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Iran : malgré l’accord nucléaire les États-Unis restent l’ennemi numéro un


Manifestation d'Iraniens qui brûlent un drapeau américain devant l'ancienne ambassade américaine à Téhéran, le capitale de Téhéran, le 4 novembre 2015. (Photo : AFP)

Discours et slogans anti-américains, drapeaux brûlés: les manifestations du 36e anniversaire de la prise de l’ambassade américaine à Téhéran, ont démontré mercredi que les États-Unis restaient l’ennemi officiel numéro un en Iran malgré l’accord nucléaire historique conclu avec les grandes puissances.

La commémoration a été précédée de mises en garde du guide suprême, l’ayatollah Ali Khamenei, contre «l’arrogance» américaine et les tentatives «d’infiltration» sous toutes ses formes de la société iranienne par les États-Unis, de l’arrestation de journalistes accusés de vouloir embellir l’image du «grand satan» et de la fermeture d’un restaurant à enseigne américaine.

Plusieurs milliers de personnes ont manifesté pour commémorer l’anniversaire de la prise de l’ambassade, le premier depuis la conclusion, le 14 juillet, de l’accord nucléaire entre l’Iran et les grandes puissances, dont les États-Unis.

«Mort à l’Amérique», «A bas Israël» et «A bas l’Arabie Saoudite», «Infiltration interdite», ont scandé les manifestants. Le procureur général Ebrahim Raisie a jugé dans un discours que «la liste des atrocités américaines» était longue tant chez eux qu’à l’étranger et que «les États-Unis devront répondre de leurs atrocités devant la justice».

Le 4 novembre 1979, quelques mois après la révolution islamique, des étudiants avaient envahi l’ambassade américaine à Téhéran. Des diplomates américains avaient été pris en otage pendant 444 jours, entraînant la rupture des relations diplomatiques entre l’Iran et les États-Unis, qui n’ont jamais été rétablies.

Depuis l’accord nucléaire du 14 juillet, le guide multiplie les mises en garde contre toute tentative de rapprochement avec Washington et d’«infiltration politique et culturelle», plus dangereuse encore que «l’infiltration économique et sécuritaire».

Selon lui, l’accord sur le nucléaire, qui va permettre la levée des sanctions internationales contre l’Iran en échange de son engagement à limiter son programme nucléaire civil et à renoncer à l’arme atomique, ne doit surtout pas avoir pour effet la «soumission» de l’Iran aux intérêts étrangers, tout particulièrement américains.

Mardi, devant des milliers d’étudiants, le numéro un iranien qui a le dernier mot dans les grandes affaires du pays, a encore appelé à la «vigilance» face aux États-Unis qui chercheront «à planter un couteau dans le dos» de l’Iran à la première occasion.

Reprenant à son compte les propos du numéro un iranien, le général Mohammad Ali Jafari, chef des Gardiens de la révolution, l’armée d’élite du régime, a critiqué «certains responsables qui regardent avec confiance vers l’Occident et le libéralisme».

Des conservateurs à l’affût

Le président modéré Hassan Rohani a été élu en 2013, en partie sur la promesse de normaliser les relations avec le monde extérieur, sans toutefois aller jusqu’à évoquer une reprise des relations avec les Etats-Unis.

Juste après son élection, il avait brisé un tabou en acceptant de parler au téléphone avec le président américain Barack Obama alors qu’il participait à l’Assemblée générale de l’ONU à New York. Très critiqué par les conservateurs, il n’a plus renouvelé ce geste.

Mais Mohammad Javad Zarif, son ministre des Affaires étrangères, a cette année serré la main de M. Obama «accidentellement» dans les couloirs de l’ONU à New York, ce qui a provoqué de nouvelles critiques de la part des conservateurs.

Dans un geste qui n’a pu que les satisfaire, les services de renseignements des Gardiens de la révolution ont annoncé mardi l’arrestation de plusieurs journalistes réformateurs, accusés de faire partie d’un «réseau» financé par les services de renseignements américains et aidé par plusieurs pays européens, dont la Grande-Bretagne, les Pays-Bas et la Suède.

Les membres de ce réseau «voulaient maquiller l’image des États-Unis et préparer la présence officielle des Américains» en Iran, selon un expert des renseignements des Gardiens à la télévision d’Etat. Outre les journalistes, un homme d’affaires irano-américain, Siamak Namazi et un second, Nezar Zaka, présenté par Téhéran comme un ressortissant libano-américain, ont été arrêtés depuis fin octobre.

Au total quatre Américains d’origine iranienne, dont Jason Rezaian, correspondant du Washington Post à Téhéran, sont toujours détenus en Iran, malgré les appels de Washington à les libérer. La fermeture mardi d’un restaurant qui avait imité la marque américaine KFC semble aussi faire partie de cette volonté de lutter contre toute «infiltration» de la culture américaine pour «changer le mode de vie» des Iraniens.

AFP/M.R.

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