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Arabie saoudite : après la répression, le temps des libérations


La militante Loujain al-Hathloul a passé plus de deux ans en détention. (photo AFP)

L’Arabie saoudite détient des centaines de dissidents présumés, y compris des défenseurs des droits humains et des dignitaires religieux, mais a commencé à libérer certains, au moment où le royaume fait face au retour des pressions américaines avec l’administration de Joe Biden.

Au cours de la vaste campagne de répression orchestrée par le prince héritier Mohammed ben Salmane, le dirigeant de facto du royaume, des universitaires, des religieux, des journalistes ainsi que des membres de la famille royale saoudienne ont été arrêtés.

Après plus de deux ans passés en détention provisoire, la militante des droits humains Loujain al-Hathloul a été libérée mercredi. Elle avait été condamnée fin décembre à cinq ans et huit mois de prison pour « diverses activités prohibées par la loi antiterroriste ». D’autres Saoudiens ont été libérés ou sont en passe de l’être :

Walid Fitaihi. Le fondateur d’un hôpital réputé de la ville de Jeddah, dans la mer Rouge, et orateur inspiré qui est salué par ses partisans comme le « Deepak Chopra du Moyen-Orient », a été libéré à la mi-2019 quasiment après deux ans de détention. Mais dans un revirement judiciaire inattendu en décembre, le médecin formé à Harvard a été condamné à six ans de prison pour avoir notamment obtenu la citoyenneté américaine sans autorisation officielle et avoir tweeté son soutien aux soulèvements du Printemps arabe 2011.

Cependant, Walid Fitaihi, 56 ans, n’a purgé aucune peine de prison après avoir interjeté appel de ce jugement, selon une source proche de sa famille. Le mois dernier, une cour d’appel a confirmé sa condamnation mais a réduit de moitié sa peine de six ans de prison, et suspendu une partie de la peine restante. Lui et plusieurs membres de sa famille font toujours l’objet d’une interdiction de voyager qui les empêche de quitter le royaume.

Salah al-Haider. Fils de la militante des droits des femmes Aziza al-Yousef, il a été arrêté en avril 2019 et accusé de crimes liés au terrorisme. Ayant la double nationalité américaine et saoudienne, il a été enlevé quelques jours seulement après que sa mère ait été mise en liberté provisoire. Cette dernière a été arrêtée en même temps que Loujain al-Hathloul et d’autres militantes peu avant que l’Arabie saoudite ne lève, en juin 2018, une interdiction faite aux femmes de conduire qui dure depuis des décennies. Salah al-Haider a été libéré la semaine dernière en attendant son procès devant le tribunal antiterroriste et sa prochaine audience est prévue pour le 8 mars, selon le groupe Freedom Initiative basé à Washington.

Bader al-Ibrahim. Écrivain et médecin, il a été arrêté en avril 2019 et accusé de crimes liés au terrorisme. Il a été libéré provisoirement en même temps que Salah al-Haider la semaine dernière. Sa prochaine audience devant le tribunal antiterroriste est également prévue le 8 mars, selon Freedom Initiative. Le Département d’État américain a déclaré qu’il « surveillait de près » les cas Ibrahim et Haider.

Ali al-Nimr, Daoud al-Marhoun et Abdallah al-Zaher. Issus de la communauté chiite minoritaire, ces trois Saoudiens ont été arrêtés alors qu’ils étaient mineurs en 2012 après avoir participé à des manifestations antigouvernementales lors des soulèvements du Printemps arabe. Condamnés à mort pour « terrorisme », leurs peines ont été commuées à dix ans de prison, a annoncé dimanche la Commission des droits de l’homme du royaume (HRC). La peine de prison inclut la période de détention et ils doivent être libérés l’année prochaine, a ajouté la Commission, un organisme officiel.

En avril dernier, la HRC avait déclaré que le royaume mettait fin à la peine de mort pour les personnes condamnées pour des crimes commis alors qu’elles avaient moins de 18 ans. Cette réforme dans un pays qui a l’un des taux d’exécution de condamnés à mort les plus élevés du monde a été largement saluée par les militants.

LQ/AFP

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