Les assureurs ont présenté lundi une nouvelle option permettant de couvrir les dégâts liés aux inondations. Moins d’un an après celles, très violentes, dues à l’Ernz, un vide juridique est ainsi comblé.
C’était le vendredi 22 juillet dernier, en soirée. Des trombes d’eau s’abattent sur la région et les rivières se mettent à gonfler dangereusement. Il n’y a alors rien à faire pour contrer la puissance des énormes volumes que ne peuvent plus contenir les lits de l’Alzette ou de l’Ernz, par exemple. Un pont est emporté entre Bettendorf et Eppeldorf, le bitume de chemins ruraux est tout bonnement arraché, des maisons subissent l’agression de véritables torrents qui saccagent nombre de véhicules (y compris, parfois, des machines agricoles)… Et tout cela pour se faire entendre dire, une fois la décrue amorcée, que les dégâts causés par les inondations ne font pas partie des risques couverts par les assurances. Si le moral des victimes n’a pas été complètement douché par les éléments naturels, la paperasserie porte alors le coup fatal.
Devant une situation ubuesque justifiée par le règlement grand-ducal qui détaille les activités des assureurs, les pouvoirs publics ont réagi. Des aides ont été accordées aux ménages les plus défavorisés et «le gouvernement a approché les banques pour qu’elles octroient des prêts à taux zéro», précise le ministre des Finances, Pierre Gramegna. Les assureurs, malgré tout, ont fait preuve de souplesse en prenant en compte le caractère exceptionnel de la situation. «Six millions d’euros ont été alloués dans le cadre de la catastrophe, souligne Marie-Hélène Massard, présidente de l’Association des compagnies d’assurances et de réassurances (ACA). Les remboursements étaient automatiques pour les voitures assurées en casco, par exemple, et nous avons également fait passer des aides sous le critère de dégâts électriques.»
Une carte pour définir les zones à risque
L’État a finalement interpellé l’ACA pour que, enfin, la couverture contre les périls naturels soit complète. Celle-ci couvrait tempêtes en tout genre et tremblements de terre, il était temps qu’elle intègre les inondations. Les assureurs et le ministre ont indiqué hier que la chose était désormais entendue et que les particuliers pourraient y souscrire dès le 1er juin. «Nous nous réjouissons qu’une solution de droit privé ait été trouvée aussi rapidement, a approuvé Pierre Gramegna. Il aura fallu moins d’un an pour que notre demande aboutisse.»
Concrètement, toutes les assurances présentes dans le pays (Allianz, Axa, La Bâloise, Foyer, Lalux) vont proposer à leurs clients une couverture optionnelle du risque d’inondation à partir du 1er juin. Tout un chacun pourra y souscrire. Pour ce faire, les assureurs ont divisé le pays en deux. D’un côté, les zones inondables lors de crues décennales, de l’autre, le reste du pays, ce qui représente 99% de la population. Ce découpage n’a pas été établi par les compagnies d’assurances, mais par l’État. Il peut être consulté sur le site geoportail.lu.
«Le 1% des habitants des zones à risque pourra se faire indemniser à hauteur de 20 000 euros par an et par sinistre, bâtiment et contenu confondus, détaille Marie-Hélène Massard. Pour les autres, l’indemnité annuelle passe à 200 000 euros.» Et que coûtera cette option ? «Chaque assureur est libre d’appliquer les prix et les critères qu’il entend, mais l’ensemble de la profession s’est mis d’accord pour que la fourchette soit accessible à tous. Cette couverture n’excédera donc pas 15 à 20% du montant de la prime pour l’assurance habitation», précise-t-elle.
Un vide juridique aussi étonnant que problématique sera ainsi comblé le 1er juin. «Pour les habitants des zones à risque, il est rassurant de savoir que les conditions d’indemnisation sont claires désormais», estime Marie-Hélène Massard.
Erwan Nonet