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Congé menstruel : ces pays qui ont déjà sauté le pas


De nombreuses femmes souffrent de douleurs intenses durant leurs règles. Photo : DR

Un débat public aura lieu ce mercredi 6 octobre à la Chambre des Députés sur la question du congé menstruel alloué aux femmes ayant des règles douloureuses. Une proposition qui fait beaucoup réagir, mais qui n’est pas si nouvelle : six pays ont déjà franchi le pas.

Deux jours de repos par mois en cas de règles douloureuses. Voilà en quelques mots la proposition mise en avant par Ornella Romito, à travers sa pétition N° 1865, publiée sur le site dédié en avril 2021. Une motion qui avait finalement récolté plus de 4 800 signatures, entrainant de facto un débat public devant la Chambre des Députés. 

Si cette idée fait grincer de nombreuses dents et n’existe dans aucun pays d’Europe, plusieurs pays asiatiques la pratiquent depuis une dizaine d’années. C’est notamment le cas du Japon, large précurseur en la matière, qui a introduit ce congé menstruel… en 1947 ! 

Le pays du soleil levant autorise ainsi chaque employeur à décider du nombre de jours accordés aux femmes et ne contraint aucunement les principales concernées à prendre ce congé : il n’est pas obligatoire. 

En 1965, 26% des Japonaises prenaient ce congé, contre 0,9% en 2017. La faute à une communication quasi inexistante des entreprises sur ce droit, mais aussi peut-être à la non-obligation des entreprises à rémunérer leurs employées lors de ce congé. 

L’Indonésie est le deuxième pays après le Japon à avoir instauré ce droit, en 1948. Deux jours de congés par mois sont ainsi autorisés pour les Indonésiennes, qui doivent, depuis 2003, négocier avec leurs employeurs pour la rémunération et apporter un certificat médical attestant qu’elles ont bien leurs règles pour en bénéficier. 

En Corée du Sud, les femmes peuvent bénéficier de ce congé (non rémunéré) depuis 2001. À un détail près : si elles ne l’utilise pas, elles obtiennent une prime ! 

À Taiwan, les femmes bénéficient de trois jours de congés payés supplémentaires par an depuis 2013. Ils s’ajoutent ainsi aux trente jours de congés maladies auxquels ont le droit tous les salariés. Au-delà de ces trois jours par an, les femmes verront leur salaire diminuer si elles souhaitent prendre davantage de congés menstruels. 

En 2015, la Zambie a mis en place un congé menstruel, à raison d’un jour supplémentaire de repos par mois pour les femmes.  Petite particularité : ce jour est appelé “fête des mères », par pudeur. 

Des entreprises leaders dans certains pays 

En Inde, l’entreprise Zomato, leader sur le marché de la livraison de repas à domicile, propose depuis août 2020, dix jours de congés supplémentaires payés par an pour les femmes souffrants de règles douloureuses. Une mesure qui s’applique également aux femmes transgenres. Une vraie révolution dans ce pays où les femmes ne peuvent pas cuisiner, aller à l’école ou dans des lieux de culte si elles ont leurs règles. 

Une entreprise britannique, Coexist, qui emploie majoritairement des femmes, a également mis en place ce processus en 2016. Plus récemment, c’est en France, plus particulièrement à Montpellier, qu’une entreprise a introduit le droit à une journée de congé menstruel par mois. 

Une stigmatisation des femmes ? 

En 2017, un projet de loi identique à celui proposé par Ornella Romito avait été discuté en Italie, avant d’être vite abandonné. En cause : la peur d’une stigmatisation des femmes, notamment à l’embauche.

Un congé menstruel qui sonne donc comme une “fausse bonne idée” ? C’est ce qu’affirme en tout cas l’association française “Osez le féminisme” et sa porte-parole Fabienne El-Khoury, qui s’exprimait en avril dernier sur le plateau de RTL France.

Une idée partagée par plusieurs féministes dans différents pays. Au gouvernement luxembourgeois de trancher ce mercredi.

Sophie Wiessler

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