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« Perseverance » enfin sur Mars, la quête de vie ancienne peut commencer


La toute première image de Mars, envoyée par le robot Perseverance. (photo AFP)

La Nasa a brillamment réussi jeudi à poser sur Mars son rover Perseverance, le cinquième véhicule seulement à avoir réussi le voyage sans encombre, mais le premier à afficher comme objectif de trouver, dans les années à venir, une preuve de vie passée sur la planète rouge.

« Atterrissage confirmé ! », s’est exclamée à l’heure prévue, 20h55 GMT, Swati Mohan, en charge du contrôle des opérations au Jet Propulsion Laboratory, à Pasadena en Californie. La procédure automatique avait en réalité été achevée plus de 11 minutes plus tôt, le temps que les ondes radio ont mis pour atteindre la Terre.

La Nasa a immédiatement communiqué deux photos prises par le rover, en noir et blanc, dont une sur laquelle apparaît l’ombre du véhicule projetée au sol.

Perseverance a parcouru plus de 470 millions de kilomètres en 203 jours. La manœuvre d’atterrissage était périlleuse et le site choisi, le cratère de Jezero, le plus risqué jamais tenté, en raison de son relief.
Après être entré dans l’atmosphère martienne à 20 000 km/h, les frictions avec l’air ont poussé la température du vaisseau jusqu’à 1 300°C. Le rover était protégé par un bouclier thermique, largué après l’ouverture d’un immense parachute supersonique.

Huit rétrofusées ont fini de ralentir le véhicule, le plus complexe et le plus gros (une tonne) jamais envoyé sur Mars, avant qu’il ne déploie ses six roues, suspendu le long de câbles jusqu’au contact avec le sol.

Thomas Zurbuchen, administrateur associé pour la science à la Nasa, a souligné la perfection de l’atterrissage lors de la conférence de presse post-atterrissage : « Chaque fois que nous atterrissons, nous avons deux plans, un que nous voulons réaliser, et un deuxième qui est juste ici », a t-il dit en brandissant plusieurs feuilles de papier, qu’il a déchirées sous les applaudissements: « Voilà ce qu’on fait du plan non prévu ».

La Nasa a promis une vidéo inédite de la vertigineuse descente lundi.

« Sommes-nous seuls dans l’univers ? »

Pour la première fois, la mission « Mars 2020 » de l’agence spatiale américaine a comme but explicite de trouver des traces de vie ancienne sur la planète rouge, en collectant pendant au moins deux ans jusqu’à une trentaine d’échantillons de roche.

Les tubes scellés devront ensuite être rapportés sur Terre par une future mission, dans les années 2030, afin d’être analysés pour enfin répondre à « l’une des questions qui nous habitent depuis des siècles, à savoir : sommes-nous seuls dans l’univers ? », selon Thomas Zurbuchen.  Les chercheurs pensent que le cratère de Jezero abritait, il y a 3,5 milliards d’années, un profond lac d’environ 50 km de large.

Les premiers prélèvements devraient commencer cet été. Ils seront creusés dans différents milieux, notamment le rivage de l’ancien lac, et le delta formé par une rivière qui s’y jetait. Le rover a atterri « environ deux kilomètres au sud-est du delta », a précisé Ken Farley, scientifique du projet. « C’est un superbe endroit. » « Nous sommes sur un bel endroit plat, le véhicule n’est penché que de 1,2 degré », a renchéri l’ingénieur en chef chargé de l’atterrissage, Allen Chen.

Les scientifiques cherchent ce qu’ils appellent des biosignatures, comme des traces de vie microbienne fossilisées.
« Ou bien nous trouvons de la vie, et ce serait une découverte exceptionnelle, ou bien ce n’est pas le cas, (…) et cela suggérera que tous les environnements habitables ne sont pas habités », a prévenu Ken Farley. Et qu’il faudra chercher ailleurs.

En attendant d’y envoyer des humains

Les premiers mois de la mission ne seront toutefois pas consacrés à ce premier objectif. Une fois le bras robotique de plus de deux mètres déployé et toute une série de vérifications faites, la Nasa veut d’abord prouver, dans quelques semaines, qu’il est possible de faire voler un engin motorisé sur une autre planète.  Un hélicoptère, baptisé Ingenuity, devra s’élever dans un air d’une densité équivalente à 1% de l’atmosphère terrestre.

Deux micros devraient par ailleurs déjà avoir enregistré du son martien pour la première fois.

La Nasa tentera aussi de produire de l’oxygène directement sur place, grâce à un instrument de la taille d’une batterie de voiture fonctionnant un peu comme une plante, en aspirant le dioxyde de carbone de l’atmosphère. Cet oxygène pourrait servir à de futurs colons humains pour respirer, mais aussi de carburant.

Un autre rover américain, Curiosity, est toujours en activité ailleurs sur la planète rouge, huit ans après son arrivée. Perseverance, prévu pour deux ans, pourrait lui aussi durer bien plus longtemps. Selon Steve Jurczyk, administrateur intérimaire de la Nasa, « ces robots ont tendance à être vraiment fiables ».

La Chine pourrait prochainement les rejoindre : elle a récemment placé en orbite martienne sa sonde « Tianwen-1 », contenant un robot téléguidé qui devrait tenter d’atterrir vers mai.

Les États-Unis préparent également une éventuelle mission habitée sur Mars, même si les plans sont embryonnaires. « Peut-être que vers le milieu ou la fin des années 2030, nous pourrons commencer à dépasser le système Terre-Lune et déposer des astronautes sur Mars », espère Steve Jurczyk.

LQ/AFP

 

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