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Nucléaire : le gouvernement britannique valide le projet Hinkley Point


Le projet sur l’équivalent de plus de 21 milliards d’euros pour bâtir deux réacteurs EPR dans le sud-ouest de l’Angleterre. (image EDF / AFP)

Le gouvernement britannique a donné jeudi son accord à la construction de la centrale nucléaire Hinkley Point C, un projet controversé de 18 milliards de livres porté par le français EDF avec le soutien d’une compagnie chinoise.

« Nous avons décidé de la construction de la première centrale nucléaire depuis une génération », a expliqué le ministre aux Entreprises, Greg Clark, dans un communiqué, ajoutant que des mesures additionnelles au projet initial permettraient « d’améliorer la sécurité ».

« Après avoir revu en détail les propositions pour Hinkley Point C, nous allons introduire une nouvelle série de mesures pour améliorer la sécurité et allons nous assurer que Hinkley ne changera pas de mains sans l’accord du gouvernement », a-t-il précisé dans ce communiqué.

La Première ministre Theresa May a appelé le président français François Hollande mercredi pour l’informer de l’accord, selon l’Elysée.

L’ex-Premier ministre conservateur David Cameron avait donné son accord de principe à ce dessein dès le mois d’octobre 2013 et EDF avait pris sa décision finale d’investissement le 28 juillet. Mais Theresa May, qui a succédé à David Cameron en juillet dans la foulée de la victoire du Brexit, avait créé la surprise en se donnant un temps supplémentaire de réflexion.

Ce projet, prévu pour être opérationnel à partir de 2025, est en effet gigantesque, portant sur l’équivalent de plus de 21 milliards d’euros pour bâtir deux réacteurs EPR dans le sud-ouest de l’Angleterre.

Le maître d’oeuvre, la compagnie d’électricité française publique EDF, va financer les deux-tiers du projet et son partenaire chinois, l’entreprise étatique CGN, le tiers restant.

Il s’agira de la première construction de centrale nucléaire au Royaume-Uni depuis vingt ans et ses réacteurs fourniront 7% des besoins britanniques en électricité, à un prix garanti par les autorités publiques.

Ce prix garanti, jugé trop élevé par les détracteurs du projet, nombreux au Royaume-Uni, constituait l’un des motifs de contestation. Certains ont mis en avant l’alternative de l’énergie éolienne, un domaine où le Royaume-Uni est en train d’élever des capacités à un coût de plus en plus réduit.

Attention renforcée pour les investissements futurs

Mais la présence des Chinois fait également froncer des sourcils. Le chef du cabinet de la Première ministre, Nick Timothy, a ainsi, par le passé, jugé « incompréhensible » que le Royaume-Uni accepte des investissements chinois dans son réseau d’électricité, évoquant des risques en matière de sûreté industrielle.

Au-delà de Hinkley Point, un accord politique conclu au moment de la visite au Royaume-Uni du président chinois Xi Jinping, en octobre dernier, prévoit que EDF pourrait construire une centrale nucléaire supplémentaire avec aussi deux réacteurs EPR le site de Sizewell, dans le Suffolk, dans l’est de l’Angleterre. EDF serait majoritaire, avec de nouveau à ses côtés son partenaire chinois.

Au-delà, cet accord prévoyait que les Chinois pourraient bâtir un réacteur avec leur propre technologie de type Hualong à Bradwell, dans l’Essex, près de la côte est, un projet souhaité ardemment par Pékin afin de constituer une vitrine de ses capacités dans ce domaine civil dans les pays occidentaux.

Le communiqué de Londres souligne à ce sujet que le gouvernement va créer un « nouveau cadre légal pour les investissements futurs dans les infrastructures stratégiques du Royaume-Uni ».

« Cela signifie qu’après Hinkley, le gouvernement britannique sera particulièrement attentif à tous les projets nucléaires futurs », a-t-il ajouté.

En 2015, l’électricité générée au Royaume-Uni a été produite à environ 30% par des centrales au gaz, à 30% par des centrales à charbon, à 19% par des réacteurs nucléaires et 19% par les énergies renouvelables (éoliennes, hydroélectricité, énergie solaire, biomasse, etc.).

Mais des huit centrales nucléaires en fonctionnement, une seule marchera encore après 2030 et les centrales au charbon les plus polluantes sont aussi vouées à la fermeture.

Les autorités doivent donc trouver de nouvelles sources d’électricité, tout en respectant leur objectif très ambitieux de réduire de 57% les émissions de dioxyde de carbone d’ici à 2030 par rapport à leur niveau de 1990, dans la foulée de l’accord international conclu en décembre à la COP21 à Paris.

Le Quotidien / AFP

Le feu vert britannique « crédibilise » la filière nucléaire française

L’approbation donnée par le gouvernement britannique à la construction de la centrale nucléaire controversée Hinkley Point C, en Angleterre, « crédibilise » la filière nucléaire française en pleine refonte, a déclaré le secrétaire d’Etat français à l’Industrie, Christophe Sirugue.

« On est très satisfait. Bien sûr, cela affirme l’excellence française dans le domaine de la filière nucléaire. C’est quand même la première commande en Europe depuis Fukushima (…). Cela valide l’engagement du gouvernement français de refondation de la filière nucléaire et puis cela crédibilise à la fois notre savoir-faire et (…) nos excellentes relations avec les Britanniques. Et, au bout du compte, c’est 4.500 emplois » en France, a souligné M. Sirugue.

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