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Otan : une voie quasi dégagée pour l’entrée de la Suède


Jens Stoltenberg, secrétaire général de l'Otan, veut une entrée de la Suède "le plus tôt possible". Photo : AFP

Accueilli avec soulagement en Suède après des mois d’impasse, le feu vert du président turc Recep Tayyip Erdogan à l’entrée du pays nordique dans l’Otan ouvre la voie à une adhésion rapide, même si un calendrier précis n’a pas encore été fixé.

Quand la Suède va-t-elle pouvoir entrer dans l’Otan ?

Si le feu vert du président Erdogan est décisif, c’est la ratification du Parlement turc qui est indispensable pour permettre l’adhésion suédoise. Lors de l’annonce d’un accord entre la Suède, la Turquie et l’Otan, aucune date précise n’a été avancée. « Le plus tôt possible », a dit le secrétaire général de l’Otan Jens Stoltenberg.

Le programme du Parlement turc s’achève pour l’heure le 18 juillet, selon le calendrier officiel, et ne devrait reprendre sa session qu’en septembre, laissant un point d’interrogation sur la date du vote.

La Hongrie, l’autre pays faisant partie des 31 membres de l’Alliance à devoir encore ratifier l’entrée de la Suède, a elle fait savoir qu’elle ne retarderait pas davantage. Sa ratification « n’est plus qu’une question technique », a déclaré le ministre des Affaires étrangères Peter Szijjarto.

L’exécutif suédois garde toutefois une certaine prudence, dans un dossier où les revirements ont été nombreux. Le Premier ministre suédois Ulf Kristersson a salué un « bon jour » mais s’est gardé de célébrations triomphantes.

Après l’annonce de l’accord à Vilnius « ce n’était pas vraiment l’endroit pour trop faire la fête. Mais on a rassemblé toute l’équipe dans une salle de conférences et pris une bière », a-t-il confié mardi matin à la radio suédoise.

Une fois les ratifications turques et hongroises acquises, la cérémonie d’entrée suédoise pourra suivre immédiatement.

Qu’apporte l’adhésion suédoise à l’Otan ?

En entrant dans l’Otan, la Suède (10,5 millions d’habitants, 528 000 km²) tourne la page de plus de deux siècles hors des alliances militaires, même si sa neutralité avait formellement déjà pris fin dans les années 1990.

Le pays nordique a beaucoup désinvesti militairement après la fin de la Guerre froide. Mais la Suède a inversé la tendance après l’annexion de la Crimée par Moscou en 2014, en rétablissant par exemple le service militaire. Et son armée dispose encore d’équipements de pointe, comme plusieurs dizaines d’avions de combats et trois sous-marins.

Son entrée dans l’Alliance atlantique, avec celle de la Finlande déjà effective depuis début avril, est aussi selon les experts un gage de protection pour les pays baltes (Estonie, Lettonie, Lituanie), qui seront mieux protégés par le renforcement du « flanc » nord-est de l’Otan.

La Suède, qui compte une industrie de la défense dynamique, s’évite aussi le statut d’être le seul pays nordique ou riverain de la mer Baltique à n’être pas membre de l’Otan – en dehors de la Russie.

Que pensent les Suédois de l’adhésion à l’Otan ?

Malgré les turpitudes des derniers mois, le soutien de l’opinion suédoise à l’entrée dans l’Otan, qui s’était envolé après l’invasion de l’Ukraine par la Russie, reste massif. Près des deux tiers des Suédois y sont toujours favorables, selon les derniers sondages.

Mais les tractations géopolitiques sur le processus d’adhésion, y compris avec des interlocuteurs comme Erdogan ou le Premier ministre hongrois Viktor Orban suscitent aussi un sentiment de malaise sur les risques de compromission de la « superpuissance morale » suédoise.

« Cela fait du bien qu’on entre dans l’Otan, que nous y soyons les bienvenus et que nous ayons un front uni face à la Russie », confie Sara Lindblom, une Stockholmoise de 30 ans.

Mais les tractations géopolitiques sur le processus d’adhésion, y compris avec des interlocuteurs comme Erdogan ou le Premier ministre hongrois Viktor Orban suscitent aussi un sentiment de malaise sur les risques de compromission de la « superpuissance morale » suédoise.

« C’est difficile, je ne sais pas si les responsables politiques suédois étaient prêts à faire face à la Turquie de cette manière », commente Jan Hveem, un entrepreneur de 67 ans.

Pour Camilla Hiir-Salakka, une consultante de 52 ans, l’accord noué lundi avec la Turquie, qui prévoit notamment un soutien à la relance de l’adhésion d’Ankara à l’UE, « semble OK, du moins pour les parties connues ».

Le processus a aussi réveillé des tensions internes, avec des militants anti-Erdogan ou anti-Otan multipliant les provocations, comme des autodafés de Coran.

Ceux-ci ont suscité des vagues de protestations dans le monde musulman et des inquiétudes de la police quant à la menace d’attentat.

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