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Le vitrail en verre et contre tout à l’atelier Bauer de Mondorf


De génération en génération, la passion pour cet artisanat d’art se transmet dans la famille Bauer qui a vu évoluer le métier de vitrier d’art.

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Le père, Bernard Bauer, et la fille, Sandrine Bauer, travaillent main dans la main au sein de l’entreprise familiale. (Photos : Fabrizio Pizzolante)

L’atelier Linster, c’était une histoire de famille. Le père, Pierre Linster, monte sa société en 1891 à Mondorf-les-Bains. C’est le premier atelier de vitraux d’art au Grand-Duché. Il reçoit de nombreuses récompenses pour ses talents, notamment lors de l’Exposition universelle de Paris en 1900 et aussi à Lille en 1902. Ses fils reprennent ensuite l’affaire. À la mort du dernier, aucun héritier ne peut prendre la relève.

L’atelier est vendu aux enchères et c’est Bernard Bauer qui l’achète le 1er avril 1974. Une seconde histoire de famille commence alors. Si le passionné, qui devrait déjà être en retraite, arpente toujours et encore l’atelier en blouse de travail et béret vissé sur le crâne, c’est qu’il aime travailler avec son équipe dont l’une de ses deux filles, Sandrine, fait partie. Comme tous les membres de l’équipe de cinq personnes, elle touche à tout.

« La relève est là ! », lance Bernard Bauer en montrant son petit-fils du doigt, Louis. Ce dernier, du haut de ses 6 ans, s’adonne déjà à l’art du vitrail. Il court vite dans « son atelier » chercher sa dernière création. Un assemblage de lames de verre bleu, ponctué d’une lame jaune, le tout relié par du scotch. L’idée est là, bien qu’évidemment, on est loin des prouesses techniques réalisées dans l’atelier. Le vitrail commande presque le mode de vie de la famille. Les appartements des membres de la famille jouxtent l’atelier, et les vitraux sont partout, dans l’ascenseur, au plafond de la cage d’escalier, dans les appartements. Des œuvres modernes et lumineuses.

Aujourd’hui, les vitraux peuvent être doublés, triplés, c’est-à-dire protégés entre deux lames de verre. « Nous avons même déjà fait des vitraux blindés », sourit Bernard Bauer. Les premiers doubles vitrages sur des vitraux anciens installés par la société se trouvent à l’église de Hollerich à Luxembourg. « Trente-cinq ans après leur pose, nous avons démonté les verres pour voir l’état des vitraux. Et ils n’ont pas bougé! En plus d’isoler, le double vitrage protège les vitraux contre les intempéries, la pollution et l’humidité. » Sachant que, sans cette protection, un vitrail peut tenir mille ans, ces vitraux protégés ont un bel avenir !

> « Travailler dur et toucher à tout »

« Dès mon plus jeune âge, j’aimais faire des dessins, jouer avec les couleurs et le verre. » L’homme, originaire de Remich, a trouvé un métier qui rassemblait tout cela. Il a également eu la chance que ses parents l’aient poussé dans cette voie. Il a appris le métier « de vitrier d’art, maître verrier ou maître peintre » dans les années 60. Pour faire son apprentissage en 1963, il désire venir chez les frères Linster, mais ces derniers sont trop vieux et ne veulent plus prendre le temps de transmettre leur savoir.

Ce sera donc Gustave Zanter, à Luxembourg, qui va le former : « C’était l’un des meilleurs vitraillistes. Il était plus jeune que les frères Linster et avait une plus grande palette dans les métiers d’art et dans les techniques de vitraux, par exemple les vitraux sur les façades, ou le vitrail coulé dans le béton. » Ainsi, il découvre notamment le « vitrail fusing » (verres fusionnés) dont les premiers au Grand-Duché sont installés à l’église Metzerlach de Soleuvre. Finalement, grâce à son beau-père, également vitrailliste (il travaille en outre avec son beau-frère), il réussit à entrer dans la maison Linster, jusqu’à racheter l’affaire.

Aujourd’hui, il continue de vivre sa passion, notamment à travers son équipe, qui compte trois maîtres verriers, à laquelle il est attaché. Il lui apporte son expérience. « Ici, on est une petite équipe. Il faut travailler dur et toucher à tout. C’est physique. »

Sa plus grande fierté : la rénovation de vitraux dans la cathédrale Notre-Dame à Luxembourg, « le plus important défi de ma carrière, 150 m2 de vitraux restaurés dans la nef, côté droit ». L’opération a été réalisée en douze mois.

Si les plus gros clients de l’atelier sont essentiellement les collectivités publiques, pour des églises, des fontaines (comme à Mondorf-les-Bains) ou encore des écoles, l’équipe n’entend pas négliger les clients privés. Parmi lesquels on retrouve un certain Henri et son épouse, Maria Teresa. Les vitraux avec les armoiries du Grand-Duc sont au château de Colmar-Berg.

L’atelier crée ses pièces en collaboration avec des architectes, des artistes ou même des particuliers, s’ils ont de l’imagination. Les artisans ont, par exemple, introduit une véritable météorite dans les vitraux d’une porte d’entrée sur lesquels le système solaire est représenté. Le genre de défis que les membres de l’atelier aiment relever. La passion n’a pas de limites.

De notre journaliste Audrey Libiez

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