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Le besoin d’un nouveau départ

Asselborn est-il allé trop loin?» Cette question figurait à la une de notre édition d’hier, après la sortie très remarquée d’un ministre des Affaires étrangères, finalement très peu diplomate, qui revendiquait l’exclusion de la Hongrie de l’UE. Au vu du tollé provoqué par sa sortie médiatique, on serait tenté de répondre par l’affirmative. Or cela serait trop facile, car les raisons qui ont amené Jean Asselborn à sortir de ses gonds sont multiples.

À commencer par le comportement intenable du gouvernement de Viktor Orban. Pour la Hongrie actuelle, les demandeurs d’asile sont en effet des ennemis. La solidarité pour ce pays de l’Est est à sens unique. Tout cela est insupportable et Jean Asselborn a, en fin de compte, dit haut et fort ce que de nombreux dirigeants européens pensent tout bas.

«Parfois la politique étrangère doit aussi se faire avec le ventre», estime Jean Asselborn, qui, tout au long de sa longue carrière diplomatique qui dure depuis plus de douze ans, a souvent été loué pour son engagement et ses nombreux efforts. «Mon devoir est d’éviter que l’UE vole en éclats», ajoute le ministre socialiste. Tout cela est à son honneur. Il a d’ailleurs l’habitude de sermonner les chefs d’État et de gouvernement, qui à ses yeux laissent trop traîner les choses pour offrir un nouveau souffle au projet européen, menacé par une vague populiste inédite.

Mettre uniquement en avant le sauvetage des valeurs européennes pour justifier l’exclusion d’un pays membre manque cependant de cohérence. Car ces mêmes principes sont volontiers mis de côté par de nombreux pays européens, y compris le Luxembourg, lorsqu’il s’agit de faire du business. Il en a été de même avec la politique d’austérité qui a prioritairement touché les simples citoyens, alors qu’ils n’ont pas provoqué la crise, déclenchée par des banques trop gourmandes.

Plus que jamais, l’Europe a donc besoin d’un nouveau départ. Un premier pas doit être fait demain à Bratislava. Il reste à espérer que les mots de Jean Asselborn vont résonner pour faire avancer le débat. S’en servir comme excuse pour justifier une nouvelle fois l’énorme fossé qui existe dans l’UE serait intolérable.

David Marques

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