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« On perd sa motivation » : le quotidien des étudiants luxembourgeois


Privés de perspectives, les étudiants supportent de plus en plus mal la situation. (illustration Tania Feller)

À quoi ressemble la situation des étudiants luxembourgeois, cloîtrés chez eux, près d’un an après le début de la pandémie ? Désarroi, solitude, angoisse… Nous avons recueilli différents témoignages de jeunes qui étudient à l’étranger, en voici quelques-uns.

Amélie : « La ville est morte »

Liège est très connue pour sa convivialité. « Cette ville ne dort jamais. On rencontre toujours des étudiants dans les rues. À chaque fois que l’on sort, on fait de nouvelles connaissances. On est souvent assis autour d’un verre », raconte Amélie Roulez, secrétaire du Cercle des étudiants luxembourgeois à Liège (Lestlé). « Aujourd’hui, la situation est tout autre. La ville est morte. Personne n’est dans les rues… », reprend l’étudiante.

Au moins, l’organisation des cours fonctionne, à la satisfaction des étudiants. « Certains professeurs ont enregistré des podcasts. On a également la possibilité de poser nos questions. Malgré tous les efforts qui sont fournis, l’ambiance des cours en ligne n’est en rien comparable à celle d’un cours dispensé en amphithéâtre », affirme Amélie. Elle s’est renseignée auprès de ses camarades. Conclusion : « La situation actuelle aura de grandes répercussions sur la réussite des étudiants. »

L’impact sur le moral est indéniable. « On est quand même encore chanceux. Nous ne sommes pas complètement enfermés dans notre petit kot (NDLR : logement étudiant). On peut rentrer à tout moment au Luxembourg pour voir nos parents », se réjouit Amélie. La période d’examens de janvier a pourtant été dure à supporter. « Là, j’étais vraiment enfermée pendant trois semaines. On perd sa motivation », admet Amélie. Liège et ses étudiants n’attendent que d’être déconfinés.

Pit : « Je me suis retrouvé avec 300 étudiants dans un amphi »

Le Luxembourg figure depuis de longs mois sur la liste rouge de la Suisse. Les voyages vers le pays helvétique restent donc très compliqués, y compris pour les étudiants luxembourgeois. « Un test négatif n’est pas suffisant pour entrer sur le territoire. Si l’on revient du Luxembourg, il faut respecter une quarantaine stricte. C’est fatigant », note Pit Bechtold, membre du comité du Cercle des étudiants luxembourgeois à Zurich (LSZ). Petite consolation : « Les restrictions au quotidien sont limitées. On peut voir plusieurs personnes à la fois, tout en restant prudent. »

À Zurich, les cours sont également dispensés en ligne. « Au départ, il a encore été tenté de mettre en place une alternance avec la moitié des étudiants en présentiel et l’autre devant leurs écrans. Ce concept a cependant été rapidement abandonné », relate Pit. Par contre, les examens ont lieu en présentiel. « Je me suis retrouvé avec 300 étudiants dans un amphithéâtre. C’est assez bizarre », évoque Pit. L’université avait toutefois donné la possibilité aux étudiants de se faire tester.

Au Luxembourg, les étudiants de la métropole suisse sont surtout connus pour le bal de Zurich, organisé à Noël. La pandémie a eu raison de l’édition 2020. Qu’en est-il du 25 décembre prochain ? « J’espère que l’on pourra se donner rendez-vous au bal », termine Pit.

Thomas : «On est très isolé»

Thomas Nieuwenhuis suit ses études supérieures à Amsterdam. Les Pays-Bas se trouvent actuellement dans un confinement strict. « On est très isolé, déplore l’étudiant luxembourgeois. On ne peut voir qu’une personne d’un autre foyer. De plus, le couvre-feu est fixé à 21h. » Également président du Cercle des étudiants luxembourgeois aux Pays-Bas (LSNL), Thomas et ses camarades vont désormais tenter de mieux encadrer et divertir leurs membres : « La solitude se fait vraiment remarquer. »

« À 99 % », les cours sont dispensés en ligne.« Les portes des universités sont fermées. Il existe uniquement des exceptions pour les étudiants ayant besoin d’un accès dans un laboratoire ou dans des cas similaires. » Globalement, « cela se passe bien ». Les examens ont également été organisés en ligne. « Un outil de surveillance a été mis en place pour éviter que les étudiants trichent », détaille Thomas. Les voyages constituent un autre défi entre les Pays-Bas et le Luxembourg. « Il nous faut passer par la Belgique. Or les règles changent souvent », avance le président du LSNL. Le voyage en voiture évite de devoir présenter un test négatif. « Il arrive ainsi que l’on fasse du covoiturage jusqu’à Maastricht. Certains prennent ensuite le train pour rejoindre leur ville universitaire », note encore Thomas.

Mara : « Mon cours perd en valeur »

Mara von Kymmel, Tessy Kuffer et Laura Spillets suivent toutes les trois leurs études supérieures à Londres, une des villes les plus grièvement touchées par le Covid-19.

« Le confinement est déprimant pour beaucoup de personnes, d’autant plus que l’on n’a aucune possibilité de se défouler lors d’une sortie au restaurant ou au théâtre. Il est d’autant plus important de maintenir le contact avec ses camarades et de garder le sentiment de ne pas devoir subir la situation tout seul », témoignent les trois étudiantes affiliées au Cercle des étudiants luxembourgeois en Grande-Bretagne (SLSB).

Contrairement à d’autres Grand-Ducaux, Mara, Tessy et Laura ont fait le choix de rester à Londres. Elles affirment que l’organisation des cours en ligne, dans sa globalité, fonctionne bien. Il existe toutefois des problèmes, notamment pour les études plus techniques. « Je suis des études en architecture. Mes cours sont basés sur du travail pratique. Étant privée de travaux en présentiel, mon cours perd en valeur. Tous les outils techniques dont j’ai besoin se trouvent à l’université », déplore ainsi Mara. Étudiante en littérature, Tessy a réussi à mieux s’adapter aux cours en ligne, « même si l’expérience est tout à fait différente entre cours en présentiel et cours en virtuel ».

Recueillis par David Marques

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