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Battue, séquestrée, violée : le conjoint écope de 18 ans de prison


L'identité du prévenu, qui a déclaré être né à Bagdad en 1982, est loin d'être claire. (photo archives editpress)

En 2017, une quadragénaire avait porté plainte contre son conjoint. Il clamait son innocence. Jeudi après-midi, la chambre criminelle l’a reconnu coupable.

Battue, étranglée, séquestrée, violée… C’est un véritable calvaire qu’avait relaté la femme de 44 ans à la barre. Lors d’un récit détaillé, elle était revenue sur les faits qu’elle situait entre Noël 2016 et mai 2017. Le parquet avait requis 23 ans de réclusion ferme contre le prévenu.

D’habitude, à la lecture d’un prononcé, on n’entend pas une mouche voler. Les pleurs, les cris ou les protestations, c’est après. Pas jeudi après-midi. La présidente de la 13e chambre criminelle venait à peine de prononcer les 18 ans de réclusion ferme à l’encontre du trentenaire poursuivi pour avoir frappé, séquestré et violé à trois reprises sa compagne entre Noël 2016 et mai 2017 que ce dernier a commencé à déverser un flot de paroles dans sa langue natale. L’interprète qui l’assistait a tout juste réussi à glisser : «Il récite…»

La présidente, catégorique : «Si Monsieur ne se tait pas, je le fais sortir et on continue le prononcé sans lui…» Elle a dû l’avertir une seconde fois avant de pouvoir enchaîner. Outre la peine de réclusion, le trentenaire est condamné à indemniser trois parties civiles. La plaignante, qui réclamait 165 000 euros de dommages et intérêts, se voit allouer un total de 20000 euros, dont 15000 pour le dommage moral, sa fille mineure, 1 000 euros pour le dommage moral. La fille aînée avait demandé l’euro symbolique. À cela s’ajoute un total de 700 euros d’indemnités de procédure.

«Je suis innocent!», a tenté une nouvelle fois le trentenaire. La présidente l’a coupé : «Maintenant vous avez été condamné. Vous avez 40 jours pour interjeter appel.»

«Elle me menaçait avec le KGB»

Tout au long de son procès, le prévenu en détention préventive à Schrassig avait contesté les faits qui lui sont reprochés. «Je ne l’ai pas frappée, je me suis défendu.» C’étaient ses mots à l’ouverture du procès. Dès la première audience, il s’était attaqué à son ex-compagne. Tous les deux s’étaient rencontrés fin août 2016 à Luxembourg à l’office social de la côte d’Eich. Ils avaient fini par devenir colocataires, puis un couple. Mais selon lui, elle avait menti lorsqu’elle avait déposé plainte au printemps 2017 : c’est lui qui aurait vécu sous la peur… «Elle me menaçait avec le KGB. Si je la quittais, il allait y avoir des conséquences…», avait-il ainsi lâché face aux juges.

Il avait aussi criblé de questions la plaignante. Tout comme l’enquêteur de la police, l’expert psychologue et tous les autres témoins entendus dans cette affaire. Intarissable jusqu’au bout. Son objectif : démontrer que le dossier grouillait de contradictions et que c’était lui qui avait raison.

«Une femme caméléon qui change de caractère et de couleur.» Voilà comment le prévenu avait décrit son ex-compagne devant l’expert psychiatre en prison. «D’après ce qu’on a appris, c’est plutôt lui le caméléon», avait constaté la présidente.

Une identité floue

L’identité du prévenu qui a déclaré face aux juges être né à Bagdad en 1982 est loin d’être claire. Au cours de l’instruction, il s’est avéré que l’homme originaire d’Irak était arrivé en 2013 au Grand-Duché deux jours avant qu’on ne prononce contre lui une peine de prison de trois ans en Finlande. Le nom sous lequel il a obtenu son autorisation de séjour en Finlande n’est pas le même que celui qu’il avait quand il a atterri dans le viseur des autorités luxembourgeoises. Recherché en Finlande, il avait tenté de refaire sa vie sous une autre identité. Depuis son arrestation en 2017, l’homme, dont le casier renseigne 12 condamnations en Finlande (dont une pour viol), se trouve en détention préventive à Schrassig.

C’est ainsi que la chambre criminelle l’a donc condamné sous son nom de Marwan A. et l’alias Odai I. Comme l’avait d’ailleurs demandé le parquet. Dans son jugement, elle est toutefois restée en dessous des 23 ans de réclusion requis. «On parle de trois viols à des époques différentes, de coups et blessures et d’une séquestration. Vu ses antécédents judiciaires, il n’y a pas beaucoup de raisons de rester en dessous de la peine maximale de 25 ans», avait estimé la parquetière.

Fabienne Armborst

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