Accueil | Luxembourg | Esch : mauvaise réputation, bientôt la fin ?

Esch : mauvaise réputation, bientôt la fin ?


La ministre veut renforcer la présence policière dans les rues de la deuxième ville du pays pour y faire baisser les chiffres de la délinquance (Photo Isabella Finzi / montage : Le Quotidien).

La ministre de la Justice promet des moyens supplémentaires pour lutter contre la mauvaise réputation de la Métropole du fer et la sentiment d’insécurité qui y règne.

Esch-sur-Alzette est-elle aussi dangereuse qu’on le dit ou la croit-on dangereuse à tort ? Le fait est que la Métropole du fer traîne une très mauvaise réputation depuis des années. La ville ne serait pas fréquentable et grouillerait de personnages peu fréquentables. Cette réputation balaye toutes les tentatives de la municipalité pour rendre la ville plus fréquentable et lui donner une autre identité que celle de «Chicago» luxembourgeois. Dernière tentative en date : Esch2022, qui doit faire de la ville la capitale européenne de la culture.

«Perception de sécurité lamentable»

Pourtant, selon le député pirate Marc Goergen, Esch-sur-Alzette serait plus connue pour ses faits divers que pour ses artistes : «Il ne faut pas interroger grand monde pour s’apercevoir que la perception de sécurité des Eschois est lamentable. Le nombre d’infractions est tellement élevé que la police n’arrive plus à suivre.» Les habitants auraient baissé les bras et renoncé à prévenir la police après la commission d’un délit.

Le portrait dressé par Marc Goergen est sombre et n’aide pas à améliorer la réputation de la ville et le sentiment de sécurité qui y règne. Il s’est adressé à la ministre de la Justice, Sam Tanson, par le biais d’une question parlementaire pour savoir si les autorités avaient conscience de ce constat. «Un certain nombre de facteurs, comme par exemple la densité démographique, la composition de la population, la situation géographique ou le sentiment d’insécurité, ne permettent pas de comparer entre eux les chiffres des différentes communes», répond la ministre. «Il n’y a donc pas pour le moment d’indicateurs permettant de conclure que la criminalité ne serait pas sous contrôle à Esch-sur-Alzette. Et ce, d’autant plus qu’à la vue des chiffres de la délinquance, la tendance serait à la stabilité.»

La police collabore avec les autorités locales

Dans son rapport annuel de l’année 2018, la police grand-ducale notait que «la délinquance en 2018 reste relativement constante au Luxembourg par rapport à l’année dernière. Le nombre des affaires traitées a légèrement augmenté de 1,5 % par rapport à 2017. La criminalité reste marquée par les infractions contre les biens : les vols liés aux véhicules sont en nette progression et les cambriolages dans les habitations augmentent légèrement. Les infractions contre les personnes sont en régression. Les affaires de stupéfiants, pour lesquelles la police s’autosaisit, augmentent.»

Les chiffres donnés par la ministre concernant la ville d’Esch-sur-Alzette reflètent ces tendances dessinés par la police. Ainsi, en 2018, il y a eu 1 226 «vols liés aux véhicules et autres», contre 1 103 en 2017, 977 en 2016 et 1 118 en 2013. L’an passé, 362 actes de violence envers des personnes ont été signalés, contre 353 en 2017, 409 en 2016 et 442 en 2013. En ce qui concerne les affaires de drogue, 302 étaient répertoriées en 2018, 317 en 2017, 405 en 2016 et 218 en 2013 à Esch-sur-Alzette.

Deuxième ville du pays, Esch-sur-Alzette se place en deuxième position derrière la capitale selon les chiffres fournis par la police à Sam Tanson, des chiffres qu’«il ne faut pas interpréter ou commenter sans avoir au préalable eu les explications d’un expert à leur sujet».

Pleinement conscientes de la situation à Esch ?

À Luxembourg, il y aurait donc eu 5 086 vols liés aux véhicules et autres, 829 cas de violences envers des personnes et 1 192 affaires de drogue l’an passé, dont 1 318 vols liés aux véhicules et autres, 211 cas de violences envers des personnes et 633 affaires de drogue l’an passé dans le seul quartier Gare. «La police suit en permanence les indicateurs objectifs de criminalité et serait en contact direct avec les autorités locales afin de se faire une idée du sentiment subjectif d’insécurité», affirme Sam Tanson. «La police peut ainsi déterminer des priorités d’action pour garantir le meilleur sentiment de sécurité possible.»
Les autorités seraient donc pleinement conscientes de la situation qui règne à Esch-sur-Alzette. «Afin de pouvoir mieux répondre aux besoins des citoyens, le gouvernement a décidé un renforcement massif des effectifs de la police, précise la ministre de la Justice. Le commissariat de la ville d’Esch-sur-Alzette obtiendra donc prochainement des renforts.»
Les prochains bilans de police témoigneront de l’efficacité de cette mesure.

Sophie Kieffer

Les chiffres de la délinquance au Grand-Duché

(Photo Isabella Finzi)

(Photo Isabella Finzi)

En 2018, 37 288 actes de délinquance ont été commis au Luxembourg, selon le rapport d’activité de la police grand-ducale, soit 567 de plus qu’en 2017 (1,5 %), malgré une baisse du taux de criminalité. 6 217 faits pour 100 000 habitants ont été enregistrés en 2017, contre 6 194 l’an passé. Soit une baisse de 0,4 %.
Les «infractions contre les biens» sont les délits les plus commis. Avec 61,45 %, ils représentent la majorité des affaires et dépassent largement les autres catégories. Ces délits ont augmenté de 2,67 % en un an, mais restent en pourcentage par rapport aux autres infractions quasiment au même niveau qu’en 2017 (60,78 %). La majorité d’entre eux sont des vols.

«Infractions contre les personnes»

La catégorie des «infractions contre les personnes» (19,87 %) regroupe les violences envers les personnes, les atteintes aux mœurs et autres infractions contre les personnes. Le nombre d’infractions a diminué légèrement de 159 infractions, soit -2,1 % par rapport à 2017.
La catégorie «divers» représente 18,68 % de la criminalité. Elle regroupe toutes les infractions non répertoriées dans les deux grandes catégories. Plus de la moitié (57,9 %) de ces affaires sont des infractions constatées pour stupéfiants et ivresse publique. Par rapport à 2017, cette catégorie «divers» a connu une légère hausse de 130 faits, soit +1,9 %. Elle reprend aussi les infractions contre certaines lois spéciales et règlements communaux, telles que les infractions contre l’environnement, le contrôle des vivres, les lois en matière d’hébergement, entre autres.

Un commentaire