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Nemtsov : un suspect en aveux


Un Russe d’origine tchétchène a reconnu hier avoir participé au meurtre de l’opposant Boris Nemtsov. Quatre autres suspects ont été interpellés.

Ansor Gubashev

Zaour Dadaïev, escorté par les policiers, avant de comparaître devant les juges à Moscou. (Photo : AFP)

Zaour Dadaïev, qui était le chef adjoint d’un bataillon de police tchétchène selon les agences de presse russes, a été arrêté samedi en Ingouchie, république voisine de la Tchétchénie, dans l’instable Caucase russe. Hier, il a été présenté à un tribunal moscovite. La participation de (Zaour) Dadaïev au meurtre a été confirmée par ses aveux», a annoncé la juge Natalia Mouchnikova lorsqu’il a été présenté au tribunal comme l’exige la loi russe après une garde à vue.

Arrêté lui aussi samedi en Ingouchie, Anzor Goubachev, employé tchétchène d’une société privée de sécurité à Moscou, a été comme Zaour Dadaïev inculpé du meurtre de Boris Nemtsov, 55 ans, abattu de quatre balles dans le dos au pied du Kremlin le 27 février. Mais Anzor Goubachev s’est quant à lui déclaré non coupable, tout comme les trois autres suspects, tous d’origine tchétchène, présentés hier au tribunal.

Bonnet gris rabattu jusqu’au menton, feuilles de papier blanc plaquées contre leur visage et têtes enfouies entre leurs mains pour échapper aux flashs des photographes, ces trois suspects, arrêtés samedi et hier en Ingouchie, ont multiplié les déclarations pour convaincre le tribunal de leur innocence. Chaguid Goubachev, le jeune frère d’Anzor Goubachev, a assuré « n’avoir commis aucun crime » tandis que Ramzat Bakhaïev a fait remarquer qu’il se trouvait chez lui lorsque la police l’a arrêté. « Si j’avais participé (au meurtre), j’aurais cherché à m’enfuir », a-t-il assuré.

Le dernier suspect, Tamerlan Eskerkhanov, a fait valoir qu’il s’était rendu chaque jour à son travail comme d’habitude, signe selon lui qu’il n’a pas participé à l’assassinat de Boris Nemtsov. « Les suspects ont nié leur implication dans ce crime mais les enquêteurs ont les preuves de leur participation », a indiqué un représentant du tribunal cité par les agences de presse. Ces preuves doivent maintenant être présentées par les enquêteurs d’ici dix jours. Sur décision du tribunal, ils ont été placés en détention pour deux mois, jusqu’au 28 avril.

> Suicide à la grenade d’un autre suspect

Une source policière, citée par l’agence de presse Interfax, a indiqué qu’un sixième suspect s’était suicidé avec une grenade lorsque son domicile avait été encerclé par les forces de l’ordre à Grozny, capitale de la Tchétchénie. Ces arrestations interviennent un peu plus d’une semaine après l’assassinat de l’opposant et ancien vice-Premier ministre Boris Nemtsov, un meurtre qui avait soulevé l’indignation à travers le monde et choqué l’opposition russe. Le président Vladimir Poutine, qui avait immédiatement qualifié ce crime de « provocation » puis de « honte » pour la Russie, avait assuré que tout serait fait pour que « les organisateurs et exécutants de ce crime lâche et cynique reçoivent le châtiment qu’ils méritent ».

Si l’enquête a mené à l’arrestation de cinq suspects, les motifs du meurtre n’ont pas encore été établis par les enquêteurs, du moins publiquement. Ces derniers avaient affirmé en début de semaine n’écarter aucune piste, envisageant tout aussi bien celle des islamistes pour le soutien de Boris Nemtsov à l’hebdomadaire satirique français Charlie Hebdo victime d’une attaque jihadiste en janvier, que celle de nationalistes russes mécontents de sa critique du rôle de la Russie dans la crise ukrainienne. La fille de l’opposant assassiné, Janna Nemtsova, a affirmé que le meurtre de son père était « politique », dans une interview accordée en Allemagne à la chaîne de télévision américaine CNN. « Je pense que maintenant, la Russie a franchi la ligne et que les gens auront peur d’exprimer des idées qui contredisent (…) le point de vue officiel », a-t-elle déclaré.

L’opposition russe, qui a perdu avec la mort de Boris Nemtsov un des principaux hérauts de la lutte contre le Kremlin et contre la corruption, l’attribue au «climat de haine» instillé par les autorités russes dans la société et les médias officiels, où il n’est pas rare que les opposants soient qualifiés de « traître à la patrie ». Depuis plusieurs années, Boris Nemtsov était en effet la cible d’attaques de la presse et des chaînes de télévision d’État. Il se plaignait également d’être suivi et d’avoir été mis sur écoute.

AFP


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