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Les conservateurs allemands relancés pour la succession de Merkel


Impopulaire, contesté jusque dans ses propres rangs, Armin Laschet avait besoin de cette réussite pour rassembler ses troupes. (photo AFP)

Largement victorieux dimanche lors d’un scrutin régional test, les conservateurs allemands se relancent et confortent leurs chances dans la bataille pour la succession d’Angela Merkel en septembre face aux Verts, leur principal rival en perte de vitesse.

En quête impérieuse d’un succès pour assoir sa légitimité, Armin Laschet, le chef de l’Union chrétienne-démocrate (CDU), peut se sentir soulagé. Il « n’est pas encore assuré d’accéder à la chancellerie », concède le quotidien Süddeutsche Zeitung dans un éditorial. Mais après la victoire aux élections de Saxe-Anhalt, petite région d’ex-RDA, « il s’en est nettement rapproché », juge-t-il.

Les élections législatives du 26 septembre marqueront la fin du règne d’Angela Merkel en Allemagne, qui se retirera après 16 ans aux commandes de la première économie européenne.

Alors que les sondages prédisaient une lutte à couteaux tirés avec l’extrême droite en Saxe-Anhalt, le plus grand parti allemand a clairement remporté le scrutin avec 36,6% des suffrages, selon les derniers résultats encore provisoires.
Porté par le populaire chef du gouvernement régional Reiner Haseloff, il améliore même son score de plus de 6 points, tandis que le parti anti-migrant Alternative pour l’Allemagne (AfD) recule légèrement avec 21% des voix.

Un tournant ?

Le « triomphe » de Haseloff lors de ce dernier scrutin, trois mois et demi avant les élections générales, est considéré comme un heureux présage par les conservateurs. Il pourrait même représenter « un tournant » dans la campagne électorale, a jugé un député de la CDU Carsten Linnemann, estimant que la droite avait démontré « son unité et son envie de gagner ».

Impopulaire, contesté jusque dans ses propres rangs, Armin Laschet, aspirant à la succession de Merkel, avait besoin de cette réussite pour rassembler ses troupes et consolider la position des conservateurs qui, après avoir chuté derrière les écologistes dans les intentions de vote au niveau national, ont repris la tête dans les sondages.

La CDU a traversé une grave crise de confiance, liée à la gestion gouvernementale de la troisième vague de l’épidémie de coronavirus, ratée selon certains, et aux scandales de corruption de ses députés lors de contrats d’achats de masques de protection. La formation, qui avait subi deux cuisants revers en mars lors d’élections régionales, a aussi souffert d’une lutte interne acharnée : la candidature de Laschet était contestée par le chef du parti bavarois CSU Markus Söder, jugé par beaucoup plus apte à mener la campagne nationale.

« Message » pour les Verts

Même si la situation en Saxe-Anhalt, l’un des Land les plus pauvres d’Allemagne, n’est pas transposable au niveau national, Reiner Haseloff partage de nombreux points communs avec Armin Laschet, note Die Zeit sur son site en ligne. « Il est un homme du centre, un homme de compromis. Certainement pas doté d’un grand charisme non plus, mais quelqu’un qui garde son calme dans les moments difficiles », estime l’hebdomadaire.

La victoire de la droite intervient aussi à un moment où les Verts, qui avaient connu un engouement lors de la nomination de l’énergique Annalena Baerbock, 40 ans, comme candidate à la chancellerie, traversent une mauvaise passe. Une affaire de primes non déclarées, un plaidoyer pour les ventes d’armes à l’Ukraine et une demande d’augmenter plus rapidement les prix de l’essence ont refroidi l’enthousiasme des Allemands.

Le parti, qui est certes traditionnellement faible dans les régions de l’ex-RDA, n’a décroché que 6% des suffrages en Saxe-Anhalt, en progrès mais bien moins que prédit par les sondages. Il pourrait ainsi ne plus faire parti du gouvernement, Haseloff disposant d’autres options avec les sociaux-démocrates et les libéraux du FDP, qui font leur retour au parlement.

« Nous avions espéré plus de ces élections régionales », a reconnu Annalena Baerbock, jugeant, comme le SPD, avoir fait les frais de la polarisation du vote entre conservateurs et extrême droite. Il n’empêche, le résultat doit servir de signal aux écologistes, estime le Süddeutsche Zeitung, « comme un message (…) annonçant que les semaines à venir seront dures ».

LQ/AFP

 

 

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