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Commerces à Luxembourg : «Ce qui est perdu, est perdu»


La braderie de Luxembourg, qui se tenait jusqu'à lundi, a eu au moins pour effet de faire revenir le client (Photo : Claude Lénert).

 Les commerçants ont la vie dure. Si la braderie n’a pas fait remonter leur chiffre d’affaires, elle a eu le mérite de ramener des clients dans leurs boutiques et de rassurer.

L’année 2020 aura été une année noire pour les commerçants de Luxembourg. Déjà fragilisés par des travaux d’urbanisme et des loyers élevés, ils ont été empêchés de travailler pendant plus de deux mois – «ceux avant l’été où on vend le mieux», selon un commerçant de la capitale – et la reprise n’aura pas été aussi bonne qu’espérée. La traditionnelle braderie qui avait lieu le week-end dernier et lundi sous une forme inédite dans les rues du centre et du quartier de la Gare, a montré aux commerçants que les Luxembourgeois étaient prêts à consommer.

«La braderie à Luxembourg est une tradition. Nous y venions en famille et puis nous allions à la Schueberfouer faire des tours de manège ou manger un plat typique des fêtes foraines», se souvient Fabienne, à la recherche d’un «beau manteau» pour l’hiver avec son mari. Pas de Fouer cette année. «Avec le virus qui traîne, je n’y serais pas allée de toute façon, poursuit-elle. Ici, sur les stands, les gens font attention. Je me sens rassurée.» Elisabeth et Clara discutent du restaurant où aller déjeuner après avoir fait le tour des stands. «Nous nous sommes rencontrées par hasard devant une boutique alors pourquoi ne pas prolonger la journée, explique une des deux amies. L’atmosphère de cette braderie paraît différente. À moins que ce soit mon imagination. Il y a toujours les bonnes affaires, des articles devant les magasins et du monde, mais je ne sais pas trop…» Maria fait défiler les cintres frénétiquement. «Je fais toujours de bonnes affaires à la braderie, oui, affirme-t-elle. Je trouve toujours des choses pas chères et comme je n’ai pas arrêté de travailler, je prends le bus et je suis obligée de vivre avec le risque du virus, je n’ai pas eu de problème à me mélanger à la foule.»

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Car foule, il y avait ces trois derniers jours dans le centre-ville de la capitale pour cette 91e braderie et la première d’un nouveau genre pas si dépaysant que cela finalement. Des gens masqués arpentaient les rues de la Ville-Haute et des distributeurs de désinfectant étaient présents sur tous les stands de rue. Des images devenues normales ces six derniers mois et des pratiques auxquelles le plus grand nombre s’est habitué. Une aubaine pour les commerçants de la capitale.

«Une affluence moins concentrée»

Certes, cette année, les stands sont moins nombreux – seuls les commerçants de la Ville sont admis – et le crémant, comme tous les autres alcools, sont proscrits, mais «nous sommes contents que la braderie ait lieu. Elle aurait pu être annulée comme beaucoup d’autres manifestations», indique la patronne d’une boutique de prêt-à-porter féminin de la rue des Capucins, avant de se replier à l’intérieur de son magasin pour échapper à une soudaine et violente averse. Un temps à porter des marinières et des cirés jaunes.

«Samedi, j’étais bien contente de ma journée. Dimanche après-midi, c’était plus calme, mais nous avons eu quelques clients, explique Carina Faidherbe, patronne de la boutique Saint James. Aujourd’hui, c’est relax, moins dense que l’année dernière. Il faut dire que la météo est moins de la partie aussi. Comme la braderie a lieu sur trois jours, l’affluence est moins concentrée.» Si Carina Faidherbe est satisfaite des ventes réalisées ces trois derniers jours, elle indique qu’elles ne suffiront pas à compenser le manque à gagner engendré par la crise liée au coronavirus. «Ce qui est perdu est perdu, dit-elle. Nous ne parviendrons pas à le compenser, même en faisant une saison d’hiver formidable. Les soldes ne permettent pas de retirer de marge pour payer les charges. Elles servent uniquement à racheter de la nouvelle marchandise.» La commerçante reste toutefois optimiste et espère passer ce mauvais cap.
D’autres boutiques à Luxembourg n’ont pas eu cette chance et ont déjà dû tirer le rideau. Dans les rues de la capitale, les rumeurs plus ou moins fondées vont bon train sur l’identité des suivantes à rejoindre Pull&Bear, Chaussures Vedette, Ladurée et consorts.

Sophie Kieffer

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