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Angola : Isabel dos Santos accusée formellement de fraude et blanchiment


La femme d'affaires de 46 ans et son entourage possèdent des participations importantes dans au moins 17 sociétés portugaises. (photo AFP)

Isabel dos Santos, la fille de l’ex-président angolais José Eduardo dos Santos, est formellement accusée de toute une série de délits, parmi lesquels fraude, détournement de fonds et blanchiment d’argent, a indiqué le procureur général d’Angola.

Réclamée par la justice angolaise, Isabel dos Santos devra également répondre notamment d’accusations de trafic d’influence, abus de biens sociaux et faux en écritures durant son mandat à la tête du groupe pétrolier public Sonangol, a précisé le procureur général Helder Pitta Gros mercredi soir lors d’une conférence de presse.

Isabel dos Santos a été à la tête de la Sonangol durant dix-huit mois à partir de juin 2016. Elle a aussi dirigé plusieurs autres compagnies publiques angolaises dans les secteurs de la téléphonie et des mines, et a acquis des participations dans d’autres groupes, notamment bancaires, au Portugal. Elle prévoirait d’ailleurs vendre ses parts détenues dans la banque portugaise Eurobic, selon les médias portugais. Elle aurait transféré des fonds d’origine douteuse au Portugal, via cette banque dont elle est la principale actionnaire.

Figure de proue des investissements angolais réalisés au Portugal, qui se sont accélérés à la faveur de la crise de 2011, la femme d’affaires de 46 ans et son entourage possèdent des participations importantes dans au moins 17 sociétés portugaises.

« Une armée » à son service

Les détails des malversations présumées d’Isabel dos Santos – qui a dénoncé un « tissu de mensonges » monté pour des raisons politiques – ont été révélés dimanche par les « Luanda Leaks » publiées dimanche par le Consortium international des journalistes d’investigation (ICIJ). Les 36 médias internationaux du consortium, parmi lesquels la BBC, le New York Times ou Le Monde, ont mobilisé 120 journalistes dans une vingtaine de pays pour exploiter une fuite de 715 000 documents et révéler « comment une armée de sociétés financières occidentales, d’avocats, de comptables, de fonctionnaires et de sociétés de gestion ont aidé » cette femme de 46 ans « à cacher des avoirs aux autorités fiscales ».

La justice angolaise a assuré mobiliser « tous les moyens possibles » pour ramener en Angola et y juger Isabel dos Santos, qui vit essentiellement entre Londres et Dubaï depuis le retrait du pouvoir de son père en août 2017.

Les enquêtes menées par la justice angolaise ont commencé lorsque son successeur à la tête de la Sonangol, Carlos Saturnino, eut dénoncé des « transferts de fonds illicites » et d’autres procédures suspectes. Selon le parquet, la justice a identifié dans cette affaire cinq suspects, dont Isabel dos Santos, qui vivent à l’étranger. « Pour le moment, le problème c’est de leur notifier leur mise en accusation et d’obtenir leur retour volontaire en Angola », a assuré le procureur Gros. « Isabel dos Santos n’a pour le moment jamais manifesté la volonté de collaborer avec les autorités angolaises », a souligné le procureur.

LQ/AFP

Un banquier portugais retrouvé mort

Un banquier portugais, dont le nom apparait dans les « Luanda Leaks » et qui travaillait pour la banque Eurobic dont Isabel dos Santos est l’actionnaire principale, a été retrouvé mort à Lisbonne et se serait probablement suicidé, a-t-on appris jeudi auprès de la police. « Le corps » de Nuno Ribeiro da Cunha « a été retrouvé hier soir et tous les indices portent à croire qu’il s’agit d’un suicide », a indiqué un porte-parole de la police portugaise.

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