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François Hollande lance l’idée d’une « avant-garde » de la zone euro


Le président français se prononce pour la création d'"une avant-garde" de la zone euro constituée avec les pays "qui en décideront". (photo AFP)

Après avoir mis tout son poids dans la balance pour éviter un Grexit, le président français, François Hollande, tente de garder la main sur la scène européenne en lançant l’idée d’une « avant-garde » de la zone euro, sans en préciser les contours.

Le chef de l’Etat fait cette proposition dimanche dans les colonnes du Journal du Dimanche, dans une tribune-hommage à Jacques Delors (qui fête lundi ses 90 ans), un de ses pères en politique et un des artisans de l’Union économique et monétaire.

Après l’accord obtenu au forceps à Bruxelles pour le maintien de la Grèce dans la zone euro, M. Hollande avait déjà réactivé le 14 juillet sa proposition d' »un gouvernement économique européen » doté « d’un budget » pour être en mesure d’endiguer des crises comme celle d’Athènes.

Il rajoute cette fois deux pierres à l’édifice, en suggérant de le doter non seulement d’un « budget spécifique », mais aussi d’un Parlement, « pour en assurer le contrôle démocratique », et en se prononçant pour la création d' »une avant-garde » de la zone euro constituée avec les pays « qui en décideront ». Mais le président ne précise ni le périmètre, ni le calendrier, ni le fonctionnement institutionnel de cette nouvelle gouvernance.

Le Premier ministre français, Manuel Valls, a de son côté simplement indiqué que cette avant-garde serait constituée des six pays fondateurs de la construction européenne (France, Allemagne, Italie, Belgique, Pays-Bas et Luxembourg).

Pour le reste, il est resté tout aussi vague que M. Hollande sur le contenu de cette initiative, indiquant simplement que le gouvernement « travaille à un texte pour étayer les propositions du président et formuler des propositions à nos partenaires à l’automne ». « L’objectif est un texte français à la sortie de l’été, qui sera une base de débat », a-t-il dit.

« La politique a besoin d’objectifs ambitieux, de dépassement de soi et d’idéal », commentait dimanche l’entourage du chef de l’Etat. « On sait que c’est complexe, mais il faut essayer d’avancer », ajoutait-on, soulignant la nécessité préalable d' »une discussion avec l’Allemagne pour trouver un consensus ».

Aucune réaction à Berlin

L’idée d’un Parlement spécifique de la zone euro, en plus du Parlement européen, a déjà été évoquée par des économistes comme Thomas Piketty, un des inspirateurs de la campagne de M. Hollande. Cette « deuxième chambre » européenne pourrait regrouper, selon lui, soit les membres du Parlement européen des pays concernés, soit une partie des députés des Parlements nationaux.

Alors que la crise grecque, qui n’est d’ailleurs pas définitivement réglée, a provoqué de forte dissensions dans le couple franco-allemand, aucune réaction n’était encore venue de Berlin dimanche en fin de journée.

L’ancien président du FMI, Dominique Strauss-Kahn, potentiel rival de M. Hollande à la présidentielle de 2012 avant d’être abattu en plein vol par l’affaire du Sofitel de New-York, a dénoncé les conditions « effrayantes » de cet accord et critiqué par avance « une alliance de quelques pays européens » pour faire face aux crises, même s’il a félicité François Hollande d’avoir « tenu bon » sur la Grèce.

Dans la classe politique française, le président des Républicains, Nicolas Sarkozy, a aussi jugé dimanche que « maintenant, ce n’est plus la question grecque qui se pose mais la question de la zone euro elle-même ». Appelant de ses voeux un « leadership franco-allemand à la tête de l’Eurogroupe », le président du parti Les Républicains ne pense pas, contrairement à François Hollande, « qu’on ait besoin d’un Parlement de plus ».

Les deux anciens Premiers ministres Jean-Pierre Raffarin et François Fillon (Les Républicains) ont traité la proposition de François Hollande par le mépris. « Cette proposition française est refusée par nos partenaires », a tranché le premier dans un tweet tandis que M. Fillon jugeait la tribune « d’un intérêt mineur ».

La présidente du Front national, Marine Le Pen, a accusé François Hollande de vouloir encore une fois noyer la France « dans un espace supranational », son bras droit Florian Philippot y voyant « une sacrée dose de haine de la France ».

 

AFP

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