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Transports publics gratuits au Luxembourg : les pour et les contre…


Un père et ses deux fils ont pu découvrir une des deux navettes automatiques qui circulent au Pfaffenthal (Photo : Tania Feller).

Une première historique, cela se fête… ou pas. Si certains résidents luxembourgeois se réjouissent de la gratuité des transports publics, il en faudra plus à d’autres pour changer leurs habitudes. Reportage dimanche pour la journée d’inauguration à Luxembourg.

Ce week-end, le Luxembourg est entré dans l’histoire des transports publics. Deux mots clivants. Avant ce samedi, il y avait ceux pour qui laisser leur SUV au garage était une hérésie et il y avait ceux qui trouvaient les transports publics bien pratiques pour des raisons diverses et variées. Depuis samedi, les uns font la fête et d’autres fourbissent leurs arguments contre la mesure, d’autres encore se montrent critiques. J’ai demandé autour de moi et à la journée de la mobilité qui avait lieu dimanche sur la place d’Armes ainsi que dans des lieux en relation avec les transports à Luxembourg, l’avis des citoyens.
«Gratuit, gratuit… ça va être ponctionné sur nos impôts!, pense Charles. Pourquoi devrais-je payer pour un service que je n’utilise pas?»

«Venir travailler en bus à Luxembourg me prend deux fois plus de temps qu’en voiture. Et encore, seulement quand les correspondances sont à l’heure. J’ai trois bus à prendre depuis Septfontaines. Heureusement, je n’ai pas d’enfants à devoir récupérer chez une nounou», explique Natacha qui avoue disposer d’un emplacement de stationnement sur son lieu de travail. José, quant à lui, redoute que la qualité du service ne pâtisse de la gratuité : «Les trains arrivaient souvent en retard quand c’était payant. Vous croyez vraiment que les problèmes vont disparaître? Ce n’est pas magique.» «J’aime rouler en voiture, dit Gilles. Si tout le monde prend le train et le bus, il y aura plus de place pour moi sur la route. Je remercie les écolos!»

Chacun voit midi à sa porte. «J’en avais marre de payer deux euros pour aller de la gare centrale à Hamilius», témoigne Félix, un jeune urbain, tandis que sur la place d’Armes la Ville de Luxembourg étale ses propositions de transports en commun du bus électrique à la navette autonome en passant par les services Rollibus et Call-a-bus. «Ce n’est pas cher pour traverser le pays, mais honnêtement, à Luxembourg, je ne payais pas toujours ma place. Je n’ai d’ailleurs jamais vu de contrôleur.»

Deux jours de fête

«Cela fait un certain temps déjà que mon époux et moi utilisons les transports en commun pour venir en centre-ville. À quoi bon tourner des heures en voiture pour trouver une place de parking quand le bus et le tram vous déposent presque dans la Grand-Rue ou à Kirchberg», s’enthousiasme Emma, une dynamique retraitée. Bruno, lui, profite de ses déplacements en train pour bouquiner ou s’avancer dans ses dossiers. «Le pied sur l’embrayage dans les bouchons, ce ne serait pas possible. C’est une perte de temps. Lire bien confortablement installé me détend après ma journée de travail. Et puis, mieux vaut s’assoupir dans un train qu’au volant!» Ce cadre espère que la gratuité ne va pas briser l’ambiance calme et feutrée qui règne dans les trains le soir.

Qu’on soit pour ou contre les transports gratuits, le fait est qu’il y a beaucoup de monde dans les gares malgré un réseau et une couverture nationale perfectibles. Pour le moment, la gratuité semble davantage arranger les urbains ainsi que les jeunes ayant vécu dans de grandes villes européennes et habitués à fonctionner sans voiture. «On va faire des économies», assure Thierry, un père de famille, qui fait ses comptes : «Plus d’abonnement et moins d’essence à payer, compter sans l’usure de la voiture… Et je fais du bien à la nature.» «L’industrie pollue plus que les transports!», lance un opportuniste à casquette qui promène son petit chien et ne semble pas avoir saisi que la mesure n’est pas uniquement écologique.
L’air de rien, la gratuité va entraîner un changement d’habitudes. La Ville de Luxembourg et le ministère des Transports ont organisé des manifestations tout au long de ce week-end dans la capitale pour tenter d’apprivoiser les personnes encore réticentes. Un concert avait par exemple été organisé samedi soir au nouveau Tramsschapp, le centre de remisage du tram. Durant l’après-midi, des concerts étaient organisés dans les gares de Belval-Université, Luxembourg, Pfaffenthal-Kirchberg et Ettelbruck. Des numéros musicaux étaient également organisés dans les trains, les bus et le tram, ainsi que dans le funiculaire où œuvrait Serge Tonnar.
Dimanche, des «tours multimodaux» étaient organisés du centre-ville au funiculaire. Malheureusement pour les organisateurs et les participants qui avaient choisi de retourner au centre-ville en empruntant l’ascenseur du Pfaffenthal, ce dernier était à l’arrêt pour maintenance quand d’ordinaire la maintenance a lieu le premier lundi du mois. Les visiteurs ont également pu découvrir le poste de commande des bus de la Ville, les ateliers d’autobus, le musée des Tramways ou encore le tout fraîchement inauguré (en présence du ministre de la Mobilité) guichet d’information «Infobus» sur la place d’Armes.

Sophie Kieffer

Un commentaire

  1. C’est une sottise. Rien n’est gratuit dans ce monde. Qui paie? Les contribuables , bien entendu, ceux qui prennent le tram ou le bus et…les autres.

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