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Migrants morts dans un camion frigorifique : 26 arrestations


L'affaire du camion charnier découvert le 23 octobre dernier à l'est de Londres avait eu un retentissement mondial. (Photo : AFP)

L’enquête sur la mort de 39 migrants vietnamiens dans un camion frigorifique il y a sept mois en Angleterre a connu un coup d’accélérateur avec l’arrestation de 26 personnes en France et en Belgique, lors d’une opération de police internationale.

Treize personnes ont été arrêtées mardi en Belgique et treize autres le même jour en France, ont annoncé mercredi le parquet fédéral belge et le parquet de Paris dans des communiqués. Il s’agit du premier développement majeur dans ces deux pays dont les justices enquêtent sur ce drame conjointement avec celles d’Irlande et du Royaume-Uni.

Le conteneur dans lequel les 39 corps avaient été découverts le 23 octobre à Grays, à l’est de Londres, provenait du port belge de Zeebruges, et certaines victimes avaient séjourné en Belgique avant leur départ, a rappelé le parquet belge. Une source proche du dossier en France a par ailleurs indiqué que les victimes – 31 hommes et huit femmes, tous Vietnamiens – avaient embarqué dans le conteneur dans le nord de la France avant le transit par Zeebruges.

L’enquête, coordonnée par l’organisme de coopération judiciaire Eurojust, a donné lieu à 16 perquisitions mardi en Belgique, essentiellement à Bruxelles, et treize personnes au total ont été arrêtées : onze Vietnamiens et deux Marocains, a-t-on précisé du côté belge. Cinq migrants considérés comme des victimes ont aussi été découverts à cette occasion, a précisé Eurojust.

Des dizaines de migrants transportés illégalement chaque jour

Il y a eu 13 autres interpellations en France, en région parisienne, a indiqué le parquet de Paris. Les personnes gardées à vue, majoritairement de nationalités française et vietnamienne, sont là aussi soupçonnées de participation à un vaste trafic d’êtres humains au sein du triangle Paris-Bruxelles-Londres.

« La filière mise en place par les trafiquants est soupçonnée d’avoir vraisemblablement transporté jusqu’à plusieurs dizaines de personnes chaque jour depuis plusieurs mois », a souligné le parquet fédéral belge. « L’organisation se concentrait sur le transport de réfugiés venant d’Asie, du Vietnam en particulier », est-il ajouté, et elle est « suspectée » d’avoir permis le transport des 39 migrants découverts morts le 23 octobre par la police britannique dans une zone industrielle à Grays.

Ce drame, au retentissement international, a mis en lumière les dangers de l’immigration clandestine, avec des trafiquants sans scrupules profitant de la vulnérabilité de candidats promis à des petits boulots parfois dans un état de semi-esclavage à leur lieu de destination. Le mois dernier, une arrestation avait déjà eu lieu en Irlande : celle du présumé organisateur de la rotation des chauffeurs participant au trafic. Par ailleurs, dans l’enquête britannique, cinq personnes ont déjà été inculpées dont Maurice Robinson, 25 ans, le chauffeur du camion intercepté à Grays. Début avril, ce dernier avait plaidé coupable d’homicides involontaires devant un tribunal londonien.

«Trafic d’êtres humains avec circonstances aggravantes»

En Belgique, cinq des treize suspects interpellés avaient déjà été présentés à un juge d’instruction de Bruges (nord) mercredi à la mi-journée. Ils ont été inculpés de « trafic d’êtres humains avec circonstances aggravantes, appartenance à une organisation criminelle et faux et usages de faux » avant d’être écroués, a encore précisé le parquet fédéral. Du fait de sa situation géographique, la Belgique est souvent utilisée comme base arrière par les trafiquants cherchant à monnayer le passage de clandestins vers la Grande-Bretagne, considérée comme un eldorado notamment pour la flexibilité de son marché du travail.

Chaque candidat au passage réglait à cette filière vietnamienne entre 15 et 20.000 euros, selon la source proche du dossier. Cette source a relevé que le réseau était resté actif même après l’épisode du camion charnier et pendant la période du confinement lié à la pandémie de coronavirus. Les suspects interpellés en Belgique encourent des peines allant d’un an à 15 ans d’emprisonnement et « une amende de 1 000 à 150 000 euros par victime identifiée », selon le parquet belge.

LQ/AFP

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