Depuis l’autoroute A13, on voit les ouvriers s’activer jour et nuit : la plateforme logistique de Duelange-Bettembourg ne cesse de pousser, sur 33 hectares. Des terminaux ainsi qu’une «autoroute sur rail» ultramoderne serviront à desservir l’Europe entière. Visite du chantier, comme si vous y étiez.
Proche de la fameuse croix de Bettembourg, où les autoroutes A13 et A3 convergent, le chantier intrigue. « Beaucoup d’automobilistes passent devant tous les jours , explique une responsable chez CFL. La vue est impressionnante, le centre logistique vit tout le temps, même la nuit… » D’où les questions!
Nous avons pu visiter le site, embarqué dans la voiture de Marc Widong, responsable des projets infrastructures chez CFL. À quoi ressemble «le monstre»? L’idée qui domine est celle d’une création ex nihilo vertigineuse. Il n’y avait rien ici, sinon 33 hectares de champs. « Il nous a fallu déplacer 500 000 m 3 de terre, rien que pour le terrassement », explique Marc Widong.
Plutôt qu’agrandir les terminaux actuels, les CFL chamboulent tout. « Question de place, tout simplement .» Les anciens terminaux (rails où l’on charge les conteneurs) vont devenir une sorte d’aire de repos capable d’accueillir 400 camions. Et les 33 hectares de champs vont accueillir deux types d’infrastructures : l’autoroute ferroviaire, terme qui désigne les rails où l’on peut charger directement le semi-remorque (soit le camion sans la cabine). Et le terminal combiné, terme qui désigne les rails où l’on charge des conteneurs, après opérations de déchargement de la cargaison du camion, donc.
Une sorte de tarmac envahi de rails…
Concrètement, dans un cas comme dans l’autre, les infrastructures ressemblent à un tarmac d’aéroport. Les aires de chargement s’étalent sur des rails de 700 mètres de long! « Contre 300 avant, glisse Marc Widong . Nous allons pouvoir rentrer des trains entiers, d’où la multiplication des cadences par deux ou quatre, selon les cas .» L’autoroute ferroviaire multiplie sa capacité de chargement par quatre (jusqu’à 16 trains par jour), le terminal combiné par deux (jusqu’à 12 trains par jour).
C’est le long de ce dernier que les machines sont les plus impressionnantes. Pour charger les conteneurs, deux énormes grues portiques vont animer leur mâchoire d’acier. Le revêtement des aires n’est pas fini, mais les grues portiques sont déjà là! « Elles peuvent soulever jusqu’à 41 tonnes , précise Marc Widong. Au-delà, la puissance ne sert à rien de toute façon… les camions ne sont pas autorisés à dépasser les 40 tonnes. »
Pour vérifier que le poids convient, les camions passeront six par six au «gabarit». Un portique qui ressemble à un péage, sauf qu’il s’agit d’une balance géante! « Le sol est parsemé de capteurs pour peser le camion, mais aussi l’équilibre du chargement. » Une fois sur le rail, il ne s’agirait pas que les conteneurs flanchent…
L’organisation du terminal combiné sera réglée comme une horloge. Les camions stationnent sur des files d’attente, le long des rails. Puis les «reach stackers» viennent chercher la cargaison. Ce sont des tracteurs équipés d’un gros bras mécanique pour déposer le conteneur au pied des rails. Ne reste plus qu’à laisser les grues portiques faire leur travail…
Du côté de l’autoroute ferroviaire, les opérations sont plus simples. Le camion arrive, se gare en épis le long du rail. La structure permet au wagon du train de s’incliner de 30 degrés : ne reste plus qu’à y déposer la remorque!
Tous ces terminaux seront gérés par une tour de contrôle, comme dans un aéroport. La vue depuis la tour est saisissante : des rails à perte de vue, au loin l’aire de repos des camions, derrière l’espace de stockage logistique, où des bâtiments poussent à vitesse grand V… C’est une ville qui pousse ici, avec ses bâtiments administratifs, son hall d’entretien, ses zones techniques et ses nombreux points de contrôle. Il y aura même une minicaserne de pompiers, en cas de problème lors du transport de matières dangereuses.
Hubert Gamelon
Faites défiler notre diaporama ci-dessous (photos JC Ernst et I.Finzi) :
Chiffres-clés
• 230 millions d’euros : la somme investie par l’État luxembourgeois dans la nouvelle plateforme logistique.
• 20% : comme la superficie qui concerne en réalité la commune de Bettembourg. Eh oui, la plateforme se situe en fait à 80 % sur le ban de Dudelange!
• 300 ouvriers mobilisés sur le chantier, avec une centaine d’entreprises à coordonner.
• 40 mètres de large : l’espace entre les deux bras des grues portiques.
• 6 millions d’euro : le prix d’une grue portique (si vous avez de la place dans le jardin…).
• 90 centimètres : la couche de remblais de renfort au sol, pour supporter le va-et-vient des camions. Dont 10 cm de scories (déchets d’acier) de haut-fourneaux!