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Face à son concurrent, la Chine, l’Europe se réinvente sur le continent africain


Parmi les objectifs du millénaire pour le développement (OMD) qu’en 2000 les pays membres de l’ONU s’étaient donné pour 2015, figuraient entre autres, la réduction de la pauvreté et de la mortalité infantile, l’accès à l’éducation primaire ou encore l’intensification de la lutte contre le sida.

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Pour l’eurodéputé Charles Goerens, il faut lier l’aide au développement à une « nouvelle conditionnalité ». (Photo : Hervé Montaigu)

Hier matin, au cours d’une conférence de presse à la Maison de l’Europe, l’eurodéputé Charles Goerens (DP) a présenté la première « année entièrement consacrée à un segment de la politique extérieure européenne, à savoir la politique de développement ». En 2013, le libéral avait été nommé rapporteur sur la proposition législative « 2015 – Année européenne de la coopération au développement », adoptée depuis. Comme l’annonçait un communiqué à l’époque, « 2015 devra permettre de lancer le suivi des post-OMD ».

Sous la devise « Notre monde, notre futur, notre dignité », le programme prévoit une première réunion à Riga le 8 janvier prochain, dans le cadre de la présidence européenne de la Lettonie. D’autres évènements suivront, telle que l’invitation de représentants du programme des Nations Unies pour le développement, de l’Unicef etc., ou encore de donateur privés mais importants, comme Bill Gates. D’une manière générale, l’Union européenne sera présente lors de tous les évènements à dimension européenne ou globale, comme lors de l’exposition universelle de Milan, axée sur la sécurité alimentaire. Parallèlement, la coopération sera renforcée avec les commissions, le Conseil européen et les parlements nationaux.

> Le rôle « opaque » de la Chine en Afrique

Au niveau des thèmes, le financement du développement européen, à hauteur de 0,7 % du PIB, figure en première place. Le Luxembourg est à cet égard exemplaire, tout comme les Pays-Bas, le Danemark et la Suède, rappelle Goerens. Autre thème : la « cohérence des politiques », consistant à veiller à ne pas détruire dans un domaine ce que l’on vient de construire dans tel autre, comme le précise l’eurodéputé qui évoque tour à tour les secteurs énergie, agriculture et commerce. Dans ce dernier domaine, où s’appliquent les règles de l’Organisation mondiale du commerce (OMC), on aurait«péché» dans le passé, poursuit-il. Il met en avant les fameux Accords de partenariat économique (APE) que l’UE a conclus avec les pays africains et des Caraïbes, traités de libre-échange que l’économiste français Jacques Berthelot a qualifié de « baiser de la mort de l’Europe ».

Selon Goerens, une majorité du Parlement européen serait d’avis qu’il faut se soumettre à l’OMC, même si l’Europe aurait toujours veillé à donner aux pays concernés par les APE «le temps de s’adapter». Et de renvoyer au manque de coordination, autrefois, entre commissaires du Développement et du Commerce. Il s’est aussi prononcé en faveur d’un renforcement de la position du président de la Commission. Un troisième thème concernera la « nouvelle situation de l’Afrique » avec douze pays ayant décollé économiquement, dont le Ghana, proche des 14 % de croissance économique, une situation due non seulement à l’exportation de matières premières, mais aussi à une dynamique « endogène », comme l’explique Charles Goerens.

Reste à se demander comment affecter ces richesses. Pour le député européen, il faudra lier la coopération à une « nouvelle conditionnalité », le but étant de permettre aux pays de devenir autonomes. Or la Chine, par exemple très présente en Afrique, aurait sa propre conditionnalité, quoique « opaque » selon l’eurodéputé. D’où le tiraillement de certains pays africains que la promotion de la sécurité sociale pour tous, comme modèle européen à suivre, pourrait en partie résoudre, explique le Luxembourgeois, qui en aurait fait une « revendication personnelle ». Au Rwanda, 90 % de la population bénéficierait d’un tel système, le Malawi ayant fait un pas dans la même direction. Or, regrette Charles Goerens, il faudrait pour réaliser ce rêve, encore un milliard d’euros, à côté de celui prévu actuellement pour aider l’Afrique.

De notre journaliste Frédéric Braun

 

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