La régate de voile European Schools’ Cup, organisée en Croatie depuis le Findel, avait démarré sous les meilleurs auspices, mais le Covid s’est invité dans la compétition.
Des cas de Covid se sont déclarés dans la compétition de voile luxembourgeoise European Schools’ Cup organisée début avril en Croatie. Alors que certains participants s’indignent de la gestion des évènements, l’organisation évoque des dénonciations calomnieuses. Preuve que le Covid est un virus fourbe et imprévisible, lequel a fait terminer l’aventure nautique en queue de poisson.
Car l’évènement s’annonçait comme une compétition aussi bien sportive qu’idyllique : quelque 200 enfants et accompagnateurs venus du Grand-Duché s’apprêtaient à prendre une grande bouffée d’air frais du côté de l’Adriatique. C’est ce qu’expliquent d’ailleurs les skippers Valérie Allart et Pierre Van Wambeke : «Tout était prévu avant le départ, le pire scénario avait été envisagé, des solutions avaient été convenues, mais encore fallait-il s’y tenir.»
En amont de la compétition, les participants avaient été testés négatifs 48 heures avant l’enregistrement au Findel. Nous sommes le samedi 3 avril et un charter doit emmener les participants à Zadar, en Croatie, pour une semaine. Pierre Van Wambeke souligne que dans la marina croate de Biograd Na Moru «les mesures sanitaires sont respectées. Les contacts avec la population locale sont réduits au strict minimum.» Une fois sur les bateaux, les équipages enlèvent leurs masques, car ils sont dans l’expectative de vivre quasi confinés, entre eux. Chacun se sent en sécurité, puisque testé négatif.
Mais le mercredi, une annonce faite à la VHF (radio de haute fréquence) par le bateau Comité à l’ensemble de la flotte «attire l’attention des skippers», relate Pierre Van Wambeke. Le bateau organisateur gère avec difficulté une course, informant que l’organisatrice est malade, enfermée dans sa cabine. De quoi déconcerter les skippers qui savent qu’elle ne délègue pas le contrôle de son évènement à d’autres.
Une rumeur fait état de trois personnes positives
Ceci dit, la régate se termine le jeudi avec la remise des prix et l’heure est au bonheur. L’organisatrice est bien présente, mais serait apparue sans masque et fatiguée. Une telle organisation demande beaucoup d’efforts, en concluent certains participants. Le vendredi matin, tout le monde retourne au port de départ, car il faut passer des tests antigéniques rapides, sésames pour embarquer dans l’avion le lendemain.
La rumeur enfle rapidement : plusieurs personnes sont testées positives. Certains participants s’inquiètent, d’autant plus qu’aucune information n’est donnée : et s’ils avaient été cas contacts durant le séjour? Les trois personnes concernées sont alors connues : il s’agit d’un adolescent et de deux adultes, dont l’organisatrice.
Face à cette situation, plusieurs skippers appellent l’organisatrice vers 23 h pour savoir ce qu’elle a prévu pour les personnes positives. «La conversation, au départ amicale, va tourner au fiasco», selon Valérie. Si le climat n’est pas encore aux soupçons de contamination tous azimuts, l’ambiance se tend et l’organisatrice est alors invitée (de même que les deux autres personnes testées positives) à ne pas emprunter le bus ni l’avion car, justement, «le risque de contagion y est trop grand pour tous les participants, enfants et accompagnants», justifie Pierre Van Wambeke. «Ce n’est pas parce qu’un test antigénique est positif que je suis contagieuse, m’a affirmé un médecin infectiologue», affirme de son côté, selon les skippers, l’organisatrice, qui rétorque, avant de raccrocher : «Je verrai demain matin, de toute façon, ils ne contrôlent pas les tests à l’aéroport.»
Pour les skippers, c’est l’incompréhension totale : «Comment peut-elle nous affirmer cela alors qu’elle a développé des symptômes qui l’ont clouée au lit deux jours auparavant et que nous sommes tous partis de Luxembourg avec des tests négatifs?»
Pour Ron Dickie, pilote à Cargolux et plus tard déclaré positif après des tests auprès de sa compagnie, la chose est claire : «Organiser une régate avec autant de participants en pleine pandémie est tout bonnement irresponsable», indique celui qui aura été mis en isolement par son employeur.
Un autre participant, skipper du bateau organisateur, Philippe Dippinger, tiendra des propos sensiblement similaires : «J’ai d’ailleurs refusé de prendre part à la régate suivante, la Siggy’s Cup.» Pour l’organisatrice de la manifestation via l’ASBL Sailing Passion, le fait qu’elle aurait pu contaminer la moindre personne durant le séjour relève purement et simplement de la «dénonciation calomnieuse», dit-elle au Quotidien. Elle ajoute : «J’ai dû organiser les tests et il était important qu’ils soient respectés… ils l’ont d’ailleurs tous été. Et au départ, il y avait un certain délai pour les faire. De plus, tous les tests se sont avérés négatifs au départ de Luxembourg. Il faut aussi savoir qu’un traçage est fait au niveau national comme dans tous les pays, c’est tracé au niveau des autorités sanitaires.» (lire également encadré)
Un sentiment d’abandon
Le 10 avril au matin, à l’heure de quitter le port des Balkans, alors que l’organisatrice a disparu, un comité de skippers décide d’informer tous les responsables d’équipage de la situation. Une distribution de masques FFP2 aux cas contacts directs du bateau de l’adolescent contaminé et aux derniers membres encore présents du bateau Comité est organisée : «Nous les confinons dans un bus, seuls, pour le trajet jusqu’à l’aéroport, nous leur demandons d’attendre à l’extérieur de l’aéroport pendant que le reste du groupe fait le check-in, et nous décidons de leur attribuer les places à l’arrière de l’avion», relate-t-il. «Tout ceci dans le but d’éviter au maximum le brassage avec les autres et une potentielle contamination de groupe.»
Mais jusqu’à ce que les portes de l’avion se referment, personne ne sait ce que sont devenues les trois personnes positives. Or il apparaîtrait que l’organisatrice et les deux autres personnes positives ne sont pas restées en quarantaine sur le lieu de découverte de leur positivité (c’est-à-dire en Croatie), mais sont rentrées directement au Luxembourg en voiture de location le dimanche 11 avril.
Pour Valérie et Pierre, c’est un sentiment d’abandon qui domine. S’ils insistent sur le fait de ne pas vouloir s’acharner spécifiquement sur la personne de l’organisatrice, ils décrient la gestion qui a été faite, notamment parce que les enfants sont allés à l’école en attendant une communication officielle de l’organisation aux autorités sanitaires luxembourgeoises. Selon les sources de Valérie et Pierre, au moins douze personnes ont été testées positives dans les quelques jours qui ont suivi le retour, pour certains avec des conséquences fâcheuses sur leur santé et une contamination de leur famille (mari, femme, parents, enfants).
Claude Damiani
«Des dénonciations calomnieuses», selon l'organisatrice
L’organisatrice de la régate, interrogée par nos soins, réfute toutes les «accusations portées contre (sa) personne, qui sont des dénonciations calomnieuses». En outre, elle explique que toutes les précautions et mesures sanitaires adéquates ont été prises du début à la fin du voyage.
Et de poursuivre : «Me concernant, j’ai demandé aux autorités sanitaires l’autorisation de me rendre dans ma famille en France, où je suis restée confinée, après avoir quitté la Croatie en voiture de location, en compagnie des deux autres personnes testées positives. Je pense que les personnes qui prennent le Covid à la légère n’ont pas eu de proches atteints, car on parle ici de la santé de personnes, enfants inclus. Si j’avais été positive au départ et que j’avais passé une semaine à côtoyer 200 personnes, croyez-vous vraiment que seules trois personnes, en tout, auraient été positives? On dénonce des faits qui ont une connotation pénale extrêmement claire et affirmée et qui ne reposent sur aucun élément probant. On a un principe de base dans l’association Sailing Passion, à savoir que les parents nous confient ce qu’ils ont de plus cher.»
La première communication faite par l’organisatrice aux participants est un mail, envoyé deux semaines après le retour. Il dit entre autres : «Pour ceux qui n’en auraient pas encore été informés, le second organisateur et l’adolescent qui avaient été testés positifs en Croatie ont été retestés négatifs au Luxembourg. Quant à moi, devant rester strictement confinée, mais ayant la Siggy’s Cup à préparer, ce qui est particulièrement chronophage, les autorités sanitaires m’ont autorisée à me confiner dans ma famille en France (…). J’ai eu le grand plaisir d’être testée négatif, il y a maintenant plus d’une semaine (…). À titre personnel, j’ai eu à déplorer le comportement de certains lors du retour, suite à l’information donnée sur les trois cas de Covid, un affolement outrancier aurait pu préjudicier à l’ensemble des participants. En cas de difficulté ponctuelle, le maître-mot est gérer avec sang-froid et non s’affoler et affoler. Naviguer avec des adolescents présuppose la gestion sécure de situations inattendues, ceux ayant fait la démonstration contraire ne participeront plus à cette aventure commune.»
Et retrouvailles en 2022, merci encore.
Organisation pile-poil comme d’habitude depuis des années, on a su que Pierre et Valérie savaient qu’ils ne seraient pas réinvités ensuite d’un incident durant la School’s Cup, stupide et consternante vengeance, Ariane on t’adore !!!