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L’inquiétante hécatombe des insectes… au Luxembourg aussi!


Josy Cungs, expert de la faune et de la flore du pays minier, constate une régression des espaces de vie adaptés aux insectes (Photo : Romain Van Dyck).

La disparition des insectes est une hécatombe silencieuse en Europe, comme l’a récemment déploré Nicolas Hulot : 80% des insectes auraient disparu. Le Luxembourg n’est pas épargné par le phénomène. Le Dudelangeois Josy Cungs, expert en la matière, nous livre son constat depuis ses Terres-Rouges du pays minier.

En quelques décennies à peine, Dudelange a bien changé. Comme tant de communes luxembourgeoises, direz-vous. Mais pour Josy Cungs, la métamorphose de sa ville natale n’est pas synonyme de progrès. C’est plutôt un crève-cœur.
«Qu’est-ce qui a changé à Dudelange? Oh là là, beaucoup de choses, soupire-t-il. C’est très négatif, très grave. Avec la construction de l’autoroute, des nouveaux immeubles un peu partout, on a détruit énormément de biotopes. Des champs, des prairies extensives, des pelouses sèches, des zones humides, des microclimats ont disparu», regrette ce retraité, qui s’est passionné toute sa vie pour les milieux naturels.
Pourtant, Dudelange a encore un aspect bucolique, non? «Les gens ont l’impression que c’est vert, donc tout va bien. Mais ce n’est plus naturel, il y a les engrais, les pesticides… Et ce n’est pas seulement le problème des agriculteurs, tout le monde en utilise. Les rayons de supermarché en sont remplis. Les gens ne se rendent pas compte que ça empoisonne tout.»

Le Dudelangeois Josy Cungs alerte sur la disparition des insectes, notamment des papillons (Photo : Hervé Montaigu).

Le Dudelangeois Josy Cungs alerte sur la disparition des insectes, notamment des papillons (Photo : Hervé Montaigu).

Un site multimodal un peu trop éblouissant
Et la pollution lumineuse? «Quelle catastrophe! Surtout depuis qu’ils construisent le site multimodal (de Bettembourg-Dudelange). Parce que ça éclaire beaucoup le ciel durant la nuit. Je ne vois pratiquement plus les étoiles, comme avant.»
Or il n’est pas le seul à se plaindre de ce changement. De charmants insectes, symboles de nos campagnes fleuries, sont aussi affectés par cette pollution lumineuse : «C’est terrible pour les papillons, ils ne peuvent plus se repérer la nuit, trouver leurs partenaires, les plantes… Car ils s’orientent à la lune et aux étoiles. Et s’il y a des lumières artificielles, ça les irrite et ils sont désorientés.»
Et pour ne pas arranger leurs affaires, les lampadaires et autres lumières nocturnes n’attirent pas que les papillons : «Cela attire aussi les chauves-souris, qui n’ont plus qu’à attendre que les insectes viennent pour faire leur festin.»
Pourquoi cette fascination pour les insectes, en particulier les papillons? «Je suis né dans une ferme. Ce qui a l’avantage de vous mettre en contact avec la nature, qui m’a toujours passionné. J’ai commencé à étudier les espèces de papillons en 1972, pour les protéger. Et je ne me suis jamais arrêté.»

«Chaque insecte a un rôle»
Aujourd’hui, Josy Cungs peut se targuer d’être l’auteur d’une littérature scientifique sans pareille au Luxembourg, avec plusieurs ouvrages de référence sur les insectes, en particulier sur ceux que l’on trouve dans le bassin minier, au sud du pays.
Hélas, comme pour la plupart des Luxembourgeois qui ont gardé un contact avec la nature, il est inquiet : «Je sais, c’est pessimiste, mais au Luxembourg, on détruit trop et trop vite. Je le vois sur le terrain toute l’année, et vivre avec ça, parfois, c’est dur, il y a des jours, c’est vraiment triste.»
Imaginons le pire : les papillons disparaissent. Que se passerait-il? «D’abord, je regrette de vous dire qu’on en prend la direction. Mais s’ils disparaissent, les gens, au début, ne remarqueront rien. Car les insectes ne sont généralement pas aimés, on pense aux puces, moustiques, mouches… Pourtant, chaque insecte a un rôle. Ils sont la base de tout : de la pollinisation, de la chaîne alimentaire… Leur disparition est une bombe à retardement», prévient-il. Mais qui entend encore son funèbre tic-tac dans notre environnement bétonné?

Romain Van Dyck.

«Il est encore possible d’en sauver» : chiffre et analyse dans notre édition papier de ce jeudi.

Un commentaire

  1. Habitante du Sud

    Comment faire comprendre à tout un chaqu’un qu’il faut respecter la nature ??

    Les gens vivent à 1000 à l’heure, ils ne pensent qu’aux $$$, au matériel, il faut se remettre en question et protéger les espèces vivantes.

    Esperons que beaucoup de Dudelangeois/Dudelangeoises soit réceptifs/ves et prennent conscience avant qu’il ne soit trop tard.

    Sans quoi, ils/elles seront d’office forcé(e)s à respecter la nature, qu’ils le veillent ou non.

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