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Les incessants efforts de Strasbourg pour rester capitale européenne


Elisabeth Borne est accueillie par la présidente du Parlement européen Roberta Metsola, juste avant l'inauguration du bâtiment Simone-Veil au Parlement européen à Strasbourg, ce mardi. (photo AFP)

Un bâtiment de bureaux cédé à prix bradé au Parlement européen (PE), des négociations ardues pour être sur le tracé du futur TGV Paris-Berlin… Pour maintenir son statut de capitale européenne, Strasbourg déploie tous ses efforts.

Mardi, la Première ministre française, Elisabeth Borne, inaugure le bâtiment Osmose, rebaptisé Simone-Veil, 15 000 m² de bureaux qui seront loués à un tarif très attractif au parlement, à la faveur d’un partenariat entre l’État et les collectivités locales. Une façon de conforter la place de Strasbourg comme siège de l’assemblée des 27.

Ville frontalière de l’Allemagne et symbole de la réconciliation d’après-guerre, Strasbourg est le siège de plusieurs institutions comme le Conseil de l’Europe, la Cour européenne des droits de l’Homme ainsi que le Parlement européen, ce qui est inscrit dans les traités.

Mais depuis des années, des débats déchirent partisans d’un siège unique du Parlement à Bruxelles et défenseurs de Strasbourg. Car les allers-retours mensuels des 705 eurodéputés et de leurs équipes pour quatre jours de session à Strasbourg font grincer des dents. Les anti-Strasbourg pointent le coût et la pollution de cette transhumance.

Pour l’eurodéputé vert David Cormand, même si « la plupart des délégations des autres pays n’ont pas un enthousiasme fou par rapport à Strasbourg et aimeraient que tout se passe à Bruxelles », placer le siège du parlement dans la capitale alsacienne était un « choix politique, historique, symbolique ». Strasbourg est le « baume » sur la « cicatrice » franco-allemande, selon lui.

Le feuilleton Osmose 

Le feuilleton autour du bâtiment Osmose est révélateur.

Le Parlement européen et le gouvernement français s’étaient accordés pour que l’institution en fasse l’acquisition, mais le projet n’a pas abouti, laissant l’immeuble vide depuis son achèvement en 2021. Elisabeth Borne a alors proposé que les autorités françaises achètent elles-mêmes le bâtiment et le louent au PE à un prix très incitatif d’environ 700 000 euros par an.

Banco ! Le Parlement a approuvé en juillet cette location qui a fait lever les yeux au ciel de certains eurodéputés, comme le Letton Nils Usakovs, du groupe S&D : « La vérité c’est que nous n’avons pas besoin de ce bâtiment à Strasbourg. Il n’est pas adapté aux besoins. »

La maire écologiste de Strasbourg, Jeanne Barseghian, se félicite en revanche du dénouement du dossier. « C’est très important que ça soit conclu avant les élections européennes » de juin, souligne-t-elle.

Autre cheval de bataille de l’élue : améliorer l’accessibilité de Strasbourg depuis Luxembourg, où se trouvent des structures administratives du Parlement, mais surtout depuis l’aéroport de Francfort d’où arrivent grand nombre d’eurodéputés : « On est encore obligés d’aller les chercher en voiture… »

Quant à l’aéroport de Strasbourg, Jeanne Barseghian plaide pour un allégement de taxes afin qu’il soit plus compétitif. Mais « ça bloque à Paris », regrette l’élue, qui assume de défendre une offre aérienne.

Depuis Bruxelles, il existe déjà un train direct spécialement affrété pour chaque session parlementaire qui emmène en trois heures les eurodéputés à Strasbourg.

Sections internationales

Pour le tracé du TGV Paris-Berlin, les élus locaux ont également dû batailler: la Deutsche Bahn, l’exploitant public allemand, privilégiait un tracé plus au nord, par Sarrebruck et Francfort. Mais grâce à un lobbying intensif et à l’appui de ses proches voisins allemands, Strasbourg l’a emporté : le train passera « progressivement » par Strasbourg, a promis en septembre le ministre français des Transports, Clément Beaune.

Renforcer l’attractivité de Strasbourg figurait parmi les enjeux du contrat triennal 2021/2023, entre l’État et les collectivités (189 millions d’euros d’engagement financier). Pour ce faire, la ville tente d’attirer une population internationale, ce qui passe aussi par l’école.

« Il nous faut diversifier notre offre scolaire autour des sections internationales, notamment en anglais, et également renforcer les classes bilingues allemand », reconnaît Jeanne Barseghian.

En septembre 2021 a ainsi ouvert un lycée franco-allemand, le deuxième seulement de ce type en France.

L’École européenne de Strasbourg, un établissement public où sont scolarisés les enfants du personnel des institutions européennes, va quant à elle s’agrandir pour passer de 1 100 à 1 700 élèves. Des travaux estimés à 40 millions d’euros.

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