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Pour la JIF Luxembourg, le Covid est aussi une «crise de genre»


Égalité salariale et allongement d’un congé de naissance ouvert à tous les couples sont au cœur des revendications de cette deuxième grève nationale des femmes organisée par les féministes de la plateforme JIF. (photo Didier Sylvestre)

À l’occasion de la journée internationale des Droits des femmes, le 8 mars prochain, une grève des femmes sera organisée au Luxembourg pour plus d’égalité entre les sexes.

Le 8 mars prochain se tiendra la journée internationale des Droits des femmes. Un an après le début de la pandémie, la lutte pour parvenir à une véritable égalité entre les sexes demeure plus que jamais d’actualité, et même pressante. «La crise sanitaire a rappelé s’il était besoin que le travail des soins à autrui et d’autres activités qui ont été reconnues comme “essentielles” sont effectués majoritairement par des femmes. La crise du Covid-19 est donc également une crise de genre et nos revendications sont non seulement essentielles mais aussi urgentes», déclare Milena Steinmetzer, de la plateforme de défense des droits des femmes JIF.

Afin de poursuivre le combat pour que les droits des femmes soient respectés, la plateforme JIF de Luxembourg, à l’instar de nombreux autres pays dans le monde, a donc décidé d’organiser ce 8 mars, pour la deuxième année consécutive, une grève nationale des femmes. Celle-ci consistera en une marche virtuelle mais aussi une marche en présentiel à travers la capitale (si les conditions sanitaires le permettent) ainsi qu’en une série d’actions en ligne (voir encadré).

Ce rendez-vous sera aussi et surtout l’occasion de rappeler que les combats de l’an dernier restent à l’ordre du jour. En 2020 déjà, la grève des femmes avait en effet pour thème principal la revalorisation des métiers de la santé et du soin. Mais ce sera aussi l’occasion de mettre en avant les principaux champs d’action sur lesquels se penchent actuellement les féministes, en premier lieu desquels la justice salariale. «L’inégalité des salaires prévaut toujours – même si la différence n’est pas énorme au Luxembourg, elle existe –, les conditions de travail ne se sont pas améliorées et la situation du travail non rémunéré s’est même empirée», rappellent les membres de la plateforme.

Le Pappecongé pour tous

Au cœur des revendications se trouve aussi une demande de «réduction du travail rémunéré et non rémunéré». La JIF estime en effet qu’une réduction du temps de travail hebdomadaire, sans perte de salaire, permettrait aux femmes non seulement de ne plus subir une double journée de travail (ce sont elles qui effectuent encore très majoritairement les tâches ménagères et s’occupent des enfants) et de ne pas finir pauvres à la retraite, parce qu’elles auraient dû prendre soin des enfants par exemple.

Véritable serpent de mer, la question du logement demeure l’une des problématiques majeures du pays et la JIF exige que le gouvernement prenne à bras-le-corps cette question en créant des logements abordables et décents notamment, mais aussi en en assurant l’accès sans discrimination aucune, que celle-ci soit fondée sur le genre, le sexe, l’orientation sexuelle, l’âge, le handicap, le nombre d’enfants à charge, etc. Un enjeu d’autant plus important et urgent avec la crise économique qui va se poursuivre. La JIF souhaite d’ailleurs qu’il soit mis fin aux expulsions en temps de crise.

Dernier point majeur que les militantes entendent défendre : le remplacement du congé de paternité de dix jours. D’une part, celui-ci devrait être étendu à une durée de trois mois (avec maintien du salaire complet). «C’est au début de la vie d’un enfant que s’organise la répartition du travail des parents, souligne Jessica Lopes, de la JIF. Quand l’homme retourne au travail au bout de dix jours, la femme seule doit donc s’occuper du bébé. Un allongement de ce congé permettrait aussi à la mère, livrée à elle-même très rapidement, de trouver soutien et repos.» Il permettrait en outre de ne pas pénaliser les femmes dans le monde du travail, puisque hommes ou femmes seraient susceptibles de s’absenter pendant trois mois après une naissance.

Mais d’autre part, les féministes demandent que ce congé mal nommé de «paternité» ou «Pappecongé» soit ouvert à «tous.x.te.s», c’est-à-dire aussi aux couples lesbiens notamment. «La réglementation des congés parentaux est restée bloquée sur un modèle hétéronormé», dénonce Jessica Lopes. Un point entendu par le ministre du Travail Dan Kersch, que des représentantes de la JIF ont rencontré cette semaine. Le ministre leur a en effet assuré que la discrimination envers les couples homosexuels allait être réglée. «Ces dix jours de congés de naissance pourront donc pouvoir être pris aussi par des femmes», se réjouit Milena Steinmetzer.

Tatiana Salvan

Rendez-vous le 8 mars

Pandémie oblige, la JIF a élaboré un plan «flexible» pour cette deuxième grève des femmes. Outre différentes activités en ligne encore à définir, le lundi 8 mars, à partir de midi et pendant une heure environ, sera ainsi organisée «une marche en ligne», un rassemblement virtuel donc, pour les personnes vulnérables, qui ne peuvent ou ne souhaitent pas participer à un rassemblement.

Une marche réelle sera en outre organisée ce même jour à 17 h (dans le respect des règles sanitaires, masques et distanciation obligatoires), partant de la gare de Luxembourg jusqu’à la place d’Armes, avec un point d’arrêt devant le ministère du Travail. Si la pandémie s’aggrave, un plan B est prévu, qui consisterait plutôt en des actions statiques et décentralisées dans tout le pays.

Pour connaître les détails du programme et être averti des éventuelles modifications, il suffit de s’abonner à la newsletter ou de se rendre sur les réseaux sociaux (Facebook, Instagram, Twitter) de la plateforme JIF Luxembourg.

T. S.

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