Après que les cultures des Paniers de Sandrine ont été une nouvelle fois attaquées par des sangliers, l’agricultrice-maraîchère pousse un coup de gueule et demande de l’aide.
C’est un vrai coup de gueule… Mardi dernier, sur la page Facebook «Les paniers de Sandrine», on pouvait lire ceci : «Le vase déborde. Depuis le printemps, hier et cette nuit encore les sangliers sont venus défoncer nos bandes de plantations! Après plusieurs contacts avec les chasseurs, rien ne bouge! Qu’on arrête de me dire on fera!!!!! Bougez-vous bordel! Une clôture est existante depuis les premières années, pourtant nous avons installé une protection supplémentaire électrifiée, mais rien n’y fait. C’est très difficile pour nous de voir tous ses dégâts. Des heures et des heures de travail, d’énergie, de passion labourées en quelques heures, du matériel détruit et surtout des semis et plants qui n’arriveront jamais dans vos assiettes. Aujourd’hui pas de carottes, panais, petits pois, haricots et j’en passe… car détruits en avril, peu d’aubergines car elles aussi ont souffert lors d’une visite et cela même dans un tunnel. Si rien n’est fait, je n’ose imaginer le carnage que ces satanées bestioles pourraient faire dans nos autres tunnels à tomates. Voilà humeur très morose ce matin…»
Une semaine plus tard, la colère de Sandrine Pingeon est toujours palpable : «Je me sens impuissante et un peu seule.» L’agricultrice-maraîchère de 43 ans qui exploite les 3,5 hectares situés à Munsbach depuis 2012 poursuit : «Cela dure depuis mars dernier. Les lendemains de pluie, ils viennent. Ils ne mangent pas les cultures, mais les détruisent pour trouver des vers dans la terre humide. Nous avons mis des grillages, des barbelés électrifiés, des ultrasons… Mais cela ne change rien. Ils viennent toujours. En mars, certains auraient vu les sangliers. Il y avait quatre gros et une dizaine de petits. Et en cinq mois, les petits doivent avoir bien grandi… Depuis le printemps, j’ai appelé à plusieurs reprises les trois chasseurs qui sont autorisés à chasser sur ce terrain… Mais je n’ai pas de réponse.»
«J’ai besoin d’une solution»
Et la dernière visite des sangliers dans l’exploitation «Les paniers de Sandrine» a un coût que l’agricultrice-maraîchère chiffre à «10 000 euros». «Et c’est aussi et surtout de l’eau, du travail et de l’énergie de perdus…»
Salades, carottes, concombres, tomates, panais, fleurs comestibles, poireaux, potirons, courgettes, aubergines… Depuis 2012, Sandrine Pingeon, originaire des Vosges, fait dans le bio et local. «On a quelque 400 variétés de fruits et légumes, souligne-t-elle. Par exemple, nous cultivons 52 variétés de tomates ou encore une vingtaine de carottes différentes. Et nous avons choisi de travailler sans chimie pour que les gens retrouvent le goût des choses.» Et pendant le confinement liée au Covid-19, la clientèle des paniers de Sandrine est «restée fidèle». «Même s’il y a eu des achats en grande quantité pendant cette période parce que les gens achetaient pour eux et leurs proches, la période était épuisante par rapport aux mesures à prendre et puis on a pris du retard dans les cultures à cause du confinement.»
Et maintenant, « Les paniers de Sandrine », qui emploient huit personnes, doivent faire face aux dégâts provoqués par les sangliers. «Il faut être motivé et nous le sommes. Mais là, j’ai besoin qu’on me donne un coup de main.»
Sandrine Pingeon a recontacté les trois chasseurs en charge de gérer la parcelle où se trouve son exploitation… toujours sans réponse. Elle a aussi contacté le ministère de l’Agriculture : «Ils sont en train de voir s’il y a une possibilité pour avoir une aide, mais la loi de 2011 n’intègre pas les maraîchers… On va voir.» Sandrine Pingeon conclut : «Je n’ai pas pour l’habitude de taper du poing sur la table, mais là, j’ai vraiment besoin d’une solution.»
Guillaume Chassaing