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L’Allemagne enregistre un premier cas de peste porcine africaine


L'Allemagne avait érigé une clôture électrifiée sur plus de 100 kilomètres à la frontière polonaise pour empêcher des animaux infectés d'entrer. (Photo d'illustration : archives lq/Julien Garroy)

L’Allemagne a enregistré un premier cas de peste porcine africaine (PPA), un signal inquiétant dans un pays où élevage et commerce du cochon sont très développés, a annoncé jeudi la ministre de l’Agriculture.

Le virus de cette peste porcine a été détecté sur la carcasse d’un sanglier découverte à proximité de la frontière avec la Pologne, dans la région du Brandebourg, qui entoure Berlin. « Malheureusement, les soupçons ont été confirmés » après des analyses effectuées par le laboratoire fédéral Friedrich-Loeffler, spécialisé dans ce type de virus, a déclaré Julia Klöckner lors d’une conférence de presse.

Cette carcasse était en état de décomposition avancée. « Il s’est donc écoulé beaucoup de temps au cours duquel le virus a pu se propager davantage », a de son côté prévenu le directeur du laboratoire, Thomas Mettenleiter. Ce virus, comme la consommation de viande infectée, ne sont « pas dangereux pour l’homme », a rappelé la ministre. « Pour le consommateur, même la viande contaminée peut être consommée sans problème », a-t-elle assuré.

Ce premier cas confirmé n’en constitue pas moins une mauvaise nouvelle pour les éleveurs allemands. Elle pourrait remettre en cause les exportations de porc à l’étranger, en particulier vers l’Asie. Le virus, qui entraîne des hémorragies mortelles dans la plupart des cas pour les animaux contaminés, a été détecté depuis plusieurs mois sur des sangliers en Pologne.

Plus de 100 km de clôture électrifiée

L’Allemagne avait même érigé une clôture électrifiée sur plus de 100 kilomètres à la frontière pour empêcher des animaux infectés d’entrer en Allemagne. Des mesures drastiques ont en outre été prises ces derniers mois en Allemagne, comme l’utilisation de chiens renifleurs formés à dénicher les sangliers décédés ou encore de drones.

La découverte de cette carcasse infectée dans le Brandebourg devrait entraîner l’interdiction temporaire pour les exploitations de cette région d’exporter leurs porcs. Les 170 exploitations de cette région contiennent à elles seules quelque 750 000 porcs. Les autres Länder allemands ne sont eux pas concernés à ce stade, a fait valoir la ministre, qui a enjoint à ne pas jeter dans la nature de déchets de viande de porc, susceptibles d’être infectés et d’ainsi contaminer des animaux qui les mangeraient.

Depuis 2014, le virus s’est propagé dans les pays de l’Est (Lettonie, Lituanie, Pologne, Serbie, Ukraine, Moldavie, Slovaquie, Roumanie), y faisant des ravages dans les populations porcines. L’abattage du bétail contaminé constitue le seul moyen de prévenir la propagation de l’épizootie, un cauchemar pour les éleveurs allemands.

L’Allemagne produit près de 5 millions de tonnes de cette viande chaque année, dont la moitié destinée au marché étranger. Elle a jusqu’ici profité économiquement de la peste porcine qui fait des ravages depuis mi-2018 en Chine, où officiellement plus d’un million de cochons ont dû être abattus. Cette viande très appréciée là-bas a vu son prix flamber, et le pays devait plus que doubler ses importations en 2019.

AFP