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Ariane 5 tire sa révérence après 27 ans et une dernière mission réussie


l'ultime tir d'Ariane 5 s'est déroulé sans encombre sous les yeux de centaines de spectateurs (Photo : AFP)

Une page se tourne: après 27 ans de service et deux reports de son ultime envol, la fusée Ariane 5 a tiré sa révérence mercredi soir à Kourou, en Guyane française, en envoyant en orbite un satellite français et un allemand.

Ariane 5 a décollé avec succès à 19H00 locales (22H00 GMT) depuis le Centre spatial guyanais à Kourou, la troisième fois étant la bonne après deux reports: le 16 juin pour une raison technique puis le 4 juillet à cause de la météo. Le satellite de communications militaires français (Syracuse 4B) et le satellite expérimental allemand se sont séparés du lanceur au bout d’une trentaine de minutes pour être placés en orbite.

Le premier report était dû à des « non conformités » sur les lignes de commandes impliquées dans la séparation des boosters de la fusée. Quant au second, il avait été provoqué par des « vents défavorables à haute-altitude » au-dessus du Centre spatial, entraînant un délai de 24 heures.

Mercredi soir, l’ultime tir d’Ariane 5 s’est déroulé sans encombre sous les yeux de centaines de spectateurs réunis sur place, parmi lesquels des officiels locaux ou encore l’ancienne ministre française de la Justice, Christiane Taubira. Certains collaborateurs ont laissé éclater leur joie après le décollage réussi, tandis que des applaudissements ont salué la deuxième séparation.

La mise en orbite du satellite français « marque un tournant majeur pour nos armées: meilleures performances et meilleure résistance aux brouillages », s’est félicité sur Twitter le ministre français des Armées, Sébastien Lecornu.

Il s’agissait du 117e vol de la fusée, qui a connu des débuts difficiles: elle avait explosé juste après le décollage lors de son vol inaugural en 1996. L’appareil n’a ensuite subi qu’un seul autre échec, en 2002. « On a mis deux ans à revenir en vol », a rappelé le directeur technique du maître d’oeuvre ArianeGroup, Hervé Gilibert.

La suite de l’histoire est un enchaînement de succès, Ariane 5 se forgeant une réputation de fiabilité telle que la Nasa lui confie même son emblématique télescope James Webb, d’une valeur de dix milliards de dollars. Le lancement, réussi le jour de Noël en 2021 marque l’apothéose pour celle qui envoya les sondes Rosetta sur la comète Tchouri (2004) et Juice vers Jupiter, en avril 2023.

Douze pays ont participé à la fabrication de ce lanceur lourd, « le fer de lance de l’Europe spatiale », selon les mots de Daniel Neuenschwander, directeur du transport spatial de l’agence spatiale européenne (ESA).

Avec une capacité de lancement doublée par rapport à Ariane 4, la cinquième du nom permet à l’Europe de s’imposer sur le marché des satellites, profitant d’un « creux » côté américain. Une situation inversée depuis. Ce vol d’adieu d’Ariane 5 sera suivi de longs mois de vide en attendant la future N.6 — au mieux fin 2023 — dont le déploiement pâtit de retards cumulés.

Plus puissante et plus compétitive avec des coûts divisés par deux par rapport à Ariane 5, Ariane 6 a été conçue pour résister à la société américaine SpaceX d’Elon Musk, qui réalise plus d’un tir par semaine. Les essais pour sa qualification battent leur plein, mais l’ambiance est morose à Kourou. La fin d’Ariane 5 va entraîner 190 suppressions de postes sur 1.600, la nouvelle fusée ayant des besoins réduits en main d’oeuvre et en maintenance.

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