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[Rugby] Les All Blacks, plus qu’une équipe


Supportrices des All Blacks dans les tribunes du stade de Wellington lors du Tri Nations, le 30 juillet 2011. (Photo : AFP)

Un outil marketing, une source d’inspiration ou d’irritation… Les All Blacks, qui affrontent l’Australie samedi en finale de la Coupe du monde, représentent davantage qu’une équipe de rugby pour les Néo-Zélandais.

Deux îles principales plantées dans le Pacifique sud, à quatre heures d’avion de l’Australie, et peuplées de 4,5 millions d’habitants, sur un vaste territoire, en grande partie préservé… La Nouvelle-Zélande a un emblème; son équipe de rugby.

«Une bonne partie des gens pense que les All Blacks sont une marque mondiale et que leurs résultats ont un retentissement international», explique à l’AFP Greg Ryan, historien du sport à la Lincoln University.

Greg Ryan souligne que ces conclusions doivent être tempérées, en raison de la globalisation «relative du rugby». Mais le Premier ministre John Key n’a pas cette retenue. «Les All Blacks sont de grands ambassadeurs de la Nouvelle-Zélande», a-t-il déclaré le mois dernier.

Les All Blacks offrent en fait aux Néo-Zélandais, peu enclins à l’auto-promotion, quelques sources de satisfactions et la sensation de «boxer dans la catégorie supérieure», selon l’ancien demi de mêlée Justin Marshall (85 sélections entre 1985 et 2005).

« Lien sans pareil »

«Sur la scène mondiale, le rugby est notre atout principal. Chaque pays à un sport national mais le lien entre la Nouvelle-Zélande et le rugby est sans pareil, estime-t-il. Ce jeu est passé de génération en génération. La camaraderie, la compétition et la volonté d’être un All Blacks ont toujours rendu service à ce pays».

Portés par un taux de succès supérieur à 75% depuis les premiers matches au début du XIXe siècle, (et 85% depuis le début de l’ère professionnelle), les All Blacks occupent une place centrale dans la société. Il y a quelques années, un vote a désigné le capitaine Richie McCaw comme la personne inspirant le plus confiance, devant des responsables caritatifs, des vétérans de guerre ou même des scientifiques.

L’an passé, 5 des 10 programmes les plus regardés à la télévision nationale concernaient les All Blacks, par ailleurs omniprésents dans les campagnes publicitaires. On peut ainsi voir l’ouvreur Dan Carter vanter des sous-vêtements et le N.8 Kieran Read faire la promotion de cuvettes WC.

Par ricochet, cette hyper-présence agace une part non-négligeable de la population. Ainsi, Toni Bruce, sociologue du sport à l’Université d’Auckland a démontré dans une étude que de nombreux néo-zélandais rejetaient «la domination du rugby dans la vie culturelle».

«Ils n’aiment pas le lien entre le rugby et la violence, la commercialisation croissante des All Blacks ou le fait que les Néo-Zélandais soient aussi assimilables au sport», a-t-elle expliqué.

La fédération prudente

La sociologue souligne que la plupart de ces réserves sont rarement exprimées en public, par peur d’être étiqueté comme «traitre, anti-patriote et pas Néo-Zélandais».

Cependant, tous les «Kiwis» (surnom des Néo-Zélandais) se rejoignent pour souligner les relatives contre-performances en Coupe du monde des All Blacks, qui n’ont remporté que deux des sept premières éditions. Et à chaque fois à domicile, en 1987 et 2011.

Aussi, la finale face à l’Australie, qui sera suivie au petit matin entre Auckland et Dunedin, est attendue avec beaucoup d’impatience. «Les gens ont intégré qu’il était possible qu’ils (les All Blacks) perdent, estime Greg Ryan. Je pense que les gens vont réagir s’ils perdent mais cela ne sera pas comme avant sur le thème ‘Il faut virer l’entraîneur et tout changer de bas en haut’».

«En fait, souligne le chercheur, la machine All Blacks et la NZRU (fédération) ont été prudentes. Elles n’ont pas sur-vendu la chose cette fois et n’ont pas suscité des attentes irraisonnées». Peut-être pour éviter qu’en cas de défaite, les joueurs soient brocardés à leur retour au pays, comme en 1999 et 2007 après des éliminations prématurées.

AFP/M.R.

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