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Luxembourg : L’autotest VIH, cinq minutes pour savoir


Il suffit de se piquer le doigt pour connaître le résultat quelques minutes plus tard (Photo : Audrey Libiez).

L’autotest VIH est disponible depuis quelques semaines dans les supermarchés Cactus. On l’a testé. Résultat, c’est aussi simple qu’un test de grossesse.

Il est en vente dans tous les supermarchés Cactus du pays depuis le 25 novembre dernier et dans les pharmacies depuis plus longtemps. Nous avons testé «l’autotest VIH». À noter qu’entre le 25 novembre et le 4 décembre, Cactus souligne avoir vendu «53 unités».
Pour rappel, un autodiagnostic VIH est une option complémentaire de dépistage du VIH permettant de supprimer certaines barrières au diagnostic, d’adapter son comportement en conséquence et ainsi de se protéger soi-même et les autres.
Pour en revenir à notre test, direction le Cactus du centre-ville d’Esch-sur-Alzette. Pas la peine de chercher dans le rayon des préservatifs pour le trouver dans la mesure où l’autotest est disponible, en tout cas dans ce magasin, sur demande à la première caisse.
Contre 20,20 euros, l’autotest VIH est en poche ou plutôt sa boîte. Cette dernière contient un autotest, une dosette de diluant, un pansement, un support, une compresse, une lingette désinfectante et un autopiqueur.

Comme un test de grossesse

Il y a également trois modes d’emploi en trois langues, à savoir français, allemand et néerlandais. Une langue latine comme le portugais, l’espagnol ou l’italien n’aurait pourtant pas été superflue au Luxembourg, contrairement au néerlandais.
On commence par le début en dépliant le mode d’emploi de l’autotest qui souligne être «fiable» pour détecter une infection au VIH – le virus de l’immunodéficience humaine (VIH) est un rétrovirus infectant l’humain et responsable du syndrome d’immunodéficience acquise (sida) – datant de plus de trois mois.
Le fascicule est très simple à comprendre et explique les différentes étapes à suivre. Il est mentionné qu’il faut environ 5 minutes pour réaliser l’autotest et 15 minutes pour attendre la lecture du résultat. Lors de notre test, au bout de quelques petites minutes, le résultat était déjà très clairement visible.

(vidéo : Jeremy Zabatta)

Le test se fait en trois grandes étapes et repose sur une technique assez simple. Pour schématiser, il faut se piquer le doigt afin de faire sortir une goutte de sang qui sera analysée par l’autotest, une technique que les diabétiques connaissent bien. Et comme pour un test de grossesse, en fonction du résultat, une barre ou deux apparaissent sur l’autotest.
Une barre indique un résultat négatif, tandis que deux barres invitent à consulter un médecin dès que possible en lui expliquant avoir obtenu un résultat d’autotest VIH positif.
Le résultat est visible très vite et heureusement, car on ressent un léger «stress» ou du moins une appréhension étrange en attendant l’apparition d’une ou de deux barres. Heureusement, le résultat du test a été négatif mais on imagine aisément le frisson glaçant d’un résultat positif, d’où l’importance d’effectuer le test en présence d’une personne de confiance.
Pour rappel, les autorités sanitaires estiment que 1 176 personnes vivent actuellement au Luxembourg avec le VIH. En 2019, 40 personnes ont été nouvellement infectées et 86 personnes infectées à l’étranger se sont installées au Grand-Duché cette année.
De manière générale, le Luxembourg semble connaître une baisse des nouvelles infections. En 2017, 60 nouvelles infections ont été enregistrées, 48 en 2018 et 40 cette année.
Selon la dernière analyse de la situation luxembourgeoise, la flambée épidémique auprès des usagers de drogues par voie intraveineuse semble stoppée mais, en revanche, les autorités ont noté une augmentation des nouveaux cas d’infection auprès des hétérosexuels et une baisse chez les homosexuels et bisexuels.

Audrey Libiez et Jeremy Zabatta

15 % des personnes contaminées l’ignorent

Pour nous, l’autotest en vente libre est un outil supplémentaire pour dépister le sida, c’est donc une bonne chose», indique Sandy Kubaj, psychologue chargée de direction pour HIV Berodung, un service de la Croix-Rouge. «Cependant, nous conseillons aux gens qui veulent se faire dépister de réfléchir à l’impact que cela peut avoir et de s’entourer d’un personnel médical compétent. Chez nous, il y a toujours un psychologue et un infirmier, mais cela peut aussi être le médecin de famille. Ce personnel encadrant conseille et explique le processus et évalue s’il y a un risque de contamination. Si c’est le cas, il donne en amont la procédure à suivre en cas de résultat positif. Car une fois que les gens apprennent qu’ils sont séropositifs, ils ne sont plus en mesure d’écouter quoi que ce soit. Mieux vaut être entouré à ce moment-là.»
Le point très positif de ce test «c’est qu’il va permettre aux gens qui ne viennent jamais se faire dépister parce qu’ils ont honte – en particulier dans certains milieux culturels car il y a encore une stigmatisation des malades ou pour bien d’autres raisons – de connaître le résultat. Au supermarché, les personnes qui le désirent peuvent passer à une caisse automatique en toute discrétion.»

Sandy Kubaj rappelle que le test est gratuit dans son service avant d’assurer que «le plus important est de se faire dépister» de toutes les manières qui existent (hôpital, laboratoire, chez le médecin, avec l’autotest…). «Car 15 % des personnes contaminées au Luxembourg ignorent qu’elles sont séropositives. Or il est important de le savoir le plus tôt possible pour mieux être soigné et éviter de contaminer d’autres personnes.»

Audrey Libiez

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