La Patiente Vertriedung, association de défense des patients, a été contactée près de 1 500 fois l’an passé. Les patients en demandent davantage. Explication.
La Patiente Vertriedung, l’association de défense des patients, est aussi sollicitée pour enregistrer des plaintes liées à la pandémie. Si son président, René Pizzaferri, souligne qu’aucune question concernant les vaccins n’a été posée, en revanche ils sont quelques-uns à s’être plaints des exigences de certains médecins.
En effet, l’association avait dû intervenir en octobre auprès du ministère de la Santé, car certains médecins exigeaient un test Covid négatif avant de recevoir les patients en consultation. La Patiente Vertriedung rappelle qu’un test négatif peut seulement être demandé si la personne présente des symptômes de Covid-19 ou s’il y a un sérieux soupçon que le patient est infecté. La Patiente Vertriedung a fait appel à la cellule de crise du ministère de la Santé pour qu’elle rappelle aux médecins que «la première priorité doit être celle d’aider les patients».
Mardi, avec un retard sur le calendrier en rapport avec la situation sanitaire, l’association de défense des patients a livré son rapport annuel 2019 qui montre une croissance des demandes d’explications par rapport à la facturation des actes, aux détails de remboursement et prises en charge par les caisses de maladie ainsi qu’à la prise en charge des convenances personnelles, comme le détaille l’association.
Elle a également constaté une croissance des demandes d’explications concernant les traitements dentaires et orthodontiques et les modalités de prise en charge de ces traitements. Un autre volet qui a connu une croissance des demandes d’explications est celui des droits des patients, comme par exemple le droit d’accès au dossier patient ainsi qu’aux différentes pièces de ce dossier.
«L’attitude des patients envers le secteur médical est en train de changer. Les patients désirent de plus en plus être informés sur leurs droits et devoirs afin d’être considérés comme partenaires à part entière dans la relation thérapeutique», explique René Pizzaferri. L’association veut justement valoriser la participation des patients à travers le concept de «patient empowerment». Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), qui plaide en faveur de ce processus éducatif, il vise à aider le patient et son entourage à comprendre la maladie et le traitement, à mieux coopérer avec les soignants et à maintenir ou à améliorer sa qualité de vie. La mission de la Patiente Vertriedung consiste, selon elle, «à valoriser la participation des patients aux politiques de santé pour leur permettre de devenir acteur à part entière de leur santé».
Liste blanche
L’association de défense des patients réclame toujours l’instauration d’une «liste blanche», l’équivalent de la «weisse Liste» allemande. En effet, le gouvernement allemand exige que tous les hôpitaux publient des données sur la qualité des services qu’ils offrent et qu’ils les mettent à la disposition des patients. «Cette mesure permet au patient de pouvoir choisir l’hôpital le plus apte à lui fournir le traitement dont il a besoin, de connaître la qualité des soins par le personnel soignant, etc.», explique le président. Ce ne sont pas seulement les patients mais également leur médecin généraliste qui est mieux informé et capable de choisir l’établissement de santé le plus approprié.
«Il n’y a pas de projet dans ce sens pour l’instant du côté des politiques. Quand on publie l’activité, il y a une compétition entre hôpitaux qui se met en place pour savoir qui est le meilleur. Cela reste un contrôle de qualité pour nous», insiste René Pizzaferri.
Il reste encore de grands chantiers pour l’association, qui veut se concentrer sur l’amélioration de l’information du patient dans le domaine de la sécurité sociale et en matière de soins de santé transfrontaliers. Elle compte aussi rester active et défendre le développement et l’installation d’une plateforme psychiatrique, comme le rappelle Michèle Wennmacher, la directrice de la Patiente Vertriedung et psychologue de formation qui regrette fortement que rien de sérieux ne soit entrepris dans ce domaine. Récemment, la Société luxembourgeoise de psychiatrie, pédopsychiatrie et psychothérapie (SLPPP) a alerté sur la pénurie de plus en plus inquiétante de médecins spécialistes dans le secteur au Grand-Duché.
De manière générale, l’association, qui reste très active, entend se préoccuper de tout sujet ou problème mis en évidence par les patients ou tout autre intervenant dans le domaine de la santé ou de la sécurité sociale.
Geneviève Montaigu