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Donald Trump, jugé responsable d’agression sexuelle en 1996, devra verser 5 millions de dollars


C'est la première fois que l'ancien président, accusé dans le passé par une vingtaine de femmes d'agressions sexuelles ou de gestes déplacés, paye les conséquences judiciaires de telles accusations qu'il dément.(Photo AFP)

L’ancien président des Etats-Unis Donald Trump, qui espère reconquérir la Maison Blanche en 2024, a été jugé responsable par le jury d’un tribunal civil de New York de l' »agression sexuelle » en 1996 de l’ancienne journaliste E. Jean Carroll, à qui il devra verser 5 millions de dommages-intérêts.

Après deux semaines de procès, et moins de trois heures de délibérations, les neuf jurés, unanimes, ont déterminé que Donald Trump n’était pas responsable du « viol » d’E. Jean Carroll, dans la cabine d’essayage du rayon lingerie d’un grand magasin new-yorkais, comme elle l’en accusait, mais d' »agression sexuelle ».

Le verdict, lu dans un silence de plomb dans la salle d’audience bondée du tribunal, a été accueilli avec émotion par la plaignante de 79 ans, qui a longuement embrassé ses avocats. Celui de Donald Trump, Joe Tacopina, est aussi allé la saluer, après l’avoir accusée de mentir pendant tout le procès.

« Cette victoire n’est pas seulement pour moi, mais pour toutes les femmes qui ont souffert parce qu’elles n’ont pas été crues », s’est félicitée dans un communiqué l’ancienne chroniqueuse du magazine Elle, qui a quitté souriante le palais de justice de Manhattan.

Une victime diffamée par Trump

Le jury de six hommes et trois femmes a également décidé que Donald Trump devra verser cinq millions de dollars de dommages-intérêts pour l’agression sexuelle et pour avoir diffamé l’autrice après qu’elle eut révélé les faits dans un livre en 2019.

C’est la première fois que l’ancien président, accusé dans le passé par une vingtaine de femmes d’agressions sexuelles ou de gestes déplacés, paye les conséquences judiciaires de telles accusations qu’il dément.

« Ce verdict est une honte », a-t-il aussitôt dénoncé sur son réseau social Truth Social. « L’interminable chasse aux sorcières du parti démocrate (…) atteint un nouveau palier aujourd’hui », a ajouté son équipe de campagne, précisant qu’il comptait faire appel.

Ennuis judiciaires en cascade

Donald Trump n’a jamais été poursuivi au pénal dans ce dossier, à cause de l’ancienneté des faits présumés, mais ce jugement au civil s’ajoute à ses ennuis judiciaires, alors qu’il compte de nouveau représenter le parti républicain à la présidentielle de 2024. A ce stade, il domine tous ses concurrents conservateurs dans les sondages.

Début avril, fait sans précédent pour un ancien président américain, le milliardaire républicain a été inculpé au pénal à New York pour 34 chefs de fraudes comptables et fiscales liées à des paiements pour étouffer des affaires embarrassantes avant la présidentielle de 2016, dont une relation sexuelle avec une star de films X, Stormy Daniels.

Donald Trump, 76 ans, est aussi dans le viseur de la justice pour son implication présumée dans une tentative de retourner en sa faveur les résultats de la présidentielle de 2020 en Géorgie, et sur son rôle dans l’assaut du Capitole par ses partisans, le 6 janvier 2021.

Le procès au civil a duré deux semaines et l’ancien locataire de la Maison Blanche n’est jamais venu témoigner, le jury devant se contenter d’une vidéo de sa déposition dans la procédure où il niait les faits, qualifiant E. Jean Carroll de « menteuse » et de « malade ». Présente chaque jour, E. Jean Carroll avait, elle, longuement témoigné, racontant comment « une scène new-yorkaise si drôle » — sa rencontre fortuite avec Donald Trump à l’entrée du grand magasin Bergdorf Goodman, puis quelques plaisanteries dans les rayons selon elle désertés — s’était transformée en cauchemar.

Plainte pour diffamation

S’il n’existe aucun témoin oculaire ayant vu Donald Trump et E. Jean Carroll il y a plus de 25 ans dans les rayons, deux proches amies de la journaliste ont confirmé devant le tribunal qu’elle leur avait confié, peu après les faits présumés, avoir été « agressée » ou « attaquée » par l’homme d’affaires.

Deux autres femmes, parmi celles qui ont accusé Donald Trump d’agression sexuelle ou de gestes déplacés dans le passé, ont aussi livré leur témoignage devant le jury.

Dans ses plaidoiries, l’avocate d’E. Jean Carroll, Roberta Kaplan, avait assuré que l’ancien président américain agissait à chaque fois selon le même « modus operandi », celui qu’il décrit lui-même dans une vidéo devenue célèbre, où on l’entend en 2005 se vanter d’embrasser et toucher les femmes à sa guise.

E. Jean Carroll a assuré qu’elle n’avait pas parlé pendant 20 ans de peur que Donald Trump ne détruise sa carrière. Après ses révélations, elle avait dans un premier temps déposé plainte pour diffamation, car Donald Trump l’avait accusée de mentir pour faire vendre son ouvrage.

Puis, en novembre dernier, elle a intenté un procès pour viol, grâce à une nouvelle loi de l’Etat de New York permettant aux victimes présumées d’agir en justice au civil même pour des faits potentiellement prescrits.

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