutte ouvrière Nathalie Arthaud (1% chacun) font leurs derniers meetings, à Grenoble pour le premier et Rouen pour la seconde.