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L’UE valide l’accord sur le Brexit, Bettel lance un appel à Londres


Ambiance détendue entre Xavier Bettel et Boris Johnson jeudi à Bruxelles. Mais le Premier ministre luxembourgeois sait que la partie est loin d'être gagnée. (photo AFP)

La balle se trouve désormais dans le camp du Parlement britannique. Jeudi soir, l’UE a validé l’accord sur le Brexit, arraché dans la matinée. Le Premier ministre luxembourgeois espère que «Westminster va se montrer raisonnable».

«Une fois n’est pas coutume, on peut aborder cette réunion du Conseil avec un sentiment positif. Il y a encore quelques heures, personne ne savait si la conclusion d’un accord serait possible», indiquait Xavier Bettel à son arrivée au sommet européen crucial, qui s’est ouvert ce jeudi après-midi à Bruxelles. Ce «sentiment positif» s’est assez rapidement transformé en un résultat concret. Peu avant 18 h 30, le président du Conseil européen, Donald Tusk, a pu annoncer que les 27 chefs d’Etat et de gouvernement «ont endossé l’accord sur le Brexit».

La base du feu vert accordé par les dirigeants européens est le nouvel accord de divorce, arraché en fin de matinée par la Commission européenne et le gouvernement britannique. Il est revenu à Jean-Claude Juncker d’annoncer la «bonne nouvelle», saluée plus tard par le président français, Emmanuel Macron, et la chancelière allemande, Angela Merkel. «Mais la satisfaction s’accompagne d’une légitime prudence», a immédiatement ajouté le président Macron. L’accord salué de toute part devra en effet encore passer au Parlement britannique, où le Premier ministre Boris Johnson ne dispose pas de majorité.

«Pas de raison de sauter de joie»

Côté luxembourgeois, le ton n’était pas bien différent. «Ce n’est pas la première fois que nous avons conclu un accord avec le Royaume-Uni. Il revient désormais à Westminster de prendre une décision», indiquait Xavier Bettel devant la presse internationale. Satisfait que l’accord préserve le marché intérieur et maintient l’équilibre politique entre l’Irlande et l’Irlande du Nord, le Premier ministre luxembourgeois affirme qu’«il n’existe pas de raison de sauter de joie». Il voulait toutefois «rester positif» pour réussir à «limiter la casse».

Le nouveau traité juridique pour mettre en oeuvre un Brexit ordonné est désormais validé par l’Union européenne. Une ratification par le Parlement européen est très probable. «Nous sommes prêts à voter», a indiqué jeudi le président du Parlement, David Sassoli. Le feu vert de Strasbourg pourrait intervenir dès la semaine prochaine.

Plus que jamais «la balle est dans le camp du Parlement britannique», comme le soulignait Xavier Bettel avant de rejoindre ses compères. «Et je crois que même à Londres ils comprennent que sortir sans accord n’est pas une bonne option. J’espère qu’ils vont se montrer raisonnables samedi matin à Westminster», ajoute le Premier ministre. Le message envoyé aux députés britanniques est donc clair.

A priori, pas de nouveau report du Brexit

Jean-Claude Juncker a lui précisé dans toutes les langues qu’«il n’est pas en charge des affaires du Parlement britannique». Le président sortant de la Commission européenne estime que «chacun peut se retrouver» dans l’accord conclu jeudi en fin de matinée. «J’espère que Boris Johnson va réussir à convaincre ses députés», ajoute le Luxembourgeois. Une seule chose semble acquise : «On a un accord. Il n’y a donc aucune raison pour reporter la date de sortie».

Le président du Conseil s’est montré, comme à son habitude, un brin moins catégorique. «Si un report de la date du Brexit est demandé, je suis prêt à voir quelle sera la réaction des Etats membres», a dit le Polonais. Les conclusions du sommet européen ne prévoient cependant pas d’engagement formel sur un nouvel report. «L’UE est prête sur le plan logistique, politique et technique. Désormais, on est en attente de la Chambre des communes (NDLR : la Chambre basse du Parlement britannique, qui siège à Westminster)», concluait jeudi soir Donald Tusk.

Le contenu de l’accord provoque l’ire à Londres

L’accord évite le retour d’une frontière physique entre l’Irlande, qui demeure dans l’UE, et l’Irlande du Nord, attachée au Royaume-Uni. Londres a obtenu le compromis que l’Irlande du Nord va intégrer le territoire douanier du Royaume-Uni. Par contre, les règles de l’UE resteront d’application en ce qui concerne les produits qui transitent par l’Irlande du Nord et qui sont destinés au marché intérieur européen (donc vers l’Irlande et vers le continent). Les contrôles vont se faire dans les ports et aéroports nord-irlandais. Il reviendra à la douane britannique d’assurer le respect des règles du jeu.

En cas de feu vert du Parlement britannique, l’accord prévoit une période de transition jusque fin 2020. Cette date butoir pour passer au nouveau régime peut être prolongée sur demande de l’Irlande du Nord. Or à Londres la fronde est déjà en cours. Aussi bien la DUP nord-irlandaise, ancien partenaire de coalition des conservateurs de Boris Johnson, que les Travaillistes de Jeremy Corbyn, ont déjà annoncé leur veto. Rien n’est donc encore acquis.

À Bruxelles, David Marques

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