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Gérard Depardieu, monstre sacré du cinéma français rattrapé par une affaire de viol


La requête d'annulation de la mise en examen de l'acteur a été rejetée par la Cour d'appel de Paris ce jeudi. (photo archives AFP)

Monstre sacré du cinéma français, Gérard Depardieu est un acteur hors normes dont le parcours a été émaillé d’excès et de scandales, avant d’être rattrapé par la justice avec une mise en examen pour « viols » et « agressions sexuelles ».

Acteur gargantuesque, Depardieu, 73 ans, tourne avec les plus grands et a attiré des millions de spectateurs en salles, ce qui n’a jamais fait oublier ses parts d’ombre. Côté plateaux, l’artiste est célèbre pour son jeu instinctif et sa boulimie de travail avec plus de 200 films au cinéma et à la télévision. « J’aime l’abondance, les excès, j’aime la tragédie, la comédie, j’aime aller jusqu’au bout, même si c’est ridicule, tant mieux si c’est ridicule », assénait-il en 2020 dans Ailleurs, un ouvrage autobiographique.

Pilier de la culture populaire, il est connu de tous, comme l’étaient Johnny Hallyday ou Jean-Paul Belmondo.

Au point que chaque génération a son « Gégé », entre mille autres : le voyou « à la fraîche, décontracté du gland » qui explose dans les Valseuses (Bertrand Blier, 1974), le curé de campagne de Sous le Soleil de Satan (Maurice Pialat, 1987), Obélix pour les plus jeunes… Il est aussi devenu un symbole de la France, dont il a interprété de multiples héros de la littérature nationale, de Cyrano de Bergerac au Jean Valjean des Misérables, en passant par Edmond Dantès (Le Comte de Monte Cristo, qui lui vaut le prix d’interprétation à Cannes en 1990 et un nouveau César du meilleur acteur en 1991).

Le cinéma aura été une rédemption pour ce gamin de Châteauroux, né le 27 décembre 1948 d’un tôlier en carrosserie et qui connaît une adolescence perturbée, marquée par la délinquance et les petits boulots, avant de découvrir le théâtre à Paris. Au total, un demi-siècle de carrière qui ne s’est jamais arrêtée, à raison de parfois cinq ou six films de tout genre, et de toute qualité, par an.

Depardieu, grand acteur qui semble parfois enfermé dans sa caricature, truculence et verbe haut, est actuellement à l’affiche de trois films, dont le Maigret de Patrice Leconte, où son interprétation a été saluée, et la comédie Maison de retraite avec Kev Adams.

Mise en examen 

Mais si l’acteur est salué pour son talent et sa présence hors du commun, Depardieu est aussi l’artiste français le plus célèbre à être rattrapé par la vague de libération de la parole #MeToo. La justice l’a mis en examen fin 2020 pour « viols » et « agressions sexuelles » à la suite d’une plainte d’une jeune comédienne alors âgée d’une vingtaine d’années, Charlotte Arnould.

Depardieu a toujours contesté les faits, et demandé l’annulation de sa mise en examen, mais sa requête a été rejetée par la Cour d’appel de Paris ce jeudi.

Cette accusation est la tache la plus grave sur le portrait d’un homme déjà connu pour ses outrances, ses comportements volcaniques voire violents, parfois au nom d’une liberté absolue qu’il revendique. Il avait déjà alimenté la rubrique faits divers par ses dérapages, par exemple quand il assomme un paparazzi à Florence en 2005, urine dans la cabine d’un vol Paris-Dublin en 2011 ou frappe un automobiliste en plein Paris en 2012.

Sa relation avec la France, un pays « triste » et « cassé » qu’il ne se prive pas de critiquer, est tumultueuse : fin 2012, il annonce qu’il « rend » son passeport pour protester contre l’imposition des plus riches et, après avoir opté pour un exil fiscal en Belgique, il acquiert la citoyenneté russe.

Depardieu, qu’on a pu voir s’afficher avec l’autocrate tchétchène Ramzan Kadyrov, le dictateur biélorusse Alexandre Loukachenko ou dans un défilé militaire en Corée du Nord, est surtout un proche du président russe Vladimir Poutine. Il ne s’en est légèrement dissocié qu’au début de l’invasion de l’Ukraine, appelant début mars, dans une déclaration, à « arrêter les armes et négocier ».

Jusqu’alors, il n’avait eu de cesse de vanter sa nouvelle patrie, « grande démocratie », ne tarissant pas d’éloges à l’égard de Vladimir Poutine, qu’il avait comparé au pape Jean-Paul II… ou à lui-même.

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