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Esch : le «Chiche !» n’est pas seulement un restaurant


«On devait ouvrir dans le courant du mois de mars, rappelle Marianne Donven. Mais avec la crise, les travaux ont été retardés. Aujourd'hui, on est prêts à ouvrir.» (Photo : Julien Garroy).

Après avoir séduit bon nombre de résidents de la capitale, le Chiche! fait des petits en ouvrant aujourd’hui un deuxième restaurant dans la Métropole du fer cette fois. Visite guidée.

«Bonjour, il est déjà possible de réserver ?» C’est un futur client qui fait son entrée au 125, rue de l’Alzette à Esch-sur-Alzette vendredi dernier peu avant 12 h. «Oui, bien sûr», répond Marianne Donven avant de rappeler que le Chiche! eschois n’ouvre ses portes qu’«à partir de lundi (NDLR : aujourd’hui)». L’homme a bien compris et réservé une table pour quatre pour demain soir. «On a ouvert les réservations en ligne hier soir (NDLR : jeudi) et il y en a déjà quelques-unes, c’est bien, enchaîne l’une des associés du Chiche! alors que le menuisier opère quelques finitions. Comme toujours, il reste encore quelques petites choses à faire. On va continuer de travailler tout au long du week-end. On sera prêts lundi pour l’ouverture» du deuxième Chiche! du pays.

Plutôt tentant, non ? (Photo : Isabella Finzi).

Plutôt tentant, non ? (Photo : Isabella Finzi).

Le premier Chiche! est né en décembre 2017 à Luxembourg dans le quartier de Hollerich avant de déménager en octobre dernier dans le quartier du Limpertsberg. Et le succès a très vite été au rendez-vous (lire ci-dessous). Et l’idée d’ouvrir un deuxième Chiche! à Esch-sur-Alzette n’est pas nouvelle, mais la concrétisation du projet a été retardée par la crise sanitaire liée au Covid-19. «On devait ouvrir dans le courant du mois de mars, rappelle Marianne Donven. Mais avec la crise, les travaux ont été retardés. Aujourd’hui, on est prêts à ouvrir.» Le décor d’abord. «Comme au Limpertsberg, le principe de base est le même, il y a beaucoup d’objets de récup’, décrit l’une des associés du Chiche!. Mais ici, le lieu est plus éclairé, il y a un côté plus artistique grâce au travail de Joëlle Daubenfeld et Sader a aussi réalisé un graffiti dans la salle. Le tout dans une ambiance très chaleureuse.» Marianne Donven poursuit en soulignant que «notre volonté est de participer au renouveau culturel d’Esch-sur-Alzette et d’être un acteur et partenaire des événements culturels eschois comme la Nuit de la culture ou encore Esch2022». Le Chiche! eschois d’une capacité de 50 couverts va dans un premier temps fonctionner avec 36 places en raison des mesures sanitaires actuelles et il y aura également quatre tables de quatre en terrasse.

Une porte d’entrée dans le monde du travail

Côté cuisine, là encore, le Chiche! eschois fera du Chiche!, c’est-à-dire de la cuisine libanaise, syrienne et du Moyen-Orient. Il y aura notamment les incontournables falafels, qui ont fait le succès du Chiche! dans la capitale ou encore les différentes grillades, les brochettes sans oublier les mezzés. «On a réduit la carte par rapport à celle du Limpertsberg, mais nos classiques sont là, confie Marianne Donven. Mais nous sommes flexibles. Nous allons découvrir les habitudes des Eschois et on s’adaptera en fonction.» Ce principe de flexibilité et d’adaptation vaut également pour les horaires d’ouverture. «Nous avons décidé d’ouvrir tous les jours sauf le dimanche. De 11 h 30 à minuit du lundi au vendredi avec la cuisine ouverte de 12 h à 14 h et 18 h à 22 h du lundi au jeudi et de 12 h à 14 h et de 18 h à 22 h 30 le vendredi. Le samedi, nous seront ouverts de 15 h à 1 h avec la cuisine de 18 h à 22 h 30. Quand la cuisine sera fermée, les gens pourront boire un verre et manger des plats froids, des mezzés ou des pâtisseries. On va voir comme cela marche et on s’adaptera en fonction.»

Et au niveau du personnel, le Chiche! eschois fera là aussi du Chiche! En effet, depuis sa naissance, le Chiche! a une vocation sociale et solidaire. Son objectif est d’offrir une porte d’entrée dans le monde du travail à ceux qui en sont éloignés comme les réfugiés et pour tous ceux pour qui le travail est la clé du déblocage d’une situation compliquée. Il y a trois ans, l’équipe du Chiche! se composait d’une dizaine de personnes, originaires de Syrie, d’Afghanistan, du Bangladesh… «Aujourd’hui, nous employons 43 personnes, dont six qui officieront à Esch-sur-Alzette, indique Marianne Donven. Il y a des réfugiés, des étudiants… Ils viennent de divers horizons et tous ensemble font le Chiche!»

Guillaume Chassaing

De Hollerich au Limpertsberg

L’histoire du Chiche! débute en décembre 2017 dans le quartier de Hollerich de la capitale, plus précisément au 99, route d’Esch à Luxembourg à l’initiative de Marianne Donven, Pitt Pirrotte, Frédérique Buck et Isabelle Dickes. Et pour se mettre derrière les fourneaux, ils choisissent Chadi. À l’époque, le Syrien alors âgé de 42 ans, arrivé au Luxembourg en 2015, avait notamment fréquenté les mois précédents le Hariko, où il avait rencontré Marianne Donven et où il avait œuvré au sein du collectif Salam Pallets Luxembourg. Depuis son arrivée au Grand-Duché, il avait aussi été le cuisinier lors de nombreuses soirées et manifestations.
En décembre 2017 lors de l’ouverture du premier restaurant Chiche!, Chadi, qui est désormais l’un des associés, confiait qu’il «ne se considère pas comme un réfugié, mais comme un citoyen du monde», et un cuisinier à part entière. Son ambition? «Au cours de ces deux dernières années, j’ai reçu beaucoup d’aide et de soutien de la part de nombreuses personnes ici. Aujourd’hui, j’ai trouvé ma place et je veux redonner en faisant ce que je fais le mieux : préparer de la nourriture délicieuse.» (lire Le Quotidien du 14 décembre 2017).
Le succès est très vite au rendez-vous. Les falafels, les mezzés, les différents combos, les grillades… séduisent beaucoup de monde. Le restaurant affiche très souvent complet et pour pouvoir y manger, il est nécessaire de réserver.

Les habitués suivent

Et octobre dernier, le Chiche! déménage pour prendre ses quartiers au Limpertsberg au 20, avenue Pasteur. Les habitués suivent et d’autres découvrent le Chiche!, ouvert tous les jours de la semaine midi et soir, le samedi uniquement le soir (fermé le dimanche). Et encore une fois, le succès est là. Les 285 places sont souvent occupées. «Nous servions environ 2 000 personnes par semaine», avance Marianne Donven. Mais la crise sanitaire liée au Covid-19 a coupé le Chiche! dans son élan. Comme tous les autres restaurants, le Chiche! a dû fermer ses portes pendant plus de deux mois avant de rouvrir le 29 mai dernier. «On va sortir de crise financièrement affecté. Et même si nous sommes encore loin de notre normalité, je suis satisfaite de notre reprise dans la situation actuelle, indique Marianne Donven. Pour respecter tous les règles sanitaires, nous sommes passés de 285 couverts à 140. Depuis la réouverture, c’est très calme pour le déjeuner, mais le soir nous faisons entre 50 et 70 couverts. On constate aussi que les gens restent plus longtemps à table, on a l’impression qu’ils savourent le moment ensemble. Cela fait plaisir à voir.»

Chiche! à Luxembourg 20, avenue Pasteur.

Pourquoi le Chiche ! ?

Petit rappel de la réponse donnée par les personnes à l’origine du projet en décembre 2017 : «Il y a plusieurs raisons. Il y a le chiche de pois chiche, le chiche qui signifie « on y va », le chiche qui veut dire brochette en arabe…» Et Chadi avait ajouté : «Quand j’étais petit, on me surnommait Abu Chiche.»

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