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L’île de Lesbos submergée par plus de 20 000 migrants


Des milliers de migrants ont gagné l'île de Lesbos, porte d'entrée vers l'Europe. (photo AFP)

Désormais qualifié d' »exode » par les responsables européens, le flux des migrants cherchant à tout prix à rentrer dans l’Union européenne submergeait mardi la petite île grecque de Lesbos, où se pressaient mardi 20 000 candidats à l’exil.

L’Allemagne reste la destination rêvée de la plupart d’entre eux, un choix qui devrait encore être conforté par les déclarations du vice-chancelier et ministre de l’Economie Sigmar Gabriel, selon qui son pays est en mesure d’accueillir un demi-million de réfugiés par an à moyen terme. Le président du Conseil européen Donald Tusk a prédit que cet « exode » vers l’Europe risquait de durer « des années ».

Mardi, 30 000 migrants se trouvaient sur les îles grecques, selon le Haut commissariat pour les réfugiés de l’ONU (HCR). Considérée comme une des portes d’entrée de cette Terre promise européenne, l’île de Lesbos en accueillait 20 000 à elle seule, soit le quart de sa population normale, et celle de Kos 4 500.

Lesbos se trouve « au bord de l’explosion », a mis en garde le ministre grec de la Politique migratoire, Iannis Mouzalas. Lundi soir, les policiers ont dû s’y munir de boucliers en plastique et de matraques pour procéder à l’embarquement d’un ferry spécialement affrété par les autorités pour transporter les migrants vers la Grèce continentale les migrants arrivés de Turquie. Coups distribués, enfants en pleurs, foules exténuées: le ferry a dû rapidement fermer ses portes pour éviter une émeute.

« Pas vu le premier euro »

Mardi, le maire de Lesbos Spyros Galinos était un peu plus confiant : « la situation est en voie d’amélioration, un nouveau lieu d’enregistrement d’urgence est en service », a-t-il expliqué. Christiana Kallogirou, gouverneur de la région nord-Egée, a cependant appelé l’UE à hâter le versement de l’aide promise à la Grèce, Lesbos n’en ayant selon elle « pas vu le premier euro » pour l’instant. Mardi, quatre ferries étaient prévus pour évacuer les migrants de Lesbos vers le continent.

A la frontière nord de la Grèce, qui permet aux migrants de passer vers la Macédoine sur la route de l’Allemagne, la situation était calme mardi matin, après de vives tensions la veille. Selon le HCR, 7 000 personnes sont passées en Macédoine lundi.

Mardi, de petits groupes de quelques dizaines de personnes passaient sans heurts. La police grecque semble avoir pris le parti d’identifier une personne par groupe parlant anglais, qui rassemble les papiers de tous ses camarades, et se voit affecter un numéro. Quand ce numéro est appelé, c’est tout le groupe qui passe.

« Une chance »

L’Allemagne, qui s’attend à 800 000 demandes d’asile cette année, a vu arriver environ 6 000 personnes depuis lundi, outre les 20 000 du week-end.

Le ministre allemand des Finances Wolfgang Schäuble a estimé lors d’un discours au Bundestag que l’afflux de migrants est « un test existentiel pour l’Allemagne et pour l’Europe, le plus gros défi depuis longtemps », mais aussi « une chance ». « Je pense que nous pouvons certainement gérer un chiffre de l’ordre du demi-million (de réfugiés par an) pendant plusieurs années (…) peut-être même plus », a dit de son côté le social-démocate Sigmar Gabriel.

Au Royaume-Uni, un débat d’urgence devait se tenir mardi à la chambre des Communes, à la demande de l’opposition qui estime que le pays pourrait faire mieux que l’accueil de 20 000 Syriens d’ici 2020 proposé lundi.

La France a accepté de son côté d’accueillir 24 000 réfugiés dans les deux prochaines années. Federica Mogherini, qui dirige la diplomatie européenne, a salué la décision de Paris et appelé tous les membres de l’UE à agir « avec le même courage ».

Outre Atlantique, le Venezuela, le Brésil, le Québec – qui n’a pas attendu l’avis du gouvernement fédéral canadien – se sont déjà déclarés prêts à recevoir des migrants.

AFP / S.A.

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