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Pakistan: des manifestants bloquent un accès à la capitale


Les manifestants conservateurs bloquent la route entre Islamabad et Rawalpindi depuis une semaine (photo: AFP)

Des centaines de militants d’un groupe religieux pakistanais bloquaient lundi la principale autoroute d’accès à Islamabad, perturbant fortement la circulation pour la 6e journée consécutive, sans que les autorités se décident à intervenir.

Quelque 2.000 manifestants campent sur cet axe stratégique, exigeant la démission du ministre de la Justice suite à une polémique au sujet d’un amendement, finalement abandonné, à la très controversée loi sur le blasphème.
Installés sur un pont routier à la limite entre Islamabad et la ville voisine de Rawalpindi, ils empêchent des dizaines de milliers de Pakistanais de se rendre chaque jour dans la capitale, où beaucoup travaillent. Certains militants, armés de battes, fouillent toute personne s’approchant et bloquent le passage des voitures, jetant des pierres sur celles qui tentent d’approcher.

« Je suis coincé sur cette route depuis une heure et demi à cause de ce bazar », se plaint Adnan Iqbal, employé d’une entreprise pharmaceutique rencontré dans un bouchon. Les manifestants appartiennent à un groupe religieux, le Tehreek-i-Labaik Yah Rasool Allah Pakistan (TLYRAP) et ont lancé leur mouvement suite à un amendement mineur du gouvernement sur la loi réprimant le blasphème.
L’amendement ne visait pas à modifier sur le fond cette loi controversée, qui prévoit dans certains cas la peine de mort, mais comprenait une légère modification d’une formulation, passant de « je crois » à « je jure solennellement ».

Une modification advenue par inadvertance, selon le gouvernement, qui l’a rapidement annulée au moyen d’un nouvel amendement. Mais les fondamentalistes du mouvement y ont vu une tentative d’infléchir la loi sur le blasphème, un sujet ultra-sensible dans le très conservateur Pakistan. « Les exigences des manifestants sont sans fondement. Les autorités devraient recourir à la force et les chasser de la route », estime Fayyaz Hussain, qui a mis plus de deux heures à atteindre son bureau lundi.

Malgré la colère croissante des habitants, « le recours à la force n’est pas une option pour le moment », a déclaré un responsable de la municipalité d’Islamabad, Shoaib Ali, privilégiant les « négociations ».

« Soit le ministre démissionne, soit nous serons tués ou arrêtés. Nous ne quitterons pas cet endroit », a répondu l’un de leurs chefs de file, Pir Muhammad Afzal Qadri. La peine de mort pour blasphème a été introduite au Pakistan en 1986. La loi est critiquée par les défenseurs des droits de l’Homme, qui soulignent qu’elle est souvent détournée pour régler des différends personnels.

Les libéraux accusent également les conservateurs de crier au blasphème pour faire taire leurs détracteurs. De simples accusations ont valu à des dizaines de personnes d’être lynchées.

Le Quotidien/ AFP

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