Le Parti communiste chinois (PCC) a dévoilé jeudi un assouplissement drastique du système de contrôle des naissances dans le pays, mettant fin à trois décennies de politique dite de «l’enfant unique» en autorisant deux naissances pour tous les couples.
Voici les principales informations sur les origines et conséquences de cette politique démographique.
Pourquoi la politique de l’enfant unique a-t-elle été adoptée ?
La loi de planification familiale, qui impose à la majorité des couples de n’avoir qu’un enfant, a été officiellement instaurée en 1979 afin de permettre à la Chine de contrôler sa population, la plus nombreuse du monde.
Les minorités ethniques étaient cependant largement épargnées et dans les régions rurales, les couples étaient autorisés à avoir un deuxième enfant si le premier était une fille. Selon une étude de 2007, la règle de l’enfant unique ne s’appliquait pas, alors, pour environ 37% des couples chinois.
Comment fut-elle mise en oeuvre ?
Cette politique a longtemps été appliquée par la commission de planification familiale, fusionnée ensuite avec le ministère de la Santé, dont les centaines de milliers de fonctionnaires accordent des permis et infligent des amendes, mais ont usé également de méthodes controversées comme la stérilisation forcée et l’avortement tardif.
Les détracteurs de cette politique mettent en évidence de grandes disparités dans l’application de ce contrôle des naissances selon les régions. Le nombre d’avortements a culminé entre 1982 et 1992, à plus de 10 millions par an, avec des pics à plus de 14 millions en 1983 et 1991.
Les avortements forcés restent très répandus, selon des ONG de défense des droits, en particulier pour les femmes non mariées ou les couples n’ayant pas atteint l’âge légal du mariage (22 ans pour les hommes et 20 ans pour les femmes).
Le cas de Feng Jianmei, forcée à avorter en 2012 après sept mois de grossesse –au-delà de la limite légale des six mois–, avait provoqué des réactions outrées sur l’internet chinois.
Avec quelles conséquences ?
Les autorités soutiennent que la politique de l’enfant unique a évité environ 400 millions de naissances et contribué à l’essor économique du pays. La population chinoise s’élevait officiellement fin 2014 à presque 1,37 milliard d’habitants.
Mais les avortements sélectifs et les infanticides, alimentés par une préférence traditionnelle profondément ancrée pour les garçons, ont conduit à un grave déséquilibre: en 2014, il est né 116 garçons pour 100 filles, pour un ratio total dans la population de 105 hommes pour 100 femmes.
Les structures familiales s’en sont également vues bouleversées, et étant donné les carences persistantes du système local des retraites, un enfant unique a souvent à sa charge ses deux parents et ses quatre grand-parents.
Pourquoi cet assouplissement ?
Les inquiétudes au sujet de la baisse de la population en âge de travailler en Chine, s’ajoutant à son vieillissement inexorable, ont conduit les autorités à progressivement assouplir la loi. La population chinoise en âge de travailler a chuté de près de 3,7 millions de personnes l’an dernier, tombant à 915,8 millions. Les 212 millions de personnes âgées représentaient fin 2014 environ 15,5% de la population.
Et selon des estimations de l’ONU, 30% des Chinois auront 60 ans ou plus en 2050 soit bien davantage que la moyenne de 20% attendue mondialement. Le taux de fécondité actuel de 1,4 enfant par femme est très au-deçà du seuil de 2,1 enfants supposé garantir le renouvellement des générations.
Inquiet, Pékin avait déjà assoupli sa politique fin 2013, autorisant les Chinois à avoir deux enfants si au moins l’un des deux parents était lui même enfant unique. Avant cela, en vertu d’une précédente réforme, les deux parents devaient être enfants uniques pour être autorisés à avoir un deuxième bébé.
Faut-il s’attendre à un baby-boom ?
Les précédents assouplissements de la politique démographique chinoise n’ont suscité aucune augmentation massive du nombre des naissances. La réforme de 2013 n’avait suscité en mai dernier que 1,45 million de nouvelles demandes de permis pour un second enfant.
Le changement radical dévoilé jeudi, même si des restrictions persistent, s’applique désormais à toute la population, mais de l’avis de certains experts, aucune évolution spectaculaire et rapide ne doit être attendue: le renchérissement des coûts de la vie et d’éducation dissuadant nombre de familles d’avoir un enfant supplémentaire.
AFP/M.R.