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Luxembourg-Ville : Pas de pitié pour le 29 !


Les propriétaires veulent conserver la façade, mais également construire des étages supplémentaires. (photo François Aussems)

À une large majorité, le conseil communal de Luxembourg s’est prononcé contre l’inscription du 29, avenue de la Gare à l’inventaire des monuments nationaux.

Ce n’est qu’un avis, mais il ne compte pas pour rien. Par la voix de sa bourgmestre, Lydie Polfer (DP), la capitale fait obstacle au souhait de la ministre de la Culture, Maggy Nagel (DP, elle aussi) de préserver comme tel un des plus anciens bâtiments de l’avenue de la Gare.

Sans doute que Lydie Polfer s’attendait à des échanges plus vifs, ce lundi. Mais sans doute que les conseillers étaient déjà fatigués par les interminables débats portant sur la précision relative des anciens plans des canalisations et des aléas des chantiers… N’empêche, la question de la protection d’un bâtiment portant «une des façades les plus riches de toute l’avenue», dixit le service de l’urbanisme de la capitale, a été vite expédiée.

Le débat a porté sur le besoin de classer cet immeuble à un échelon national alors qu’il fait déjà partie des «ensembles sensibles» de la capitale. Lydie Polfer en est sûre : « Donner un avis négatif est la meilleure décision à prendre. » Et lorsque Guy Foetz (déi Lénk) rétorque que ce classement en zone sensible « n’est pas suffisamment contraignant pour protéger efficacement les bâtiments », elle réfute sans toutefois apporté le moindre argument.

Rien que du façadisme

Marc Angel (LSAP), également président du Luxembourg City Tourist Office –  ce qui n’est pas sans rapport avec la question  –, regrette que le quartier soit régulièrement l’objet des assauts cavaliers de promoteurs immobiliers. « La Maison Berbère, rue Glesener, a déjà disparu… Il n’y a plus beaucoup de témoins de cette époque. C’est pour cela qu’il faut suivre l’avis de la commissions des Sites et Monuments » a-t-il plaidé.

« Plus beaucoup de témoins ?, s’est emballée Lydie Polfer. Mais il ne doit pas y avoir une ville au monde avec autant de maisons classées : le plateau Bourbon, la Ville-Haute, la Vieille Ville, la vallée de l’Alzette, la vallée de la Pétrusse… des témoins, il en reste !»

Elle se défend d’être le pourvoyeur de la situation actuelle d’un quartier de la gare « terriblement hétéroclite par la faute des urbanistes qui ont agi il y a 40 ans ».

La cause, de toute façon, était entendue puisque même le CSV a rallié l’avis de la bourgmestre. Apparemment, les propriétaires du bâtiment ont une idée en tête  : celle d’agrandir substantiellement la bâtisse en conservant la façade, mais en la surmontant de plusieurs étages.

Or si de tels travaux seraient rigoureusement impossibles avec une protection nationale, ce classement communal permet toute sorte d’évolution architecturale, à la condition que la Ville l’autorise. En l’occurrence, Lydie Polfer a bien montré hier qu’elle voyait ce concept de développement d’un très bon œil. « Nous devons guider et encourager les propriétaires pour qu’à cet endroit, et avec notre accord, ils puissent réaliser un beau projet » a-t-elle conclu.

Le service des Sites et Monuments nationaux avait raison de craindre pour l’intégrité d’une maison à l’intérêt patrimonial certain. Si la demande d’inscription à l’inventaire supplémentaire des monuments nationaux a été requise, c’est aussi parce que l’intérieur de la demeure est resté dans sa configuration originale. Aujourd’hui, il est urgent de le documenter car il a de bonnes chances de disparaître.

La décision finale appartiendra cependant à la ministre qui peut outrepasser l’avis de la commune.

Erwan Nonet

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