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Manifestation à Luxembourg : l’Horeca crie son désespoir


Les slogans affichés au cours de la manifestation étaient sans équivoque. (photo Claude Lenert)

Des centaines de membres du secteur ont manifesté, jeudi après-midi, place d’Armes à Luxembourg, afin d’interpeller députés et membres du gouvernement, qui se trouvaient en séance publique au Cercle Cité.

Les manifestants réunis place d’Armes ont au moins eu une satisfaction : une proposition de loi a été remise par l’avocat du collectif Don’t forget us, Me Frank Rollinger, au président de la Chambre, Fernand Etgen, qui est sorti sur le parvis du Cercle Cité pour aller à la rencontre des manifestants.

Ils ont voulu faire entendre leur voix et leur désarroi, et ils y sont parvenus. C’était l’objectif des centaines de membres du secteur Horeca et du secteur des loisirs, rejoints par de nombreux sympathisants, qui ont répondu à l’appel de l’initiative du serveur d’un café de Diekirch, laquelle a été relayée et reprise à grande échelle par le collectif Don’t forget us. Dans une ambiance survoltée, les manifestants ont rappelé, à coups de slogans plus qu’explicites, que leur condition ne tenait plus qu’à un fil.

«Notre métier, nos logements, notre futur», «22 000 emplois, 3 000 entreprises», «330 jours de restrictions, 160 jours de fermeture», «Vous fermez, Vous payez», «Tuez le virus, pas notre secteur», «Pas de vaccin contre le chômage», ou encore «Aides depuis mars, pas depuis novembre» : tel est le type de messages que les manifestants ont tenu à véhiculer depuis la place d’Armes et son kiosque à musique, à l’intention des parlementaires et ministres qui siégeaient juste en face, à l’intérieur du Cercle Cité. Débités à plein volume par des haut-parleurs depuis le kiosque, les discours revendicatifs n’ont pu être ignorés par la classe politique, tout comme la multitude de pancartes et de bâches cinglantes.

À l’initiative d’un serveur de Diekirch

À l’origine de ce rassemblement masqué (consignes sanitaires obligent) se trouve un certain Élie Clement, serveur dans le café Miche de Diekirch : «J’ai décidé de lancer cette manifestation en ce jour précis du fait de la présence des députés à la Chambre, pour qu’ils nous entendent vraiment, car on en a besoin. Il faut qu’ils écoutent les difficultés que le secteur leur expose, parce qu’on est tous en train de mourir à petit feu. On nous a promis des aides à hauteur de 90 % de nos frais non couverts, mais malheureusement, on voit que beaucoup d’entre nous n’ont même pas les 90 % promis. Ma patronne vient de me dire qu’elle a reçu ses aides de frais non couverts pour le mois de décembre 2020. C’était 3 400 euros. Je suis désolé, mais cette somme ne les couvre pas !», déplore Élie Clement.

Plusieurs centaines de personnes ont répondu à l’appel à manifester, jeudi, sur la place d’Armes à Luxembourg. (photo : claude lenert)

Gérant d’un café à Esch-sur-Alzette, Filippe explique lui aussi sa présence à la manifestation par sa volonté d’être entendu par les autorités. «Je ne suis pas contre la fermeture des cafés, vu la question de santé publique qui se pose. Mais si nos portes doivent rester closes, il faut que les aides arrivent le plus vite possible pour tout le monde, car certains n’ont plus de trésorerie et doivent avancer leur propre argent. Or on doit pouvoir payer les salariés et toutes les charges. On nous dit que les aides vont venir, mais jusqu’à présent on ne voit rien. C’est bien de parler de droit aux aides, mais entretemps, il n’y a pas grand-chose qui est venu et on parle de familles… Il faut donc ces aides pour éviter des faillites.»

Aides : des modalités contestées

Reprise à grande échelle par l’ASBL Don’t forget us, qui regroupe de nombreux membres du secteur Horeca, la manifestation a également permis à de gros restaurateurs de rappeler leurs doléances sur la place publique. À l’image de Yannis Xydias, l’un des associés principaux du Manso Group qui représente pas moins de douze établissements et  250 employés : «Notre revendication principale est l’alignement des aides qui nous sont offertes en ce moment par le gouvernement, qui sont déjà une bonne base, avec les différents niveaux qui sont permis au niveau européen. On a l’impression que le Luxembourg a une grosse marge budgétaire pour aider et sauver le secteur, protéger les emplois et les entreprises. Mais malgré les sommes considérables qui peuvent être déployées, selon le droit européen, l’État a décidé de limiter les aides en termes de durée et de montants, ainsi que d’imposer des plafonds qui ne font pas beaucoup de sens pour les entreprises représentées dans notre association. On souhaite donc que les aides soient revues. Dans ce cadre, notre avocat a remis une proposition de loi pour soutenir le secteur et protéger les emplois.»

Les salles de loisirs souffrent aussi

La crise touche également l’industrie des loisirs, comme le rappelle le secrétaire du collectif Don’t forget us, Claude Legrand, du bowling de Foetz et du Fun City de Pétange. «On est avant tout ici pour se faire entendre et je dois dire que certaines aides nous satisfont assez. Par contre, on n’a rien reçu des aides décidées à partir de novembre et qui devraient courir jusqu’au mois de mars, soit une prolongation théorique des aides du premier confinement. Deuxièmement, il y a une discrimination entre les microentreprises (jusqu’à 10 employés), qui peuvent percevoir jusqu’à 20 000 euros d’aides de frais non couverts par mois, alors que pour les petites entreprises (à partir de 11 employés), le plafond est fixé à 100 000 euros. Enfin, l’UE a décidé que l’État pouvait soutenir les sociétés si elles ont une diminution de leur chiffre d’affaires de 30 %. Mais le Luxembourg a adapté ce taux et demande une diminution de 40 %.»

 

Un commentaire

  1. beaucoup n’ont même pas porté le masque correctement; mais sous le nez ou sous le menton, ça promet pour l’hygiène dans leur resto!!! La semanine prochaine: cluster horesca, ouverture reportée…

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