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L’UE tolère le glyphosate jusqu’à fin 2023


La commissaire Kyriakides se dit «profondément préoccupée par le retard pris dans l’évaluation du glyphosate».(Photo : afp)

Alors que l’autorisation devait venir à échéance en décembre dernier, cet herbicide peut toujours être utilisé en Europe. Une expertise retardée explique la prolongation provisoire de l’approbation.

La fin du glyphosate dans l’Union européenne semblait avoir sonné à l’automne dernier. En octobre et novembre, aucune majorité qualifiée parmi les États membres n’avait pu être dégagée pour valider la proposition de la Commission européenne de prolonger d’un an l’autorisation de mise sur le marché de cet herbicide. En 2017, un sursis de cinq ans lui avait été accordé. Le retard pris par une réévaluation par deux agences européennes de la substance active de cet herbicide a amené l’exécutif européen à passer en force pour obtenir la prolongation de l’approbation provisoire.

Le débat n’a pas changé en ce qui concerne le fond. Les effets du glyphosate sur la santé et l’environnement demeurent très controversés. L’Agence européenne des produits chimiques (ECHA) et l’Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA) ont annoncé le 10 mai dernier que leur évaluation des risques, attendue lors du deuxième semestre 2022, ne pourrait pas être achevée avant juillet 2023. «Cette révision du calendrier fait suite aux consultations parallèles menées par l’EFSA et l’ECHA qui ont attiré un nombre de commentaires sans précédent, confirmant le niveau d’intérêt élevé du public pour cette question», avaient fait savoir les deux agences. 

«Je suis profondément préoccupée par le retard de l’évaluation du glyphosate, tout en prenant note du grand intérêt suscité par le processus d’évaluation», avait alors commenté la commissaire européenne à la Santé, Stella Kyriakides. «Il est extrêmement important que toutes les nouvelles preuves soient soigneusement examinées et prises en compte», ajoutait la commissaire, rappelant également que «les pesticides dont l’innocuité n’a pas été démontrée sont interdits» dans l’UE.

La conclusion émise par l’ECHA avait fait encore plus de bruit que le retard pris par la réévaluation. En se basant sur les «preuves scientifiques disponibles», l’agence avait affirmé «que la classification du glyphosate en tant que substance cancérogène, mutagène ou reprotoxique n’est pas justifiée».

Une décision avant la 15 décembre?

Interrogé à l’époque par Gusty Graas (DP), le ministre luxembourgeois de l’Agriculture, Claude Haagen (LSAP), avait souligné : «Il ne revient pas au gouvernement (…) de remettre en cause l’expertise, voire l’indépendance des agences réglementaires d’un autre État membre.» L’expertise précitée se base, en effet, sur un projet de rapport rédigé par la France, la Hongrie, les Pays-Bas et la Suède, choisis pour former le Groupe d’évaluation du glyphosate.

Le Centre international de recherche sur le cancer de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) avait, lui, classé, dès mars 2015, le glyphosate comme étant «cancérogène probable» pour les humains. Le producteur Monsanto, racheté en 2018 par le géant allemand de la chimie Bayer, continue de «nier avec force» que son produit ait un quelconque «effet cancérigène».

Malgré le retard annoncé par l’EFSA et l’ECHA, la Commission européenne peut, en principe, annuler l’autorisation accordée au glyphosate avant la nouvelle date butoir du 15 décembre 2023. «Une telle décision pourrait être prise à tout moment si l’EFSA identifie des éléments de preuve dans les mois à venir démontrant que le glyphosate ne remplit plus les critères d’approbation fixés par la législation de l’UE en matière de pesticides», précise la Commission sur son site internet.

Lire aussi l’édito de Laurent Duraisin

Champ de bataille

Un commentaire

  1. En fait, selon que les « experts » seront payés par Bayer ou les affidés de Soros & co, le résultat des « études » penchera dans un sens ou l’autre.

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