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France : deux mois après, toujours aucune trace du petit Emile


"L'enquête n'est pas au point mort, on continue à exploiter des pistes", assure le procureur de la République d'Aix-en-Provence (Photo : AFP)

Deux mois après, la disparition d’Emile, deux ans et demi, dans un hameau alpin, reste inexpliquée et les enquêteurs « continuent à exploiter des pistes ». Les parents, eux, se cramponnent à leur foi et n’ont « pas peur de demander à Dieu un miracle ».

Le dossier est sensible, mais le procureur de la République d’Aix-en-Provence n’a « rien de significatif à dire ». Pour autant, « non, l’enquête n’est pas au point mort, on continue à exploiter des pistes », assure Jean-Luc Blachon auprès de l’AFP. Refusant de « parler des actes d’investigations en cours », le magistrat rappelle cependant qu' »il y a une cellule d’investigation nationale très active » sur le dossier.

Fin juillet, l’enquête, d’abord confiée au parquet de Digne-les-Bains puis transférée à des juges d’instruction d’Aix, a basculé sur une qualification criminelle « d’enlèvement » et « séquestration ». Une décision purement technique qui n’est pas liée à une avancée particulière, insiste le parquet, mais qui permet « plus de souplesse » dans les investigations.

Au Vernet, l’agitation des dernières semaines est retombée. Les alpages ont jauni, les volets des chalets secondaires sont fermés et les 130 habitants de ce village des Alpes-de-Haute-Provence, dont la population monte jusqu’à 800 habitants l’été, préparent sa veille automnale.

Dans les rues, personne, à part une équipe de télévision qui fait quelques plans aux abords de l’église où un cierge brûle. Les villageois restent taiseux, sans doute fatigués des sollicitations médiatiques et des rumeurs. « Je connais mes administrés, aucun n’est capable de faire de mal aux gamins dans ce village », balaie le maire, François Balique, interrogé par l’AFP.

Les parents d’Emile eux ont passé une grande partie de l’été dans le hameau du Haut-Vernet, deux kilomètres plus haut, dans la maison familiale d’où a disparu le garçonnet le samedi 8 juillet à 17h15. L’enfant venait d’arriver chez ses grands-parents pour les vacances. C’est ici qu’ils ont reçu, à leur demande, un journaliste de l’hebdomadaire Famille Chrétienne, pour leur première et unique prise de parole jusque-là.

« On imagine forcément le pire, mais on ne peut s’empêcher d’espérer… », dit Colomban. « Cela ne nous fait pas peur de demander à Dieu un miracle… », poursuit Marie, dans ce long entretien publié fin août. « On dit souvent que Jésus nous aide à porter la Croix, mais nous, nous l’avons vraiment senti ! », expliquent-ils.

Tourisme de curiosité

Chaque jour depuis le drame, ils sont allés prier à l’abri des regards dans une petite chapelle du hameau, interdit d’accès la majeure partie de l’été pour « protéger la tranquillité » de la famille et des habitants.

Deux prêtres avaient le droit de passer la barrière pour dire la messe. Le lendemain de la disparition, l’un d’eux s’était présenté aux gendarmes, muni d’une valise chapelle, fermement décidé à les soutenir.

Déplorant des « témoignages malveillants dans la presse », les parents assurent dans cette interview n’avoir « rien à cacher ». Ils assument « aimer la messe traditionnelle », racontent qu’ils animent la chorale polyphonique et grégorienne de La Bouilladisse (Bouches-du-Rhône), où ils vivent le reste de l’année. Et ils militent au centre Charlier, dont la devise est « Dieu, Famille, Patrie », ou à l’Agrif, qui dit lutter notamment contre les « racismes antifrançais et antichrétien ».

Ils remercient aussi toutes les personnes qui se sont mobilisées et leur demandent de « continuer à prier ». Au village, l’hôtelière a vu défiler gendarmes et journalistes, faisant en sorte qu’ils ne se croisent surtout pas. Elle redoute maintenant la réouverture du hameau, qui risque de charrier son lot de curieux et de pseudo-enquêteurs.

« On a déjà beaucoup de tourisme de curiosité avec la stèle de la Germanwings. Un jour, des gens ont même osé me demander que je leur ouvre la salle mémorielle réservée aux familles », raconte Cécile Cloître.

Autour de cette stèle, des photos de certaines des 149 victimes, beaucoup de jeunes Européens, rappellent que c’est à deux heures de marche d’ici qu’un A320 s’était écrasé en mars 2015, dans ce massif des Trois-Evêchés. Un accident volontairement provoqué par le copilote de l’appareil.

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