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«De très graves divergences subsistent» entre Londres et l’UE, dixit Barnier


"L'UE est prête pour tous les scénarios", dixit Barnier. (Photo : AFP)

Deux semaines de négociations intensives entre Londres et l’Union européenne sur la relation post-Brexit n’ont pas permis de se rapprocher d’un accord, en particulier sur la question sensible de la pêche, renforçant la menace d’un « no deal » aux conséquences potentiellement dévastatrices.

« Malgré les efforts de l’UE pour trouver des solutions, de très graves divergences subsistent », a annoncé mercredi soir dans un tweet le négociateur européen Michel Barnier.

« Des progrès ont été réalisés, mais je suis d’accord avec Michel Barnier », a reconnu quelques minutes plus tard son homologue britannique, David Frost.

Les négociateurs dressent ce bilan négatif alors même que leurs équipes viennent de passer deux semaines à négocier sans discontinuer avec l’espoir de parvenir à s’entendre avant la mi-novembre.

Cette date est considérée comme la limite au-delà de laquelle un éventuel accord commercial ne pourra pas entrer en vigueur à temps pour le 1er janvier 2021, quand le Royaume-Uni, qui a officiellement quitté l’UE le 31 janvier dernier, cessera d’appliquer les normes européennes.

Les deux hommes doivent se parler à nouveau vendredi, avant que les négociations reprennent formellement dimanche dans la capitale britannique, selon une source diplomatique.

« David Frost avait besoin de temps pour expliquer la situation à Londres », a-t-elle précisé.

Selon Michel Barnier, les pourparlers continuent de buter sur trois sujets : l’accès des Européens aux poissonneuses eaux britanniques, les garanties réclamées à Londres en matière de concurrence, et la manière de régler les différends dans le futur accord.

« Il s’agit là de conditions essentielles pour tout partenariat économique », a-t-il insisté, ajoutant que l’UE était « prête pour tous les scénarios ». Y compris celui d’un « no deal », malgré ses conséquences potentiellement désastreuses pour des économies déjà profondément affectées par le coronavirus.

Le Français a dressé mercredi un état des lieux alarmant de ces discussions avec les États membres, puis des représentants du Parlement européen.

« Confiance ruinée »

« J’ai été étonné qu’il soit si négatif. Après deux semaines de négociations, je m’attendais à plus », a déclaré la source diplomatique, selon laquelle Michel Barnier a notamment regretté un « manque de volonté » britannique.

« On ne peut pas dire que ça n’avance pas, mais ce n’est pas suffisant. On ne sait pas s’il sera possible de conclure dans une semaine, ou dans quinze jours », a résumé une source européenne. « Les Britanniques doivent bouger ».

Selon plusieurs sources, Michel Barnier a informé les ambassadeurs des États membres que les deux parties restaient loin d’un accord sur la pêche, un sujet particulièrement sensible pour quelques capitales, dont Paris.

Pour ce qui concerne les conditions de concurrence équitables du futur accord, Londres bloque sur la volonté de l’UE de pouvoir instaurer immédiatement des mesures pour protéger le marché européen et ses entreprises si le Royaume-Uni divergeait de ses engagements, par exemple en matière de droit du travail ou d’environnement.

L’UE entend d’ailleurs mettre en place un mécanisme « robuste » pour régler les différends si l’une des deux parties ne respecte pas le futur accord, notamment en matière de concurrence.

Ce « mécanisme d’arbitrage » est jugé primordial par les Européens depuis que le gouvernement de Boris Johnson a mis à mal le traité de retrait conclu avec l’UE, en présentant un projet de loi revenant en partie sur ses engagements.

« On ne peut pas partir sur une base de confiance avec les Britanniques car ils l’ont ruinée avec cette décision », explique la source européenne.

Le projet de loi britannique remet notamment en cause des dispositions destinées à éviter le retour d’une frontière sur l’île d’Irlande, un garde-fou jugé essentiel au maintien de la paix.

L’UE a ouvert début octobre une « procédure d’infraction » contre le Royaume-Uni. Mais cette action reste jusqu’à présent ignorée par Londres.

LQ/AFP

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