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Emaischen : la recette ancestrale des Péckvillercher


De toutes les tailles, de toutes les couleurs : pour tous les goûts! (photo Alain Rischard)

De 6 à 33 euros, du plus basique au plus raffiné, toute la gamme des Péckvillercher était représentée, lundi, dans la capitale. Qui de mieux placé que le président du syndicat d’initiative de Nospelt pour expliquer la recette de fabrication du petit oiseau.

« Vous dessinez un modèle dont vous faites un moule en plâtre. Puis vous pressez la terre à l’intérieur. Ensuite, vous le passez au four pendant 5 à 6  heures à une température pouvant aller jusqu’à 950  °C. À la suite de cela, vous l’émaillez et vous réalisez une deuxième cuisson à une température de 1  040-1  080  °C. » C’est Ed Kandel, le président du syndicat d’initiative de Nospelt, qui nous confie la recette des Péckvillercher qu’Alain Lehnert, à ses côtés, fabrique depuis 30 ans.

Mais alors, que font-ils à Luxembourg-Ville en ce lundi de Pâques? Pourquoi ne sont-ils à Nospelt, la ville du marché des potiers, véritable «maison mère» des traditionnels Péckvillercher luxembourgeois? « Nous sommes là jute pour la matinée pour assurer une présence. Nous retournons à Nospelt dans l’après-midi », nous rassure aussitôt Ed Kandel.

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Une chose est certaine, l’intarissable président du syndicat d’initiative de Nospelt maîtrise son sujet  : « La tradition des sifflets en terre cuite est vieille comme le monde» , assure-t-il. « Le plus ancien découvert remonte à 6  000 en Chine, nous en avons une copie au musée de la Poterie à Nospelt dont l’original est à Pékin », explique-t-il non sans un brin de fierté dans la voix. Le Luxembourg et son 190 e marché de l’Emaischen n’a donc qu’à bien se tenir.

Même si la date du premier marché de l’Emaischen reste inconnue, un document officiel de 1827 y fait allusion. Il semble que le marché ait toujours eu lieu le lundi de Pâques, date à laquelle était célébrée, en l’église Saint-Michel, une messe pour la confrérie des potiers. Ceux-ci en profitaient pour vendre leurs créations sur le parvis de l’église.

Bien sûr, l’éventail de Péckvillercher proposés était large, lundi à Luxembourg. Plus ou moins raffinés, plus ou moins peints, plus ou moins épais, avec plusieurs trous ou un seul et surtout dans une gamme de prix assez large allant de 6 euros à plus de 30 euros.

«Un oiseau qui existe au Luxembourg»

Mais dans l’absolu, comment renouveler le genre, comment ne pas tomber, année après année, dans une répétition qui semble inéluctable?

Romy Weydert, qui tient la Keramikatelier Galerie Aradia à Hesperange, a peut-être la solution  : « Depuis 1996, après réflexion, je me suis spécialisée. J’ai décidé de prendre chaque année comme modèle un oiseau qui existe au Luxembourg. Je fais le mâle et la femelle », raconte Romy Weydert. Ce qui peut poser un certain problème au fil des années… « C’est sûr que plus le temps passe, plus cela devient compliqué. Parce que maintenant, depuis 1996, tous les oiseaux les plus communs y sont passés », affirme-t-elle le sourire aux lèvres. Pour le cru 2017, c’est le bec-croisé (fichtenkreuzschnabel) qui a servi pour concevoir ses Péckvillercher.

Mais au fond, la répétition n’est-elle pas justement ce qui forge une tradition? Bien entendu, d’une année sur l’autre, les Péckvillercher se ressemblent mais est-ce vraiment si important? Les enfants seront toujours ravis de souffler dedans et de tenter de créer des mélodies. Le marché de l’Emaischen, au-delà de la vente des petits oiseaux siffleurs, sera toujours l’occasion de se retrouver en famille et entre amis pour manger une bonne currywurst sur le pouce et siroter un bon crémant luxembourgeois. Il ne reste plus qu’à souhaiter que la tradition perdure pour un nouveau bail de 190 ans.

Nicolas Klein

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