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Attaque en France : le jihadiste est brusquement passé à l’acte


Des membres de la police technique et scientifique relèvent des indices, samedi matin, autour du supermarché où a eu lieu la prise d'otages. (Photo: AFP)

Avec le décès, samedi, du lieutenant-colonel de gendarmerie qui s’était substitué à une otage retenue par un assaillant jihadiste dans l’Aude, le bilan de l’équipée meurtrière de Radouane Lakdim à Carcassonne et Trèbes monte à quatre morts.

L’enquête confiée aux services antiterroristes se concentre sur l’entourage du tueur, avec le placement en garde à vue dans la nuit d’un jeune homme de 17 ans présenté comme un ami de Radouane Lakdim. Vendredi soir, une « proche qui partageait sa vie » avait déjà été placée en garde à vue, après une perquisition dans son quartier de Carcassonne, selon le procureur de Paris, François Molins. La jeune-femme de 18 ans était la compagne du terroriste, selon plusieurs médias français. Radouane Lakdim, Français d’origine marocaine, 25 ans, a été abattu par les forces de l’ordre après une prise d’otages dans un supermarché Super U de Trèbes, commune proche de la cité historique de Carcassonne.

Peu après cette prise d’otages, Arnaud Beltrame, un gendarme de 45 ans, s’était livré à la place d’une femme que l’assaillant avait pris comme « bouclier », a rapporté samedi une source proche du dossier. Grièvement blessé par l’assaillant, Arnaud Beltrame a succombé à ses blessures. Emmanuel Macron lui a rendu hommage, déclarant qu’il était « tombé en héros » Les drapeaux et étendards de la gendarmerie sont mis en berne ce samedi, a tweeté la gendarmerie nationale.  Le général Richard Lizurey, son directeur général, a aussi rendu hommage à l’héroïsme d’Arnaud Beltrame, s’inclinant devant son « courage », son « sens du sacrifice » et son « exemplarité ».

Attaques revendiquées par Daech

Les enquêteurs tentent désormais de comprendre les raisons du passage à l’acte de Radouane Lakdim, alors qu’il ne semblait plus être une menace aux yeux des autorités. Il s’est présenté vendredi comme « un soldat » du groupe jihadiste Etat islamique (EI), qui a peu après revendiqué les attaques. La dernière attaque en France, ciblée depuis 2015 à de nombreuses reprises, avait eu lieu il y a plus de cinq mois et avait fait deux morts, le 1er octobre 2017, à la gare Saint-Charles de Marseille.

« Nous avions suivi » Radouane Lakdim « et nous pensions qu’il n’y avait pas de radicalisation », mais « il est passé à l’acte brusquement », a concédé le ministre de l’Intérieur, Gérard Collomb. Né au Maroc le 11 avril 1992, cet homme vivait à Carcassonne. Il avait été naturalisé en 2004 car son père était devenu français, selon une source proche de l’enquête.

A partir de 2014, il a été suivi par les services de renseignements et fiché « S » (pour sûreté de l’Etat) « en raison de ses liens avec la mouvance salafiste », selon François Molins. Mais il a ensuite semblé changer de registre. En août 2016, il a fait un mois de prison après des condamnations pour « port d’arme prohibé », « usage de stupéfiants » et « refus d’obtempérer ».

Equipée meurtrière

En 2016 et 2017 il a de nouveau été suivi par les services de renseignement, qui n’ont décelé aucun « signe précurseur pouvant laissent présager un passage à l’acte terroriste », selon François Molins. Sa surveillance est alors arrêtée. Lors de ses attaques, il a notamment demandé « la libération de frères » dont, selon une source proche du dossier, celui de Salah Abdeslam, seul membre encore en vie des attentats jihadistes du 13 novembre 2015 (130 morts), emprisonné à Paris.

Radouane Lakdim a entamé son équipée meurtrière peu après 10h vendredi en volant une voiture à Carcassonne, dont il tue le passager et blesse grièvement le conducteur. Il se dirige ensuite vers une caserne de parachutistes où il patiente « quelques minutes vraisemblablement afin d’attendre des militaires ». Il fait alors demi-tour et se dirige vers une caserne de CRS, où il tire sur quatre d’entre eux rentrant d’un footing, blessant légèrement l’un à l’épaule, avant de prendre la fuite.

Les clients mis à l’abri dans un frigo de boucher

Vers 11h15, il entre dans un supermarché Super U de Trèbes et tue un employé et un client. « J’ai vu un individu très excité qui avait une arme de poing, un couteau et qui criait Allah Akbar », a raconté Christian Guibbert, ex-policier, qui faisait ses courses et a mis plusieurs clients à l’abri « dans un frigo de boucher ». « On a fait sortir des collègues et des clients par la porte de secours à l’arrière », a confirmé Jacky, collègue de travail d’une des victimes à la boucherie du supermarché. « Il a été tué d’une balle dans la tête à bout portant », a-t-il ajouté.

Vers 14h20, Redouane Lakdim seul avec l’officier de gendarmerie retenu en otage, ouvre le feu sur le militaire, déclenchant l’intervention du GIGN, selon le récit du procureur Molins. La France vit sous la menace terroriste depuis la vague d’attentats jihadistes sans précédent qui désormais ont fait 245 morts depuis 2015. Malgré ses déroutes militaires en Irak et en Syrie, l’EI reste une menace par ses attaques à distance ou menées en son nom par des individus plus ou moins isolés.

Le Quotidien/AFP

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