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Brexit : le chemin de croix de Theresa May se poursuit


La Première ministre britannique, Theresa May, essuie revers après revers sur le dossier du Brexit. (photo AFP)

La Première ministre britannique a essuyé jeudi une défaite embarrassante au Parlement, qui fragilise sa position dans les discussions qu’elle mène avec Bruxelles pour tenter d’obtenir une modification de l’accord de Brexit.

Les députés ont rejeté, par 303 voix contre 258, la motion dans laquelle le gouvernement expliquait comment il souhaitait renégocier l’accord de divorce conclu avec l’Union européenne, qui avait été sèchement recalé lors d’un vote mi-janvier au Parlement britannique. L’exécutif affirmait dans cette motion poursuivre un double objectif : obtenir des « arrangements alternatifs » au « filet de sécurité » censé maintenir une frontière ouverte sur l’île d’Irlande après le Brexit (« backstop » en anglais), et écarter le scénario d’un « no deal », soit une sortie sans accord redoutée par les milieux d’affaires comme par une partie des députés.

Mais les plus fervents partisans du Brexit au sein du Parti conservateur au pouvoir refusent de voir le gouvernement cautionner l’abandon du scénario du « no deal ». Ils avaient prévenu de leur intention de s’abstenir si la motion n’était pas reformulée et ont donc fait basculer le vote.

Des «où est-elle?» fusent à la Chambre des communes

Si le vote n’a pas de conséquence contraignante pour l’exécutif, il affaiblit la Première ministre dans sa tentative de rouvrir les négociations avec Bruxelles : la dirigeante britannique, qui se prévalait jusque-là d’un « mandat clair » des députés pour modifier l’accord, vient de perdre cet appui. Des « où est-elle ? » ont fusé à la Chambre des Communes, alors que la cheffe du gouvernement avait pris soin de ne pas assister à l’annonce des résultats.

« Le vote de ce soir montre qu’il n’y a pas de majorité pour la ligne de conduite de la Première ministre », a tonné le leader du Parti travailliste, Jeremy Corbyn. Ce dernier, qui a une nouvelle fois accusé l’exécutif de « jouer la montre », a néanmoins lui aussi essuyé une défaite. Son amendement, visant à limiter la marge de manœuvre du gouvernement, a été rejeté par 322 voix contre 306.

Un autre amendement, soutenu par le parti indépendantiste écossais SNP, exigeant de repousser la date du Brexit fixée au 29 mars, a lui aussi été rejeté, tandis que la députée conservatrice Anna Soubry a retiré avant le vote son amendement, qui réclamait au gouvernement la publication d’une étude sur l’impact économique d’un Brexit sans accord. Elle a annoncé avoir obtenu de l’exécutif la garantie que les documents seraient rendus publics.

L’UE refuse toujours de rouvrir les négociations

Theresa May, engagée depuis deux semaines dans de nouvelles discussions avec l’UE, peine en tout cas à obtenir une réouverture des négociations. Alors que les dirigeants européens se montrent inflexibles, elle a reconnu mardi avoir « besoin de temps ». « L’UE à 27 attend toujours de Londres des propositions concrètes et réalistes pour sortir de l’impasse », a déclaré mercredi le président du Conseil européen, Donald Tusk.

La principale pierre d’achoppement demeure la question du filet de sécurité irlandais. Ce dispositif prévoit, en dernier recours, de maintenir le Royaume-Uni dans une union douanière avec l’UE, ainsi qu’un alignement réglementaire sur l’UE plus poussé pour l’Irlande du Nord.

La Première ministre encore plus affaiblie aux yeux des Européens

Il est rejeté par les partisans du Brexit, aux yeux desquels il empêcherait le pays de rompre les liens avec l’UE et de pouvoir mener une politique commerciale indépendante. Mais les dirigeants européens refusent de le modifier.

La défaite de jeudi risque de rendre ces discussions « encore plus difficiles », a souligné Ronan McCrea, de l’University College de Londres: les dirigeants européens « diront à juste titre : ‘comment pouvons-nous savoir que les concessions que nous faisons ne seront pas suivies d’autres étant donné que nous ne savons pas si vous pouvez obtenir quoi que ce soit au Parlement ?' ».

 

AFP