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Couper le gaz à l’Europe ? Les limites de la menace biélorusse


Le Kremlin a assuré que les livraisons de gaz russe à l'Europe ne seraient pas suspendues. (archives AFP)

La menace biélorusse de fermer les vannes d’un important gazoduc alimentant l’Europe, si elle est mise à exécution, ne devrait pas avoir d’impact majeur en raison des volumes limités de gaz russe qui transitent via son territoire, selon plusieurs sources.

Accusé de fomenter une crise migratoire à sa frontière avec la Pologne, le président Alexandre Loukachenko a évoqué jeudi la possibilité d’interrompre les livraisons du gazoduc Yamal-Europe : « que se passerait-il si nous coupions le gaz naturel qui va là-bas ? », a-t-il lancé, une menace qui intervient au moment où les pays européens sont confrontés à une flambée des prix du gaz pour cause de pénurie.

Vendredi matin, le Kremlin a assuré que les livraisons de gaz russe à l’Europe ne seraient pas suspendues. L’Union européenne importe environ trois cinquièmes de toute l’énergie qu’elle consomme chaque année, avec un niveau particulièrement élevé de dépendance au pétrole brut et au gaz naturel, selon l’édition 2021 du rapport d’Eurostat sur les chiffres clés de l’Europe.

Concernant les importations annuelles de gaz naturel de l’UE, la Russie représente la plus grande part (41%), avec 166 milliards de mètres cubes, toujours selon Eurostat. De son côté, le géant russe Gazprom indique sur son site internet avoir fourni en 2020 quelque 150 milliards de mètres cubes de gaz à 16 pays de l’Union européenne.

« Là où il peut y avoir un impact, c’est sur le prix du gaz »

Le gaz russe transite sur le territoire biélorusse via sept gazoducs. Yamal-Europe, le plus important, permet à Gazprom de livrer du gaz en provenance de la péninsule de Yamal, dans l’Arctique, à la Pologne et à l’Allemagne. En échange, Minsk obtient des frais de transit. Yamal-Europe a une capacité d’environ 33 milliards de mètres cubes par an et court sur plus de 2 000 kilomètres. Il est entièrement opéré par Gazprom. Il n’y a que du gaz russe qui est transporté vers l’Europe via la Biélorussie. Ses réserves ne couvrant que 1% des besoins du pays, Minsk ne l’exporte pas.

Si la Biélorussie mettait sa menace à exécution, « du point de vue des approvisionnements en gaz, il y a en réalité très peu de chances qu’il se passe quoi que ce soit car le transit de gaz russe est relativement mineur. La Russie envoie annuellement entre 150 et 200 milliards de mètres cubes de gaz vers l’Union européenne, et la Biélorussie ne représente que 30 à 40 milliards », résume Nicolas Mazzucchi, chercheur à la Fondation pour la recherche stratégique et spécialiste en énergie. Il indique que la Russie pourrait alors « basculer » le transit du gaz notamment vers les gazoducs Nordstream et Turkstream, « ou aussi sur le réseau ukrainien, cela ne serait pas très compliqué ».

« Après, là où il peut y avoir un impact, c’est sur le prix du gaz : comme toutes les énergies, il est sensible aux effets géopolitiques. Si on crée une incertitude sur les marchés, ça renchérit potentiellement les prix. Mais très rapidement les marchés vont aussi se rendre compte qu’il n’y a pas vraiment de risques sur les approvisionnements, les prix vont certes monter mais rester relativement contenus », selon Nicolas Mazzucchi.

LQ/AFP

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