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Les bombardements s’intensifient dans le conflit du Karabakh


Depuis vendredi Stepanakert, principale ville du Karabakh, a été la cible de frappes d'artillerie, forçant la population à se terrer. (Photo : AFP)

Forces séparatistes arméniennes du Nagorny Karabakh et armée azerbaïdjanaise ont intensifié dimanche leurs bombardements, visant notamment la capitale indépendantiste et la deuxième ville d’Azerbaïdjan, au huitième jour de combats meurtriers.

Les deux camps ont aussi multiplié les déclarations belliqueuses, faisant fi des appels à la trêve de l’essentiel de la communauté internationale.

Depuis vendredi Stepanakert, principale ville du Karabakh, a été la cible de frappes d’artillerie, forçant la population à se terrer. L’électricité y est revenue dans l’après-midi de dimanche, après une coupure depuis la nuit. Les tirs de roquettes ont repris avec une intensité nouvelle dimanche matin, ont constaté les journalistes de l’AFP. Le centre et la périphérie ont été touchés, et au nord-est de la fumée noire s’élevait dans le ciel.

À chaque sirène, les habitants se réfugient dans les abris existants, comme la crypte d’une église où plusieurs familles se sont cachées. « Je suis aumônier militaire, je viens de rentrer du front. Ca m’inquiète qu’ils tirent sur les civils », commente Gor Iourjan, un diacre de 28 ans, abrité dans le lieu de culte.

Le président de la république auto-proclamée, Araiyk Haroutiounian a annoncé qu’en représailles aux frappes sur Stepanakert, des infrastructures militaires installées dans les « grandes villes » d’Azerbaïdjan, situées à plus grande distance du front, ont été visées.

Revendications, accusations, démentis

Ses services ont ensuite annoncé avoir « détruit » l’aéroport de la seconde ville azerbaïdjanaise, Gandja, ce que Bakou a démenti, affirmant que des civils ont été touchés.

D’autres villes azerbaïdjanaises ont été frappées, selon Bakou : Horadiz, Beylagan et Terter.

Azerbaïdjanais et Arméniens, qui démentent systématiquement les succès militaires de l’adversaire, s’accusent aussi mutuellement de viser des cibles civiles.  « C’est leur stratégie militaire », a accusé ainsi un conseiller de la présidence azerbaïdjanaise, Hikmet Hajiyev. Une habitante de Beylagan a raconté que sa maison avait été en partie détruite la veille.

« J’étais en train de cuire le pain quand j’ai entendu des explosions, j’ouvre la porte et je vois des bombes tomber dans la cour », explique cette femme, montrant son toit en partie effondré.

Sur le front, comme les jours précédents, les deux camps revendiquaient divers succès sur le champ de bataille.  Dimanche, l’Azerbaïdjan a affirmé avoir grièvement blessé le président de la république auto-proclamée, ce que son service de presse a démenti.

Samedi soir, le Karabakh a assuré avoir « amélioré ses positions, préparant le terrain pour des avancées », tandis que Bakou proclamait avoir conquis depuis le début des combats le 27 septembre, quatorze villages et un massif montagneux qualifié de stratégique, le Mourovdag. Le président azerbaïdjanais, Ilham Aliev, avait réaffirmé samedi que seul un retrait des forces arméniennes des « territoires occupés » pouvait mettre fin au conflit datant des années 1990.

Prière et cierges

Le Premier ministre arménien, Nikol Pachinian, estimait lui que l’Arménie faisait face « au moment peut-être le plus décisif de son histoire » contemporaine, appelant à la mobilisation pour « la victoire ».

À Erevan, la capitale, de nombreux habitants sont venus allumer des cierges à l’église Saint Sarkis et prier pour la paix.  « Je suis venue demander la paix à Dieu, pour notre pays et nos soldats », dit Aytsemik Melikian, une Erevanaise masquée du fait de la pandémie de Covid-19.

Le Nagorny Karabakh, majoritairement peuplé d’Arméniens, a fait sécession de l’Azerbaïdjan à la chute de l’URSS, entraînant une guerre au début des années 1990 qui a fait 30.000 morts. Le front y est quasiment gelé depuis malgré des heurts réguliers. Les deux camps s’accusent de la reprise des hostilités, une crise parmi les plus graves, sinon la plus grave, depuis le cessez-le-feu de 1994, qui laisse craindre une guerre ouverte entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan.

Concernant le bilan, toujours très partiel Bakou ne communiquant pas ses pertes militaires, 246 morts ont été recensés: 209 combattants séparatistes, 14 civils du Karabakh et 23 civils azerbaïdjanais. Mais chaque partie affirme avoir tué plus de deux mille soldats adverses.

Une guerre ouverte entre les deux pays ex-soviétiques du Caucase du Sud laisse craindre une déstabilisation d’ampleur, de multiples puissances étant en concurrence dans la région: la Russie, traditionnel arbitre régional, la Turquie, alliée à l’Azerbaïdjan, l’Iran ou encore les Occidentaux.

Ankara est déjà accusée de jeter de l’huile sur le feu en encourageant Bakou à l’offensive militaire et est fortement suspectée d’avoir déployé des mercenaires syriens pro-turcs au Karabakh. Selon l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH), plusieurs dizaines d’entre eux ont été tués.

AFP

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